Des bornes qui dépassent

 

Par un matin pluvieux, accompagné d’un ami plus jeune, nous partons à la recherche d’une pierre bien particulière cachée dans la forêt.
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Cette borne, outre le fait qu’elle soit située en plein milieu des bois se démarque par une gravure présente sur une de ces faces. Cette gravure représente une échelle à 5 barreaux surmontée d’une crosse.

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Il s’agit de l’emblème des Abbesses de l’abbaye de Chelles.
Chelles, échelle, le jeu de mot est tentant mais  peut être s’agit il d’une allusion à la « montée au ciel sur une échelle d’or » de sainte Bathilde fondatrice de l’Abbaye aux alentours de l’an 700 ou plus vraisemblablement du symbole du droit de Haute justice que possédait l’Abbaye comme le mentionne le cartulaire de l’Abbaye.

Au Moyen-âge, le pilori était nommé également échelle patibulaire. La rue de l’Echelle à Paris doit son nom à cette pratique abolie définitivement en 1832. ( Ne pas confondre avec les fourches patibulaires qui désignaient un gibet.)
Echelle spirituelle ou de justice ? Sachant que peu de personnes savaient lire au Moyen-âge, on ne peut non plus écarter la piste du jeu de mot, échelle possédant un phonème identique à celui de l’Abbaye..
On retrouve cette échelle sur le blason de la ville de Chelles:

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Il est légitime de se poser la question si ce crosseron ne serait pas tout simplement un crochet d’attache mais une borne exposée au musée de Chelles montre bien la représentation d’une crosse épiscopale posée en oblique sur l’échelle.

A Chelles , monsieur Lucien Follet a retrouvé une petite borne gravée d’une échelle à cinq barreaux. Un trait oblique au travers de l’échelle symbolise la crosse. Enfouie dans la terre, la hauteur de cette borne est évaluée à un mètre. La section est de 40/40 cm.

Nous ignorons les raisons qui font que les figures de Chelles et celles retrouvées en périphérie de Noisy sur Ecole diffèrent quelque peu. Spécificités locales ou évolution au fil du temps ? Dans le Chellois, les montants d’échelle dépassent le dernier barreau et sont parallèles. L’orientation de l’ensemble est verticale. La gravure illustre deux objets indépendants l’un de l’autre. (Crosse et échelle)
L’emblème représenté en Gâtinais fusionne les images de la crosse et de l’échelle et l’ensemble est incliné.

Dans son histoire de l’Abbaye de Chelles de 1889, tome 2 l’abbé Torchet nous indique que Nicolas Mottet a effectué l’arpentage des pièces de l’Abbaye en 1755 et que les bornes étaient marquées d’une échelle incrustée dans la pierre.

 

 Plusieurs de ces bornes  en grès ont été retrouvées dans la périphérie de la commune de Noisy sur Ecole. Elles font généralement une hauteur hors-sol de 80 cm environ et portent le symbole gravé reprenant le dessin de l’échelle. L’emblème est systématiquement orienté vers Noisy sur Ecole.Ces échelles surmontées d’un crosseron ne sont jamais représentées droites mais toujours inclinées. Les représentations du symbole sont presque identiques sur toutes les bornes retrouvées. Les montants des échelles sont légèrement convergents et a une exception près, ces échelles comportent cinq barreaux, le dernier reliant les extrémités supérieures des montants .
Les crosses se rattachent au milieu du dernier barreau exceptées deux où la hampe se trouve dans le prolongement du montant gauche. L’ouverture du crochet est orientée vers la droite. Les figures sont inclinées majoritairement vers la gauche.
Néanmoins, elles possèdent chacune une petite originalité. Nous partons donc, appareil photo en bandoulière, pour ce jeu des mille sept bornes à la quête de leurs singularités.En premier revenons vers celle cachée dans les bois. La gravure est bien visible.

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Elle a  la particularité de comporter une partie évidée à son sommet dont la l’utilité nous échappe.
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Sortons des bois et rendons nous au Vaudoué.
Devant la Poste, 2 bornes délimitent, tout en l’agrémentant l’esplanade.

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 Sur chacune d’elles nous retrouvons l’échelle gravée.

Une borne porte en plus la date 1730 sur une autre face.

 

Quittons la vallée pour le plateau en direction de Tousson.
Parmi des gravas de pierres provenant d’une démolition des membres des A.A.F.F. eurent la bonne surprise de découvrir un bloc gravé. Afin d’assurer sa préservation celui-ci est mis en valeur dans la cour d’une ferme, ancien chef lieu de  la seigneurie de Noisy propriété des Abbesses de Chelles.

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Cette borne  en plus de l’échelle possède d’un T (pour Tousson ?)  gravé sur la face exposée vers Tousson. Ce T vient peut être du bornage suite au démantèlement des possessions de l’Abbaye après la Révolution.

