Carreau de mine

 

Heureux amateurs d’endroits inhabituels, je vous ai déniché un site minier assez incroyable.
Les traces de l’activité minière ont été la plupart du temps rasées sans scrupule. Comme témoignages de cette époque florissante, ne subsistent que quelques sites transformés en musées bien rangés peinant à rendre l’ambiance des conditions de travail.
Aujourd’hui, nous allons parcourir une installation qui donne l’impression que l’activité a cessé hier. Le temps semble s’être arrêté par un coup de baguette magique ou plutôt de gourdin tant les conséquences économiques de l’arrêt des exploitations furent catastrophiques dans les régions minières.
Tout est en place, même la poussière authentique est partout bien présente. Bien sûr, le puits est sécurisé par une dalle de béton, mais les installations de surface sont restées telles quelles et  on ne serait pas surpris de croiser Lantier au détour d’un bâtiment.
Pour des raisons évidentes de préservation, je n’indiquerai pas le lieu, car à chaque visite, j’ai constaté que des choses disparaissaient. Ainsi la charmante secrétaire des lubrifiants Cofram dessinée par Aslan ne répond plus au téléphone. Heureusement, l’endroit est maintenant sous surveillance vidéo.

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Pour les termes techniques, vous pouvez consulter le glossaire.

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Le chevalement est encore dressé, ce qui déjà est rare mais, de plus, les molettes sont au sommet d’une structure en bois qui, dorénavant, doit être unique en France. (La présence de ces mi-molettes n’indique pas forcément une situation nordique.)

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Au pied du chevalement, sur le carreau, nous trouvons les deux cages desservies par un platelage.

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Les cages sont exiguës, adaptées à la taille des berlines et il est difficile d’imaginer qu’un âne pouvait y prendre place.

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Il était chargé de tirer les berlines dans les travers-bancs comme le montre cette photo rare récupérée par Mr Grimal.

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Contrairement à ce qui est souvent rapporté, tous les samedis, les deux équidés remontaient au jour pour profiter de l’herbe tendre. L’opération devaient être délicate ressemblant à cela mais, les témoignages des mineurs sont unanimes quant aux bons traitements prodigués envers ce compagnon de travail.

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Pénétrons maintenant dans le poste de commandes des treuils. Au premier plan, les deux manettes de frein. Sur la gauche, l’indicateur de niveau matérialise la position des cages à l’intérieur du puits.

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Les câbles sont encore tout luisants de graisse. On notera la civière métallique accrochée au mur du fond.

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Le généphone antidéflagrant qui permet de communiquer en toute sécurité.

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Devant le poste de commande des treuils, une petite voie ferrée de 0.50 m. dessert les différentes trémies.

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Système de retournement des berlines ( basculeur ) pour déverser le minerai dans les trémies.

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Le même vu de dessous.

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Un cheminement par norias à godets fait passer le minerai par différents concasseurs pour le calibrage.

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Nous continuons la visite par un détour par le poste de charge des lampes. ( Disparues à ma dernière visite ). Ces barrettes en cuir bouilli ne devaient plus être employées depuis longtemps.

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Dehors, nous pouvons voir un bras de haveuse maintenant inutile et sans doute un peu amère.
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Les dents de l’amère.
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Pour me faire pardonner ce calembour désastreux, voici une petite vidéo illustrant l’emploi d’une bête semblable un peu plus grosse…

 



 

 

A sa gauche, un vestige fort intéressant: une pelle EIMCO. Apparue en Europe après la seconde guerre mondiale, c’est une des premières mécanisations de chargement des berlines.

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Ce fut un grand progrès tant en gain de productivité qu’en pénibilité du travail.

 

Extrait de British Pathé

 

Un peu plus loin, sont stockés des rallonges de fleurets ainsi qu’une pince à purger au milieu d’un fatras de poulies, chaînes et engrenages.

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Nous finissons la visite de tous ces incroyables vestiges où le temps semble figé par le cimetière de berlines où lézards et vipères trouvent moult abris parmi ces rebuts. Souhaitons que la léthargie de ces poubelles au Bois Dormant perdure encore longtemps.

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Rouquayrols. Sauvetage en mine.

 

Voici un article, mine de rien, qui ne manque pas d’air et qui vous détendra j’espère, vous allez vite comprendre pourquoi !