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Afin d’éviter tout risque je ne donnerai pas d’indication géographique concernant la suivante. Laissons-la tranquillement cachée dans les hautes herbes à l’abri d’éventuels voleurs. Un T est également visible sur une de ses faces.borne13

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La visite suivante nous amène au menhir dit de la Pierre aux Prêtres sur la commune de Tousson.
(Ne pas confondre avec celui de la pierre saint Jacques) Dés le moyen âge ce menhir est connu comme borne repère. Elle fut répertoriée comme menhir en 1911.

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Sur une de ses faces, le symbole bien que peu profondément gravé est bien présent. Il est orienté vers Noisy.

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 Entre Noisy sur Ecole et Oncy se trouvait le « petit menhir du Goulaye ». En fait il s’agit bien d’une de nos bornes. Pour des raisons obscures elle fut déplacée et se trouve maintenant dans la cour de l’école de Noisy. Sa spécificité  tient au fait qu’elle possède  aussi un grand cercle sur le coté opposé à celui où est gravée l’échelle. Il est probable que ce rond soit l’initiale de Oncy , la borne étant placée originalement en bordure des communes.

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Le village fantôme

 

Le département de la manche est renommé entre autres pour ses magnifiques plages de sable.

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Au plaisir des yeux s’ajoute celui de la bouche. Le faible dénivelé des rivages, associé à un marnage des plus important au monde sont favorables à l’ activité conchylicole et à la pêche à pied.

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Quand plusieurs fois par jour le beau temps s’installe, tout est en place pour profiter pleinement de la nature.

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Rien de bien fantomatique dans cette introduction ne manquera pas de noter le lecteur perspicace et pourtant… Baguenaudes a plus d’un tour dans son sac pour essayer de vous titiller la rétine.
Si l’eau peut paraître fraîche, flâner sur le rivage est un grand plaisir visuel aussi la surprise est de taille quand, une fois la dune franchie, on découvre ce spectacle improbable.

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Il ne s’agit pas là d’une ou deux constructions sauvages mais, bien d’un hameau dont  l’histoire est heureusement peu courante.

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Nous sommes à Pirou petite station balnéaire. L’emplacement au bord de la plage est idyllique. Dans les années 90, un promoteur lance le projet d’un lotissement d’environ 80 maisons. L’édification des maisons est faite alors qu’aucun réseau de viabilité n’existe. Pas de voirie ni égouts, encore moins d’eau et électricité. Les maisons sont posées sur le sable sans aucun branchement ! Bien que de nombreuses habitations soient terminées, le permis de construire est finalement refusé. Privé du soutien des banques, le promoteur fait faillite entraînant celles de nombreuses entreprises ayant participé aux constructions. Les propriétaires des maisons se retrouvent le bec dans l’eau salée. Les entrepreneurs sont venus récupérer ce qui pouvait l’être, imités par des « indélicats ». Le village, construit en béton cellulaire, s’est rapidement retrouvé à l’état de ruine malgré la surveillance de la gendarmerie chargée d’éviter le pillage;
Depuis, la mairie a racheté les parcelles mais, réhabiliter le site n’est pas une mince affaire et la situation perdure.
En attendant, le site est devenu un lieu de promenade où les graffeurs s’en donnent à cœur joie et j’avoue que contrairement aux carrières souterraines, ces manifestations rupestres ici s’accordent bien avec les lieux.
Finalement, cet ensemble complètement déstructuré et livré aux expressions artistiques non codifiées possède une allure homogène qui contribue à l’extravagance de cet endroit improbable au milieu des dunes.

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Ce village concentre une bonne partie de tout ce que je déteste habituellement: béton cellulaire au milieu de la nature, tags à tout va, déblais et pourtant, cette concentration bien circonscrite balayée par le vent du large possède une ambiance très particulière qui ne manque pas de poésie.
Soumis aux attaques des intempéries et aux plans de réhabilitation, le site est naturellement destiné à disparaître dans un avenir proche. Le Village Fantôme ainsi baptisé par les Pirouais ne sera plus qu’un souvenir illustré par quelques photos.

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La vue aérienne montre l’étendue du site. Le grand bâtiment gris en bas à gauche était un hôtel avec piscine hexagonale.

 

L’église baroque d’Asfeld

 

Nous avons déjà admiré les architectures austères d’églises romanes, été fort surpris par l’église de Crusnes toute de fer vêtue, ici, c’est la brique qui habille ce lieu du culte. Ériger le tout en briques, pourquoi ce choix ? Volonté d’économie ou rapidité d’exécution ? Je ne sais pas, mais l’aspect est spectaculaire et inattendu.
Mais la caractéristique la plus étonnante de cette église vient de sa forme où la croix, modèle habituel, a été abandonné. La ligne droite n’existe pas et pour cause, le plan de cette église serait tracé sur la forme d’une viole de Gambe, ancêtre du violoncelle, instrument fort prisé par la musique baroque.Le style baroque est né en Italie à la fin du XVIe siècle. En réponse à la réforme protestante, l’église catholique décide que l’art doit être une vitrine de la religion. L’architecture se doit alors d’impressionner par sa magnificence.
Il se dit que le terme baroque vient du portugais barroco qui désigne une perle naturelle dont les protubérances affectent la perfection. D’autres étymologies sont proposées, quoi qu’il en soit, le style baroque est souvent employé péjorativement pour désigner une opulence de détails et de surcharges décoratives.Point n’est le cas avec cette église unique située à Asfeld. Si les protubérances sont effectivement nombreuses, les courbes et volumes forment un ensemble équilibré fort surprenant.
On doit cet édifice érigé de 1681 à 1683 à Jean Jacques de Mesmes Comte d’Avaux. Il a fait appel à deux architectes : Fleury et surtout le Frère François Romain à qui on doit également le Pont Royal à Paris.
Comme d’habitude, vous pouvez vous référer à Wikipédia ( bible des sources ) pour en savoir un peu plus.

 

Place aux images. Avouez que cette église  pourvue de vieilles lucarnes et nombreuses briques n’est pas banale !

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Une vue aérienne montre bien la forme curviligne de l’édifice qui en fait un exemplaire unique en France.

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On a beau faire le tour, aucune perspective rectiligne n’est visible.

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Comme bien souvent dans l’architecture baroque, l’entrée est précédée d’un péristyle. Celui-ci est chapeauté d’une coupole oblongue soutenue par des colonnes. Ces dernières, à l’instar des colonnes grecques, sont galbées et façonnées de briques au profil convexe.

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L’intérieur de la rotonde qui domine le chœur circulaire est parcouru d’un couloir aérien muni de colonnes éclairées à contre-jour par des persiennes en demi-lune.

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Les fresques ont été rénovées en 2008 et 2009 et l’ensemble dégage une sobriété bien mise en valeur par la profusion de lumières distillées par les nombreux vitraux.

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Ce ne fut pas toujours le cas comme le montre cette ancienne carte postale !

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On termine la visite de ce surprenant édifice en regardant ce panneau sculpté où le Christ se trouve dans un cartouche reproduisant le plan de l’église.

PlanAh oui, j’oubliais, tous les deux ans , un festival de viole de gambe se déroule à Asfeld. Pas vraiment une gambille où les filles frétillent des gambettes mais plutôt des récitals de musique baroque bien entendu.


 

Les premiers soleils

 

Dreli-drelin, dans les sous bois, les clochettes tintinnabulent à tout-va pour fêter l’événement: le soleil existe bien, il est revenu !

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Attention, elles peuvent également sonner le glas ! En effet, cette fleur ne manque pas de paradoxe puisque, porteur d’une espérance de bonheur, elle est également un poison violent qui peut être létal.

Donc, on ne boit pas l’eau du vase !
Cette toxicité ne semble pas affecter ce balanin dont les larves à l’automne gâcheront notre plaisir en perçant des petits trous dans les noisettes..

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Cela fait déjà un mois que les premières floraisons de pulmonaires sont visitées par l’inévitable bombyle et l’abeille charpentière. Cette dernière, solitaire au frac noir à reflets bleu, doit son nom au fait qu’elle fore des galeries dans le bois pour y déposer ses œufs.

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Le soleil met bien en valeur les reflets des élytres de ce carabe. Attention aux projections d’acide butyrique qui peuvent irriter les yeux.

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Pas grand chose à raconter à propos des néphrotones, Laissons ces diptères à leurs ébats romantiques. Malgré la position kamasutresque, ceux-ci peuvent se dérouler en plein vol. Oserais-je écrire qu’ils s’envoient en l’air ? Hélas oui !
Passons… On reconnait la femelle en haut grâce à sa tarière de ponte.

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Au ras du sol aussi, les premières chaleurs profitent à nos petits reptiles qui pointent le nez qu’ils n’ont pas.

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Ici, c’est un joli orvet de taille respectable qui se faufile dans les feuilles mortes. Ses 50 cm me l’ont fait confondre avec une couleuvre. (Merci Christian).

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S’il nous tire la langue, ce n’est pas par incivilité ni pour vous effrayer, mais pour humer « l’air du temps ».
Ces messages chimiques captés par la langue sont ensuite analysés par un organe bien spécial que possèdent les serpents : l’organe de Jacobson.
Situé entre le cerveau et la cavité buccale, il reçoit le message sous forme de phéromones, le traduit et l’envoie au cerveau qui va déterminer s’il s’agit d’une proie ou non. (linternaute).

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C’est bien joli tout ça, mais moi aussi j’ai envie de lézarder au soleil aussi je vais refermer ce mini album photo par un gros lézard vert … qui n’est pas franchement vert…

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… puisqu’on est en présence d’un lézard ocellé. C’est le plus grand lézard d’Europe qui peut facilement dépasser les 50 cm. (Merci Cédric).