 

En flânant dans le Nord Aveyron, on peut être interloqué par la présence d’une grosse boîte de conserve d’un orange bien flashy devant l’ancienne église d’Espalion.

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Pas de doute, il s’agit bien d’une tourelle de plongée dont l’échouage au pied des monts d’Aubrac, en plein cœur de la campagne, a de quoi étonner le pèlerin se dirigeant vers Compostelle.

 

Pourtant sa présence est des plus légitimes et, cerise sur le gâteau pour moi, nous allons voir le rapport avec d’autres centres d’intérêts qui me sont chers, c’est-à-dire l’activité minière et l’Aveyron.

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Benoît Rouquayrol a vu le jour dans la bonne ville d’ Espalion le 13 Juin 1826. Ingénieur de l’école des mines de Saint Etienne, il est employé à la Compagnie des houillères et fonderies de l’Aveyron, dont il devient le directeur en 1865 à Decazeville.
Préoccupé par la sécurité dans les mines, il met au point un appareil de sauvetage qui permet d’intervenir dans un milieu infesté de « vapeurs délétères » ou inondé, conséquences des nombreux accidents qui entravaient l’activité.

Petit rappel :
Le bon air de l’Aveyron (et d’ailleurs) contient une proportion de 21% d’oxygène.
Dans les milieux confinés, cette proportion peut diminuer au profit d’autres gaz jusqu’à devenir létale en dessous de 17%.
Les gaz le plus tristement célèbres sont :
Le grisou (Méthane).
Issu de l’houillification des débris végétaux, ce gaz incolore et inodore est très souvent présent dans les mines de charbon. Toxique au plus haut point, il devient en plus explosif mélangé à l’air dans une proportion de 6 à 12% .
La prévention consistait, une fois le personnel évacué, à envoyer un mineur protégé par une carapace en cuir brûler les émanations de ce gaz avant que son accumulation ne devienne dangereuse. Le grisou étant plus léger que l’air, le mineur avançait en rampant en brandissant une perche terminée par une mèche enflammée. Ce travailleur courageux était qualifié de…pénitent. Suite aux nombreux accidents, cette pratique fût interdite en 1835..

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Dioxyde de carbone (CO2).
D’origines diverses, il provient principalement lui aussi de la décomposition des matières organiques, voir de la respiration des mineurs. Egalement inodore et incolore, il est plus lourd que l’air et s’accumule dans les parties basses.
Il est parfois évoqué la présence d’animaux de petite tailles dans les mines afin de détecter ce gaz. Est ce la raison de la présence  de ces empreintes de pattes de chien croisées au fin fond d’une mine ? Il est parfois mentionné la descente de canaris en cage car cet oiseau est particulièrement sensible au CO2. Les rats étaient également de bons déclencheurs d’alerte.

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Seule l’amélioration de la ventilation dans les galeries diminue grandement les risques.

Pour plus de précisions concernant les « gaz délétères, je vous invite à consulter cet article :.hand-cursor

 
Bien, revenons à Espalion.
En cas d’accident, le sauveteur doit:
1/ Pouvoir pénétrer rapidement sur les lieux.
2/ Pouvoir séjourner dans un environnement vicié ou inondé.
3/ Pouvoir s’éclairer*.
4/ Agir librement d’un point de vue ergonomique.

Pour répondre à ces paramètres, Rouquayrol, directeur des mines à Decazeville invente un appareil respiratoire qui fournit l’air à la demande: le détendeur dont le principe est toujours utilisé de nos jours.

*L’éclairage éléctrique n’est pas encore inventé aussi, la lumière provient de lampes dont la flamme à besoin d’un taux minimum d’oxygène. (17%).

 

Appareil portatif de Rouquayrol

IMG_4786_DxOSeul modèle connu en état de fonctionnement.
Classé Monument Historique en 1960.