Mineurs, maîtres du barreau

 

Spécialistes de Droit Pénal, veuillez bien m’innocenter pour ce titre équivoque puisque c’est le barreau d’échelle qui est le prétexte de cet article.
Le sujet peut vous paraître bien mince, mais vous allez voir qu’on peut développer.

Bien que depuis fort longtemps en Europe la remontée du minerai ne s’effectue plus à dos d’homme, au cours des pérégrinations minières, parmi les vestiges de l’activité que l’on rencontre le plus souvent, se trouvent les échelles métalliques ou ce qu’ il en reste. (Celles en bois ont, pour la plupart, fini rongées par les mérules.)

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Comme les trémies à qui elles sont souvent associées pour leur maintenance, elles sont porteuses d’espoir de zones à découvrir pour l’explorateur. Qu’y a-t-il au bout du dernier échelon ? D’interminables galeries encombrées de berlines ou seulement, comme bien souvent, une petite chambre d’exploitation ?

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Ces échelons sont bien tentants, mais hélas, suivant le milieu, ils ont bien du mal à résister aux attaques conjuguées de l’humidité et du temps. Ce barreau par exemple est âgé d’une cinquantaine d’années et son état n’incite pas vraiment à faire confiance aux échelles du secteur.

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On peut bien sûr utiliser cette technique pour tenter d’atteindre l’éventuel nirvana qui se cache en haut de ce bure.

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Mais il est plus rationnel et prudent d’employer les méthodes de progression sur corde.

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Ces échelles, longues en moyenne de 2,50 à 3 mètres, sont parfois mises bout à bout de façon audacieuse. J’en ai vu reliées uniquement par du fil de fer. Cela n’arrêtait pas les mineurs qui empruntaient des sections parfois d’une grande hauteur.

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On imagine facilement le danger et la fatigue que procurait l’exercice.
Si à la moitié du 19e on était bien conscient de cet état de fait, ce n’est pas pour cela que les enfants en étaient dispensés.
Document de 1864 à lire

 

Quand la hauteur des puits rendait l’emploi des échelles impossible, le personnel était véhiculé dans des cuffats, sorte de tonneau suspendu à un câble ou une corde.

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http://crassier.double.monsite-orange.fr/

 

La possibilité de rupture du câble et les chutes de pierres rendaient ce moyen très périlleux. Du fait du tressage de la corde ou du câble, il était impossible d’éviter le mouvement de rotation du cuffat, car celui-ci n’était pas guidé dans le puits. L’entretien de ce moyen de transport était onéreux et d’un faible rendement à cause de sa lenteur. De plus, le transport du personnel impliquait une interruption de la remontée du minerai.

 

L’échelle mobile.
Pour obvier à ces inconvénients, un ingénieux système d’échelle dite oscillante a été créé. L’échelle, reliée à une machinerie, effectue un mouvement vertical de va-et-vient. Le mineur passe alternativement de l’échelle à des paliers fixes disposés au long de la cheminée.
Ce système permet ainsi de monter ou descendre sans effort.
Plutôt qu’une longue explication laborieuse, voici une illustration du principe:echelle-mobile

 

Inventée par H. Sarton en 1776, cette méthode n’a d’abord pas attiré l’attention, mais refit son apparition dans les années 1840 en Allemagne (Fahrkunst) et Cornouailles (man-engine).Dans le système mis en place dans la mine de Hartz, ce sont deux tiges munies de paliers qui oscillent verticalement. Le mineur passe de l’une à l’autre. Par sécurité, une échelle fixe est située entre les deux tiges mobiles.
Plan

 

En 1845 M. Warocqué en Belgique perfectionne le principe et met le système en application à la mine Mariemont. Des verticalités de plusieurs centaines de mètres ont pu être équipées.

Description avec plans.

 

L’amélioration de l’aménagement des puits avec notamment l’usage de cages guidées sonna l’abandon progressif de ces échelles mobiles.
Une démonstration au Bergwerksmuseum Grube Samson :

Jules Verne, dans son roman peu connu les Indes noires, mentionne le système des échelles oscillantes. (Page 72).
Si l’exploitation des vieilles mines vous intéresse, je vous invite à parcourir ce livre où il a puisé son inspiration. Vous pourrez y lire la description des échelles oscillantes à partir de la page 245. De plus, les illustrations de Jules Ferat sont d’un romantisme magnifique.

Vous pouvez également consulter  les conditions de travail des mineurs à la moitié du XIXe.

Et tout ça à partir d’un barreau d’échelle rouillé !

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Vestiges carriers à Fontainebleau (One more)

 

Vous devez commencer à connaitre l’attrait parfois excessif pour les vieilles ferrailles qui m’ incitent à titiller frénétiquement le déclencheur de mon appareil photo. Certes, un zeste de nostalgie existe, mais je ne peux m’empêcher de trouver un côté très esthétique envers ces résidus industriels, munitions du combat entre l’homme et la nature.
Une fois l’activité finie, il arrive que la nature, si on la laisse en paix, phagocyte ces friches et recrée d’autres paysages.
Le Massif de Fontainebleau avec ses rochers de grès a beaucoup donné aux tailleurs de pierre. Si l’enfer est pavé de bonnes intentions, Paris, quant à lui a été pavé de grès de Fontainebleau.
Les rochers gardent sous l’humus les cicatrices spectaculaires de cette activité destructrice. Les vestiges métalliques sont beaucoup plus rares puisque cette activité s’effectuait souvent à l’aide de moyens rudimentaires.
Des amis que je remercie m’ont signalé un secteur où certains étaient encore présents.
Plantons le décor. Malgré la végétation qui a reconquis les lieux, la présence d’un front de taille sur la gauche et des plates formes édifiées  à l’aide de rebuts de taille ( écales ) indiquent sans conteste la présence d’une ancienne carrière.
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Rapidement on peut y débusquer notre premier exemple de cas de rouille sous la forme d’un tronçon de rails Decauville.

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Un peu plus loin, je salive avec la découverte d’ un châssis de wagonnet.

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Privé de ses roues, il a néanmoins conservé ses deux crochets servant à bloquer la benne basculante.

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Gros plan des tétons de bascule sur une benne.

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Cerise sur le gâteau, pour la première fois en forêt, je découvre un châssis encore sur ses rails.

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Pas de doute, c’est bien du Decauville.

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Parfois difficiles à identifier plusieurs débris métalliques jonchent le sol, je  pense que  l’objet appuyé contre l’arbre est un » Dérailleur Pétolat » qui permet de changer de voies sans que celle-ci soient raccordées. Cela ne court pas les rues ni les bois !

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Quelqu’un connait l’usage de cet assemblage muni d’un ressort ?

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Ou de ces « machins rencontrés plusieurs fois ?

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Curieusement, sur ce chantier, plusieurs types de matériels furent utilisés.

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Cette benne vient de loin.

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Au pied de la colline, je vous laisse imaginer l’excitation qui m’habite à la vue de cette anglaise qui rouille près du mont !

 

Quittons l’endroit en regardant ce bloc où l’on distingue parfaitement les « boîtes à coins », mortaises où sont enfoncées les barres à mines . L’impressionnant bloc supérieur est bien désolidarisé de la masse puisque avec le temps, il a commencé à glisser vers la pente. A droite,  une barre à mine est encore en place.

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Un autre lieu porte des traces spectaculaires, je vous laisse juge.

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Bien qu’en partie fendu, le bloc est resté en voie de débitage.

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La procédure consistait à forer un trou dans lequel était enfoncé au marteau pneumatique la barre à mine accompagnée de languettes de métal pour élargir le trou et favoriser l’enfoncement. ( Merci Thierry Tzubert. )
Pourquoi tous ces fleurets sont restés coincés? C’est bien mystérieux.IMG_1041

 

Il est temps de conclure cette recherche d’oxydes ferreux en saluant sur le chemin du retour, une benne bien remplie cachée dans un amas de rebuts.
Amis poètes, écoutez la rouille pressée par l’écale. Elle a sûrement bien des choses à raconter.

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Trémies en mine

 

Dans les mines, suivant la configuration du gisement et les méthodes d’extraction qui en découlent, le minerai est fréquemment déversé dans des goulottes plus ou moins verticales afin de parvenir dans une galerie de roulage où il sera acheminé soit vers un cavage, soit vers un puits. Le terme « trémie » désigne ces goulottes qui fonctionnent par gravité, mais aussi par extension, le système qui au débouché dans la galerie de roulage permet de réguler et guider la chute du minerai dans les berlines . Pour l’explorateur, ces systèmes représentent toujours une rencontre excitante tant par leurs cotés esthétiques que comme indication de la présence d’un réseau à un autre niveau. Passons en revue quelques trémies croisées ça et là.

 

Au milieu d’un rideau de fistuleuses, une structure en bois se profile.
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Cette embouchure est des plus basiques, servant juste à guider la descente du minerai au dessus de la berline.
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Voici une autre galerie desservie par le même type de toboggan.
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Ici, les trémies sont munies d’une trappe métallique articulée.
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Une époque plus récente associée à un débit plus important, font que les systèmes se complexifient.
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Les méthodes d’obturations sont très variés et il n’est pas rare de rencontrer des trémies différentes au sein de la même galerie pour notre plus grand plaisir.
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Ici, l’air comprimé remplace la force humaine pour manœuvrer l’ouverture de la trappe.
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Maintenant, c’est l’électricité qui prend le relais pour actionner ces margoulettes d’acier dont la taille devient impressionnante.
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trémie (18)Pour compléter ces appareils dentaires, de lourdes chaînes font barrage aux postillons !