 

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Le principe est de bénéficier d une réserve d’air sain afin de pouvoir intervenir  pendant un laps de temps suffisant. L’air peut être comprimé dans un réservoir, seulement, pour être inhalé sans danger, l’air inspiré doit être d’une pression atmosphérique égale à celle exercée sur les poumons.(Principe « d’équi-pression »).
Une faible surpression de l’air inhalé fera éclater les tissus des poumons.
Voyons comment Rouquayrol contourna ce problème.
Le sauveteur emporte sur son dos une réserve d’air comprimé (R1). Ce réservoir, baptisé « casserole » en raison de sa forme, peut être relié à une pompe par un tuyau pour une plus grande autonomie. Cet air comprimé passe dans un deuxième réservoir (R2) en ce détendant à la pression ambiante grâce à une membrane. En effet, une soupape (rouge) séparant R1 de R2 est solidaire de celle ci. La modification de la pression atmosphérique agit sur la membrane qui entraîne l’ouverture ou la fermeture de la soupape permettant la communication entre R2 et R1.

La souplesse de la membrane fait que la pression ambiante (donc celle exercée sur les poumons) et celle du réservoir R2 est identique. L’utilisateur bénéficie ainsi d’un apport d’air détendu égal à ses besoins.
Suis -je clair ? Non ? Bon, un petit dessin:

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Un pince nez complète l’équipement. Sur cette photo, on voit le clapet dit « bec de canard » qui évacue l’air expiré. Il est tout simplement formé de 2 feuilles de caoutchouc. La pression extérieure suffit à le rendre étanche. Le souffle de l’expiration décolle les deux feuilles. On ne peut plus simple et efficace !

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Grace à sa réserve d’air, l’usager est complètement autonome.

 

Le fonctionnement de l’appareil est tout aussi efficace en milieu sub-aquatique.

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Version en tôle d’acier dite « à haute pression » permettant une autonomie d’environ 20 minutes à 10 mètres de profondeur sans être relié à une pompe.

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Les photos ont été prises au Musée du scaphandre d’Espalion où Roquayrols testait son appareil dans les eaux du Lot.

 

Confronté à ses occupations de directeur à Decazeville, Rouquayrol s’associe avec Auguste Denayrouze également natif proche d’Espalion. Denayrouze avec son frère Louis perfectionnent et industrialisent le système.  En 1872 Louis dépose le brevet de l‘aérophore, appareil destiné au  sauvetage pour les mines.

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Conscient que le renouvellement de l’air apporté par un long tuyau peut poser des problèmes dans des galeries sinueuses et encombrées, il conçoit une réserve d’air amovible sur chariot que le sauveteur peut amener avec lui. Ce chariot comporte plusieurs réservoirs qui peuvent être changés individuellement offrant ainsi une possibilité d’intervention d’une durée illimitée. Comme on peut le voir sur le dessin, l’éclairage est également rendu possible par une lampe qui bénéficie de l’alimentation en air du système.

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Version portative. Remarquez la lampe alimentée elle aussi par un détendeur.

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Photo tirée du livre de jacques Michel Trois inventeurs méconnus. Ed Musée Joseph Vaylet. Merci à eux.

Vous pouvez consulter la description détaillée de l’appareil par les frères Denayrouze hand-cursor

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Illustration d’une intervention en mine.

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Compte rendu d’une application de l’appareil ROUQUAYROL-DENAYROUZE.(1873) dans une mine..hand-cursor

 

L’association des trois hommes fonctionne  à merveille et de nombreux brevets sont déposés. Le système est tout naturellement développé pour les applications sub-aquatiques. Amélioration de la pompe à air comprimé, casque à hublots et vêtements en toile caoutchoutée, cornet acoustique pour communiquer avec la surface complètent l’équipement.

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L’équipement présenté à l’exposition universelle de paris de 1867 provoque l’enthousiasme de Jules Verne qui lui réserve une bonne place dans son roman Vingt mille lieues sous les mers.
Extrait chapitre XVI.
Le capitaine Nemo introduisit sa tête dans la calotte sphérique. Conseil et moi, nous en fîmes autant, non sans avoir entendu le Canadien nous lancer un « bonne chasse » ironique. Le haut de notre vêtement était terminé par un collet de cuivre taraudé, sur lequel se vissait ce casque de métal. Trois trous, protégés par des verres épais, permettaient de voir suivant toutes les directions, rien qu’en tournant la tête à l’intérieur de cette sphère. Dès qu’elle fut en place, les appareils Rouquayrol, placés sur notre dos, commencèrent à fonctionner, et, pour mon compte, je respirai à l’aise.

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Exercice de guerre souterraine du 3e Régiment du Génie à Arras (France, 1876).