 

De plus en plus gros !
Il existe des trémies qui font également office de concasseur mais, je ne pense pas que ce soit le cas ici malgré la taille impressionnante de l’engin.
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Faisons maintenant un tour rapide vers le haut de ces goulottes.
Nos premières petites trémies en bois étaient alimentées par des tubes de tôle d’un diamètre d’un mètre environ .
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Tandis que la dernière bée sur un large entonnoir protégé par une grille faite de rails.
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Extrait de British Pathé

 

Pour l’explorateur prudent et expérimenté il est parfois possible d’emprunter ces goulottes pour atteindre d’autres niveaux .
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Nous terminons en nous attardant sur ces mandibules dont les dents se sont couvertes d’un tartre des plus spectaculaires.
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De quoi rester bouche bée !
A bientôt pour d’autres observations.

 

Clochers rouergats

 

De clochers en clochers, continuons notre périple autour d’Espalion.
Cloches et clochers n’ont pas toujours été associés. En effet, les cloches employées pour convoquer les fidèles dès le VIIIe étaient trop petites pour justifier l’édification d’une tour importante.

Néanmoins, des tours de grande taille furent érigées au dessus de la porte des églises bien avant la fonte des grosses cloches. ( Celles-ci firent leur apparition à partir du XIIe. ) On peut penser que ces tours servaient de signe de ralliement et de repère. L’orgueil aidant, les villages se mirent à jouer à savoir qui aura la plus grosse.
( Érection architecturale en guise de démonstration de puissance.)

A cela , il faut ajouter que les invasions barbares à cette époque s’en donnaient à cœur joie. Du coup, les églises se sont protégées en érigeant des tours accolées à la nef qui permettaient de distinguer si l’herbe qui verdoie n’était pas foulée par des socques mal intentionnées. ( Nous visiterons peut être quelques églises fortifiées plus tard. )
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C’est ainsi qu’au fil du temps, le savoir-faire des fondeurs augmentant, ces tours ont tout naturellement accueilli des cloches de plus en plus imposantes.
Pour résumer, je dirais donc que chronologiquement, le clocher a précédé la cloche.

Bien, revenons à nos moutons qui sont, je le rappelle, les contrepoids situés au-dessus de la cloche.
Voici une vue du mouton surmontant une des cloches de l’église de Lassouts.
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Article détaillé sur ces cloches

 

Cette église n’a conservé de sa période romane qu’un tympan et nous ne restons pas sourds à l’appel de sa beauté.
Clochers aveyron (7)Dans le haut du clocher, une belle pièce d’horlogerie nous attend, mais pas de précipitations, tout se mérite.

Petit encart culturohistoricobarbant:

Les cloches sonnaient pour appeler les fidèles à la prière.
• matines
• prime (lever du soleil)
• tierce
• sexte (6ième heure, c’est-à-dire midi)
• none
• vêpres (coucher du soleil),
• complies
• vigile
C’est tout naturellement que l’organisation sociale du temps s’est calquée sur cette découpe temporelle.
Probablement au cours du XIIe les premières horloges en partie mécaniques font leur apparition. Mues généralement par l’eau, (clepsydre) elles actionnaient une petite cloche et prévenaient ainsi frère Jacques qu’ il est temps d’aller sonner les mâtines .
Accrochez vous maintenant .
Au moyen âge, le temps est divisé en 12 pour la journée de lumière et en 12 pour la nuit. Donc, en fonction des saisons les 12ème n’avaient pas la même durée. (Heures Temporelles).
Cela ne posait pas de problème jusqu’à l’apparition des horloges entièrement mécaniques .
Parallèlement le XVe, voit la généralisation des cadrans solaires qui permettent de se caler sur le midi.

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A la longue, on devient raisonnable, pour éviter les difficiles réglages jour/nuit , le temps entre deux midis solaires fut divisé en 24 heures égales. Plus fastoche pour les horlogers.
Pas de bol, les horloges deviennent de plus en plus précises, or, la durée entre les deux midis varie de +/- 15 minutes suivant les saisons. (Faute à la terre qui , on le sait bien , ne tourne pas rond ).
Qu’à cela ne tienne, au XVIIIe on finit par adapter un Temps Solaire Moyen. Ouf ! Dirent les horlogers.
Oui mais le train fait son apparition. Et alors ? Et bien jusque là, les horloges étaient calées sur le midi du cadran solaire. Il existait donc un décalage d’environ une heure entre Brest et Strasbourg. Qui dit train, dit l’affichage d’horaires. Reprise de tête!
Les compagnies ferroviaires affichaient les horaires en fonction de l’heure locale du siège de la compagnie et qui était donc différente de l’heure locale des gares. Certaines horloges affichaient les deux heures.Vous suivez ? Bon, je continue.
Assez ri ! En 1891, l’heure de Paris devient la référence nationale pour mettre tout le monde d’accord.
C’est fini ? Non ! En 1911, la France s’aligne sur le méridien international de Greenwich.
Dernier épisode, 1917-1945 instauration de l’heure d’été/hiver reprise en 1976 histoire de compliquer ce qui avait été simplifié.
C’est bon? Je vous ai assez fait perdre de votre temps.