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© Jérôme et Laurent Triolet / mondesouterrain.fr

 

Présenté devant les marines française et étrangères, cet équipement rencontre un grand succès.
Cette photo de 1890 illustre une plongée effectuée par la marine russe. L’appareil alimenté par une pompe est dit « à basse pression ».5f23b4817dDenayrouzehttp://bashny.net/t/en/127019

 

Les contraintes technologiques de l’époque firent que  les améliorations se concentrèrent sur l’équipement des « pieds lourds ». Autre preuve de notoriété, Hergé équipera Tintin du casque à crochet Denayrouze modèle 1884 pour aller à la recherche du trésor de Rackham le rouge.

….p404_1_05  Denayrouze 1889

Il faudra attendre 50 ans pour que le détendeur redevienne d’actualité avec les développements apportés par E.Gagnan.

 

Notons que l’inventivité de ces inventeurs locaux ne se borne pas au détendeur et ses développements puisque Rouquayrol mis au point une méthode d‘exploitation de la houille réduisant fortement les risques d’incendies et que Louis Denayrouze, quand il ne taquinait pas la muse, inventa entre autres, une lampe  alimentée par un dérivé du goudron de houille: le lusol. Cette lampe a rencontré un vif succès dans les endroits pas encore alimentés par le gaz ou l’électricité.

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En 1987, pour les besoins d’un documentaire de la BBC, l’ appareil Rouquayrol Denayrouze  a démontré sa fiabilité  en replongeant dans les eaux du Lot au pied du Vieux Pont d’ Espalion.  (Photo Jean Roux.)

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Ne soyez donc pas surpris si , le long du Lot, en remontant la berge du ravin, vous croisez le capitaine Némo, le regard tourné vers la source du fleuve où fut mis au point son appareil respiratoire.

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Les appareils de sauvetage en milieu vicié  furent remplacés petit à petit par les systèmes Draeger et Fenzy qui recyclent l’air expiré.

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Ayant prouvé leur efficacité,  les appareils respiratoires font partie de l’équipement du sauveteur minier. Voici deux modèles plus récents photographiés au musée de Blye les mines et Brassac les mines.

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Si l’invention du scaphandre autonome est abusivement attribuée à l’homme au bonnet rouge et sa Calypso, l’hommage rendu par la ville d’Espalion, grâce au musée, rétablit la vérité historique.



 

Vestiges miniers à Carmaux

 

Un soleil de plomb domine ce paysage tarnais. Il règne un grand calme, la chaleur semble même étouffer les sons, mais ce ne fut pas toujours le cas .

carmaux (12)Cette impressionnante cuvette n’a rien de naturel ! Plus d’un kilomètre de diamètre pour une profondeur de 300 mètres, c’est le résultat de ce qui est encore à ce jour, la plus importante excavation houillère d’Europe.

En 1752, l’exploitation industrielle et souterraine du charbon commence sous l’impulsion du marquis de Solages.
Fin XIXe, la mine emploie plus de 2000 personnes. Des grèves sévères ont lieu. Jean Jaurès est élu député de Carmaux en 1895. La ville devient un symbole du socialisme.
En 1945, les mines sont nationalisées.
A partir des années 1950, la concurrence du pétrole entame une période de déclin irréversible.
En 1980 F. Mitterrand s’engage à soutenir l’activité minière sur le site.
Suite à des mouvements de grève, une tentative d’exploitation à ciel ouvert est lancée pour tenter de sauver la filière. L’aventure de durera qu’une dizaine d’année.
1985 : début de l’exploitation à découvert.
1987 : fermeture du dernier puits.
1997 Fin de l’exploitation du charbon.
La réhabilitation du site se fait non sans mal en transformant celui-ci en un parc familial de loisirs et d’aventure.
Voici un petit aperçu de l’évolution du site.

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Place aux images.
Moi qui suis toujours à la recherche des témoignages de l’ activité des fouisseurs de terrain et qui m’ ébaubis à la vue d’un reste de berline perdue dans la forêt de Fontainebleau, moi qui trouve que la rouille n’est pas dénuée de poésie et pas que grâce  aux possibilités de rimes qu’elle offre, ici, je suis comblé !
Sur les gradins qui flanquent le cratère sont exposés quelques monstres responsables de l’excavation. La taille de ces petites usines ambulantes est on ne peut plus spectaculaire !
Une pelle LIEBHER qui accuse 160 tonnes sur la bascule.carmaux (10)
Ce dumper possède des roues d’un diamètre de deux mètres.carmaux (9)carmaux (11)

 

Cette excavatrice aux chenilles surdimensionnées semble sortie d’un décor de Stars war !
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Elle alimentait un tapis roulant amovible.

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Le paysage ne pouvait pas lutter face à de tels engins et on comprend rapidement qu’une dizaine d’années suffirent à modifier complètement sa physionomie.

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Ces grosses bébêtes sont conçues pour faire des trous, mais en 1985, leurs puissances fut employées à un autre usage :


 

Nous allons voir maintenant que si la force industrielle de ses engins est colossale, la puissance destructive de la bêtise humaine n’a rien à lui envier.
Une fois extrait, le charbon doit être débarrassé de ses impuretés. Au Tronquié, une usine de lavage est installée. Depuis sa fermeture aux alentours de fin 1990 elle est la proie de visiteurs malveillants dont l’acharnement laisse pantois.
carmaux (20)Tout est tagué, cassé, brulé, au grand découragement du propriétaire actuel. Certes, le photographe y trouvera toujours un intérêt puisque cet imposant édifice à la structure ajourée réserve malgré tout des possibilités photogéniques mais quel gâchis !
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Une double rampe d’accès  amenait le charbon aux lavoirs.

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Voici ce qui reste des sanitaires ! Quelle constance dans la destruction.

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Ainsi finit le patrimoine industriel…
Ce site, pollué et dangereux, est à éviter. Heureusement, on peut se consoler à Cagnac les mines. Le musée de la mine, que l’on doit à l’initiative d’anciens mineurs soucieux de conserver un témoignage de ce qui fut la richesse de Carmaux, nous replonge dans les conditions de travail de l’époque.
Par exemple, on peut voir à gauche des piliers hydrauliques, au milieu le convoyeur blindé et à droite la haveuse à tambour.

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Mine de …laiton ?

 

Je viens d’effectuer une mise à jour de l’article sur les soutènements miniers et je vous invite à le consulter en cliquant.hand-cursor

 

Je ressorts également de mes cartons des photos d’une mine dont l’entrée a disparu comme trop souvent sous les attaques de bulldozers sécuritaires. Pourtant, bien stabilisée, elle n’offrait pas de dangers particuliers en tout cas bien moins qu’une randonnée en Vélib ! Elle offrait un spectacle insolitede toute beauté. Tant pis …Il ne restera bientôt plus aucune trace de cette activité.
Pénétrons dans les entrailles de la terre et jetons un dernier coup d’œil à la flore stomacale de ces boyaux creusés par la main de l’homme.
Vous avouerez que Baguenaudes n’a pas peur de se mouiller pour aller à la pêche aux endroits pittoresques.

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Attendu que le froid me fait un peu claquer des dents, je ne vais pas m’étendre en commentaires superflus, les photos parlent d’elles-mêmes La manière dont la nature panse ses plaies récompense largement les quelques efforts nécessaires à l’exploration de cet univers insolite et perdu.
Bonne visite nostalgique en cliquant sur l’image suivante.

Diapora

 

Mineurs, maîtres du barreau

 

Spécialistes de Droit Pénal, veuillez bien m’innocenter pour ce titre équivoque puisque c’est le barreau d’échelle qui est le prétexte de cet article.
Le sujet peut vous paraître bien mince, mais vous allez voir qu’on peut développer.

Bien que depuis fort longtemps en Europe la remontée du minerai ne s’effectue plus à dos d’homme, au cours des pérégrinations minières, parmi les vestiges de l’activité que l’on rencontre le plus souvent, se trouvent les échelles métalliques ou ce qu’ il en reste. (Celles en bois ont, pour la plupart, fini rongées par les mérules.)

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Comme les trémies à qui elles sont souvent associées pour leur maintenance, elles sont porteuses d’espoir de zones à découvrir pour l’explorateur. Qu’y a-t-il au bout du dernier échelon ? D’interminables galeries encombrées de berlines ou seulement, comme bien souvent, une petite chambre d’exploitation ?

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Ces échelons sont bien tentants, mais hélas, suivant le milieu, ils ont bien du mal à résister aux attaques conjuguées de l’humidité et du temps. Ce barreau par exemple est âgé d’une cinquantaine d’années et son état n’incite pas vraiment à faire confiance aux échelles du secteur.