 

Tout ça pour dire que dans le clocher de l’église de Lassouts, j’ai la chance de découvrir dans une sorte de guérite une magnifique horloge dite d’édifice.
On doit cette belle pièce aux établissements Pager et Cie. Espérons qu’elle ne subira pas des affres du temps après l’avoir tant égrené.horloge Pages
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Le décor floral  typique des Ets. Pagès sur le balancier. (PF = Pagès Francis).
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Complètement abandonné dans un coin des combles se trouve ce restant de mécanisme d’horloge à cage, à moins qu’il ne s’agisse d’un piège à souris très sophistiqué !

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Autre lieu, autre découverte. Le clocher de Sébrazac possède lui aussi une belle horloge reléguée dans la soupente.
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Je n’ai  pas trouvé trace de l’horloger Belmon mais Tchorky, en bon fouineur compétant, a déniché Belmon Antoine, horloger à Laguiole.

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Au passage, jetons un œil sur une des quatre cloches de l’église. Celle-ci fit fondue par les établissements Triadou à Rodez.
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Bouclons ce parcours qui ne s’est pas déroulé à cloche-pied avec un retour à Coubisou où nous retrouvons notre belle horloge. Je pense qu’il s’agit d’un système à cage datant à peu près de la fin 18e.

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J’ai toujours un peu de mal à finir mes articles, aussi, comme y’a pas le feu au lac, vous avez droit à un court extrait:
Ô temps ! Suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
Et toc !
Sans aucune vergogne, j’ai tout pompé sur ces 3 sites où vous pourrez étancher votre soif de savoir:
Horloge d’édifice
Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Clocher
Tchorski
A bientôt pour d’autres découvertes.

 

Eglise de Vinnac

 

Continuons nos errances Nord Aveyronnaises:Partant de Coubisou, il n’est nul besoin de parcourir une grande distance pour trouver d’autres églises romanes. A tire d’ailes de choucas, nous arrivons à Vinnac, pâté de maisons au mileu des vignes où se cache une belle église surmontée d’un clocher-peigne.

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Il faut lever le nez pour avoir un aperçu de ses richesses.

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Tournée vers la vallée du Lot, la façade Sud, possède une rangée de corbeaux remarquables. Comme bien souvent, l’imaginaire et l’habileté des sculpteurs de modillons sont remarquables.

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On ne sait pas trop quelles étaient leurs motivations pour parer ainsi des monuments religieux de figures grotesques, voire polissonnes, en tous cas, cela montre une ouverture d’esprit qui semble disparue.

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Il n’est pas rare de rencontrer cette sirène bicaudale en position impudique comme ici sur un chapiteau de l’église de Bessuéjouls.m6_mante_r20Ou bien à la chapelle des pénitents à Saint Côme située à quelques kilomètres.m6_mante_r23

 

La modernité des représentations est confondante. A droite, ne dirait-on pas un oiseau échappé des planches de Mœbius?

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Pour voyager dans le temps, ce simurgh fera un excellent moyen de locomotion.

 

L’église est fermée, mais la chance est de notre côté car une charmante personne accepte de nous procurer le précieux sésame sous la forme d’une clé impressionnante.

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L’intérieur est assez classique avec son chœur roman et son agrandissement gothique datant du XIVe.

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Dans une des petites chapelles latérales on peut observer un bel harmonium de la maison Rodolphe.

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La bonne surprise vient du balcon situé au fond de la nef. Une petite porte ouvre sur la sous-pente où un escalier en bois branlant donne accès aux cloches.

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La vue sur la campagne environnante est splendide.

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Nous vous présentons la cloche Jeanne Joséphine Sylvie…

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et sa dédicace.

J’ai été refondue l’ an 1953
Grace à la générosité des parisiens
Et des paroissiens de Vinnac
S.Exc Mgr Marcel Marie Dubois étant évêque de Rodez
L’abbé Leonard, curé
J’ai eu pour parrain Emile Baldit
Et pour marraine Sylvie Burguière épouse Alazard

 

Reprenons notre monture ailée et continuons notre périple par Cabrespine. Les anges sont décidément de notre côté car l’église est exceptionnellement ouverte.

Si à nos yeux profanes, la nef n’offre pas d’intérêt particulier, là aussi une porte dans l’angle du balcon réserve une bonne surprise.
L’huis s’ouvre, accompagné d’un grincement de circonstance, et nous découvrons un magnifique escalier étroit en colimaçon.