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On peut bien sûr utiliser cette technique pour tenter d’atteindre l’éventuel nirvana qui se cache en haut de ce bure.

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Mais il est plus rationnel et prudent d’employer les méthodes de progression sur corde.

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Ces échelles, longues en moyenne de 2,50 à 3 mètres, sont parfois mises bout à bout de façon audacieuse. J’en ai vu reliées uniquement par du fil de fer. Cela n’arrêtait pas les mineurs qui empruntaient des sections parfois d’une grande hauteur.

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On imagine facilement le danger et la fatigue que procurait l’exercice.
Si à la moitié du 19e on était bien conscient de cet état de fait, ce n’est pas pour cela que les enfants en étaient dispensés.
Document de 1864 à lire

 

Quand la hauteur des puits rendait l’emploi des échelles impossible, le personnel était véhiculé dans des cuffats, sorte de tonneau suspendu à un câble ou une corde.

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http://crassier.double.monsite-orange.fr/

 

La possibilité de rupture du câble et les chutes de pierres rendaient ce moyen très périlleux. Du fait du tressage de la corde ou du câble, il était impossible d’éviter le mouvement de rotation du cuffat, car celui-ci n’était pas guidé dans le puits. L’entretien de ce moyen de transport était onéreux et d’un faible rendement à cause de sa lenteur. De plus, le transport du personnel impliquait une interruption de la remontée du minerai.

 

L’échelle mobile.
Pour obvier à ces inconvénients, un ingénieux système d’échelle dite oscillante a été créé. L’échelle, reliée à une machinerie, effectue un mouvement vertical de va-et-vient. Le mineur passe alternativement de l’échelle à des paliers fixes disposés au long de la cheminée.
Ce système permet ainsi de monter ou descendre sans effort.
Plutôt qu’une longue explication laborieuse, voici une illustration du principe:echelle-mobile

 

Inventée par H. Sarton en 1776, cette méthode n’a d’abord pas attiré l’attention, mais refit son apparition dans les années 1840 en Allemagne (Fahrkunst) et Cornouailles (man-engine).Dans le système mis en place dans la mine de Hartz, ce sont deux tiges munies de paliers qui oscillent verticalement. Le mineur passe de l’une à l’autre. Par sécurité, une échelle fixe est située entre les deux tiges mobiles.
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En 1845 M. Warocqué en Belgique perfectionne le principe et met le système en application à la mine Mariemont. Des verticalités de plusieurs centaines de mètres ont pu être équipées.

Description avec plans.

 

L’amélioration de l’aménagement des puits avec notamment l’usage de cages guidées sonna l’abandon progressif de ces échelles mobiles.
Une démonstration au Bergwerksmuseum Grube Samson :

Jules Verne, dans son roman peu connu les Indes noires, mentionne le système des échelles oscillantes. (Page 72).
Si l’exploitation des vieilles mines vous intéresse, je vous invite à parcourir ce livre où il a puisé son inspiration. Vous pourrez y lire la description des échelles oscillantes à partir de la page 245. De plus, les illustrations de Jules Ferat sont d’un romantisme magnifique.

Vous pouvez également consulter  les conditions de travail des mineurs à la moitié du XIXe.

Et tout ça à partir d’un barreau d’échelle rouillé !

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Trémies en mine

 

Dans les mines, suivant la configuration du gisement et les méthodes d’extraction qui en découlent, le minerai est fréquemment déversé dans des goulottes plus ou moins verticales afin de parvenir dans une galerie de roulage où il sera acheminé soit vers un cavage, soit vers un puits. Le terme « trémie » désigne ces goulottes qui fonctionnent par gravité, mais aussi par extension, le système qui au débouché dans la galerie de roulage permet de réguler et guider la chute du minerai dans les berlines . Pour l’explorateur, ces systèmes représentent toujours une rencontre excitante tant par leurs cotés esthétiques que comme indication de la présence d’un réseau à un autre niveau. Passons en revue quelques trémies croisées ça et là.

 

Au milieu d’un rideau de fistuleuses, une structure en bois se profile.
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Cette embouchure est des plus basiques, servant juste à guider la descente du minerai au dessus de la berline.
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Voici une autre galerie desservie par le même type de toboggan.
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Ici, les trémies sont munies d’une trappe métallique articulée.
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Une époque plus récente associée à un débit plus important, font que les systèmes se complexifient.
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Les méthodes d’obturations sont très variés et il n’est pas rare de rencontrer des trémies différentes au sein de la même galerie pour notre plus grand plaisir.
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Ici, l’air comprimé remplace la force humaine pour manœuvrer l’ouverture de la trappe.
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Maintenant, c’est l’électricité qui prend le relais pour actionner ces margoulettes d’acier dont la taille devient impressionnante.
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trémie (18)Pour compléter ces appareils dentaires, de lourdes chaînes font barrage aux postillons !

 

De plus en plus gros !
Il existe des trémies qui font également office de concasseur mais, je ne pense pas que ce soit le cas ici malgré la taille impressionnante de l’engin.
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Faisons maintenant un tour rapide vers le haut de ces goulottes.
Nos premières petites trémies en bois étaient alimentées par des tubes de tôle d’un diamètre d’un mètre environ .
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Tandis que la dernière bée sur un large entonnoir protégé par une grille faite de rails.
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Extrait de British Pathé

 

Pour l’explorateur prudent et expérimenté il est parfois possible d’emprunter ces goulottes pour atteindre d’autres niveaux .
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Nous terminons en nous attardant sur ces mandibules dont les dents se sont couvertes d’un tartre des plus spectaculaires.
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De quoi rester bouche bée !
A bientôt pour d’autres observations.

 

Mine de zinc

Ce jour là, le soleil tape fort aussi, histoire de fuir la chaleur, c’est avec plaisir que nous entamons une exploration des vestiges souterrains d’une mine qui a fermé dans les années 1960.
Nous verrons plus loin que question fraicheur, nous n’avons pas été déçus.
Avant cela, proche de l’entrée, nous tombons sur un petit cul de sac consolidé par un soutènement.

 

Nous sommes en présence d’une cloche de carottage comme l’indique le tube qui dépasse dans le sol.

 

Au-dessus, le ciel est surcreusé afin de permettre le passage des carottiers et de la tarière.

 

Les échantillons seront analysés pour y détecter l’éventuelle présence de minerai.

 

Empruntant un autre chemin, la visite continue par une galerie décorée de concrétions laiteuse du plus bel effet.

 

Un peu plus bas, nous empruntons une zone un peu moins structurée. Nous sommes ici dans une ancienne chambre d’exploitation. Le boisage* incliné s’explique par le fait que le filon avait une moyenne de puissance* de 3-4 mètres et un pendage* de 30°.

 

Suivant le chemin qu’empruntait le minerai, nous continuons  à descendre pour rejoindre le travers-banc*, galerie de roulage qui collectait le minerai.
Il faut se rendre à l’évidence, la suite de la promenade sera humide.

 

Et un peu froide pour la saison !

 

Heureusement pour notre virilité, après un parcours quelque peu grelottant, le terrain s’assèche progressivement dévoilant de beaux enchaînements de galeries où les rails apparaissent.

 

Au détour d’un carrefour, nous tombons sur la recette* d’un bure* complètement noyé est équipée d’un système pour remonter et déverser le minerai au niveau du travers banc. Cela confirme la présence d’un niveau d’exploitation inférieur dorénavant inaccessible.

 

Un autre aspect du travers-banc avec un caniveau drainant l’eau vers la sortie.

 

La porte de la poudrière s’ouvre sur un réduit complèment vide.

 

Les vestiges métalliques de l’exploitation ne sont pas très nombreux. Ce cadre supportait vraisemblablement un ventilateur.

 

La visite d’une ancienne mine sans trouver de berline serait frustrante. En levant la tête, nous sommes récompensés par un wagonnet encore sur ses rails.

 

Provenant des chambres d’exploitations supérieures, des déversoirs en bois percent les parois du travers-banc.

 

Cette trémie* montre quelques signes de fatigue.

Nous aussi ! Après avoir parcouru ces galeries patogeantes et fort sympathiques, il faut se décider à remonter vers la surface pour mettre nos chaussettes à sécher.