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Lors de son ascension, on passe devant une niche abritant le passage des cordes qui actionnent les battant des cloches.

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L’arrivée au sommet est magnifique !

Nous ne sommes pas à Pâques aussi elles sont bien toutes présentes. Quatre cloches, quelque peu conchiées par les cousins de notre monture, occupent le clocher-peigne.

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Celle-ci a la particularité d’avoir une dédicace à l’orthographe un peu fantaisiste. Le fait n’est pas rare. L’illettrisme était répandu à l’époque et pour ne rien arranger, les lettres étaient placées « en miroir » sur la matrice lors de la fabrication du moule.

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FONDEE RPA LES SIEURS TRIADOU A RODEZ EN 1849
SAINTE MARIE PRIYE POUR NOUS

 

Ravis par le cachet si particulier de ces petits  villages du Nord Aveyron nous continuerons d’explorer cette région pour le plaisir des yeux…et de la table !

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Eglise de Coubisou

 

Proches de la vallée du Lot, des petits villages sont disséminés sur les contreforts Sud des monts d’Aubrac. Aujourd’hui, nous allons traîner nos guêtres à Coubisou,  petit village proche d’Espalion. Flâner parmi les ruelles pentues du bourg permet de découvrir de beaux corps de bâtiments dont certains datent du XVIIe.

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Le clocher de l’église, par sa dimension impressionnante, écrase quelque peu  ce hameau. Sa taille peut étonner, mais dans un temps passé, la campagne était exploitée dans ses moindres recoins notamment pour la production de vin. La qualité très aléatoire de celui-ci ainsi que les ravages du phylloxéra ont entraîne l’abandon progressif des vendanges. A cela, il faut ajouter une configuration des terrains rendant difficile  l’exploitation  mécanisée. Tout ceci a pour corollaire une baisse très sensible de la population. De près de 3000 habitants en 1830 elle est maintenant de 500 personnes en 2012. Nonobstant ces difficultés, le bon vin coule de nouveau à Coubisou qui accueille la Maison de la vigne du vin et des paysages d’Estaing.

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Les emplacements nivelés étant rares, l’église est nichée sur une petite terrasse au cœur du village. L’aménagement de la route qui la cerne à moitié a fragilisé les fondations.

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Quand on pénètre dans l’édifice, on est surpris par les proportions. Le chœur roman (XIe, XIIe), en cul de four, est de belle dimension puisqu’il occupe la moitié de la surface de l’édifice. Trois fenêtres diffusent une belle lumière assez rare dans les chapelles romanes.

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Par contre la nef est réduite à la plus simple expression. A la fin du moyen-âge une nef gothique fut projetée mais le projet resta inachevé. Au XVIIIe la nef a été réduite et ne subsistent que 2 chapelles latérales d’où l’impression de disproportion des lieux. La décoration est très sobre, mais on y trouve quand même une belle sculpture polychrome du XVIe.

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Revenons au clocher dont la taille donne une idée du projet grandiose. Par chance, nous avons pu accéder par un petit escalier en bois à la pièce où se trouvent trois cloches.

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Les jougs (ou moutons) qui servent de contrepoids pour le balancement des cloches.

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On peut admirer l’ancien système d’horlogerie. Ménagé dans l’épaisseur du mur, un petit puits accueille les contre-poids en pierre suspendus par un câble .

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Un échafaudage de grosses poutres supporte les cloches. Je suppose qu’il a également pour fonction d’absorber une partie des vibrations pour soulager la maçonnerie. On aperçoit un contrepoids en pierre du système d’horlogerie.

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La plus grosse cloche est de taille respectable.

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La pince porte deux ébréchures dues à l’impact du battant. Maintenant, un marteau actionné électriquement remplace l’ancien système.

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Dédicace :
FONDUE EN 1884 J’AI ETE REFONDUE EN 1913
MA MARRAINE A ETE MME EMILY DEVIC
MON PARRAIN MR L’ABBEE P CONQUET
LES FABRICIENS MRS ALAUX FCOIS ALAUX JPh
BELIERES BURGUIERE NAYROLLES
CURE MR L ABBE JB COUTON
FONDERIE POURCEL VILLEFRANCHE D’AVEYRON

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Au dessus des cloches, la charpente du toit est un bel agencement. La toiture, avec ses lauzes maintenues par des chevilles en bois, supporte à l’extérieur une autre petite cloche.

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Chapeautant le chœur, la structure de la charpente en demi cercle est magnifique.

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Tous ces recoins sont une aubaine pour les choucas qui conchient allègrement les lieux. Tout ce qui tombe du ciel n’ est-il pas béni ? (dixit Toto).

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Ressortons pour profiter des premiers rayons du soleil qui dissipent les rets de la brume matinale. C’est le moment d’aller se taper la cloche en allant déguster un  de ces tripous qui font la renommée de Coubisou !

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