Vous trouverez la définition des mots suivis d’une astérisque dans le glossaire

 

Mine de fer

Direction le Causse.
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J’avais dans le collimateur cette ancienne mine de fer sur laquelle les renseignements ne sont pas légion.Sur le plateau plusieurs mines de fer ont été exploitées pour alimenter les hauts fourneaux de Decazeville. Le comte Decazes a introduit la fabrication anglaise de la fonte en alliant l’hématite (fer) avec le coke (charbon cuit). Auparavant la fonte était faite à l’aide du charbon de bois.La forte demande de minerai de fer fut à l’origine d’une mise en place sur le plateau d’ un réseau ferré. Un convoyeur aérien a même été édifié pour descendre le minerai dans la vallée. Hélas il ne reste pratiquement plus de traces de cette activité ferrovière.Dans cette région, jai déjà eu l’occasion de pénétrer dans 2 mines de fer dont une d’un grand développement. Las, un changement de propriétaire en restreint l’accessibilité pour le moment.Il en restait une troisième à découvrir. Après une petite prospection dans un paysage toujours aussi beau un accès a été trouvé . Une première tentative avec mon pote Christian s’est révélée infructueuse, l’entrée ne laissant pas passer nos merveilleux corps bodybuildés aux épaules impressionnantes.
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La deuxième tentative a été la bonne mais non sans mal. Il a fallu se faufiler dans une chatière de 5 à 6 mètres de long, très pentue en grattant la terre avec un tournevis et en repoussant le tout avec les pieds tout en se demandant si on pourrait remonter. Le doute a longtemps plané mais à l’idée de pénétrer dans une mine où l’ami  François n’avait pas mis les pieds nous a permis non sans mal  de franchir l’obstacle.
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On débouche dans un boyau assez exigu et pentu qui donne accès à la mine . C’est très étonnant car si cette entrée débouche bien à l’extérieur sur un grand chemin, il est impossible que le minerai soit sorti par là. Notre visite ( pas complète) ne nous a pas permis de découvrir d’autres accès.Une carte assez vague laisse penser que la mine recouvrait une surface bien plus étendue que celle que nous avons parcourue. Une autre visite s’impose donc.
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L’ambiance intérieure est beaucoup plus « spéléo » que minière. Nous n’avons pas vu de vestiges industriels .(Désolé François). On trouve quand même quelques traces de traverses de voie ferrée dans 2 galeries perpendiculaires à une descendrie,  quelques hagues et …un étai en bois mais toute la ferraille a été enlevée. C’est une exploitation en piliers tournés avec un pendage de 20°. Le ciel est bas ce qui rend la progression parfois un peu pénible. C’est assez humide mais les traces d’éboulements rencontrées sont anciennes car concrétionnées. Les parties visitées semblent bien se tenir.
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De belle concrétions nous  récompensent des efforts produits .
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La fatigue aidant, le retour s’est bien déroulé comme nous le prévoyions. C’est à dire qu’ on en a chié pour sortir!
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Mais c’est vite oublié car  cette incursion valait vraiment le coup.Voici quelques vues dérobées pendant la visite.

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Petit rappel à propos des concrétions:L’eau en s’infiltrant érode le calcaire par le frottement de l’écoulement. Cette action est renforcée par l’action du dioxyde de carbone dont l’eau s’est chargée en traversant les couches
végétales en surface créant une acidité. Cela suffit à dissoudre les molécules de calcaire. L’eau saturée en calcium arrive dans la caverne par les fissures de la roche et dépose son bicarbonate de calcium selon deux processus :1/ par dégazage du gaz carbonique et par précipitation du bicarbonate de calcium, lequel sèche et se cristallise en calcite. 2/Par évaporation et dépôt : l’eau s’évapore et la calcite se cristallise naturellement formant peu à peu une concrétion.

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Quand l’eau est chargée de fer (l’eau ferrugineuse), les concrétions se colorent. Tout ceci pour introduire  la récompense pour votre attention!

 

 

Visite de mine

Les beaux jours arrivant  j’espère bien proposer des clichés de bébêttes et fleurs diverses mais, en attendant, je fais avec ce que j’ai sous la main ou plutôt sous les pieds.Il s’agit d’une mine que j’aime beaucoup et au cours de cette sortie nous avons eu le plaisir d’explorer un nouveau secteur.La visite n’est pas toujours facile et l’entrée  dans ces lieux insolites nécessite parfois des efforts .Comme dirait le père François :

 

 


Mettre le son!

 

pelle

Vous aussi, vous pourrez découvrir quelques aspects de cette mine en vous servant de la pelle .