Carrière de craie

 

Dans le département de l’Yonne, les bancs  de craie sont très présents et ont été naturellement employés pour l’architecture locale. Le paysage, si on fouine un peu, a conservé les stigmates de l’activité des carriers.
Inutile de s’étendre en phrases interminables dignes d’un cuistre dont la logorrhée verbale provoquerait un inéluctable sauve-qui-peut bien compréhensible de la part du lecteur altruiste venu consacrer un peu de son temps à la lecture de cet article, bref, lecteur avide de savoir, vous trouverez une description très complète de cette activité icaunaise disparue ici et .. Merci ASEPA qui propose des articles fort intéressants.

Bien dissimulée dans la forêt, nous allons visiter une petite carrière souterraine qui n’a pas été vandalisée. La chose est suffisamment rare pour être mentionnée. Sensibles à l’aspect esthétique et insolite, nous essayons également de comprendre l’évolution de ce lieu singulier.

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Le plafond percé d’un puits nous fait supposer que l’extraction a commencé par le fonçage de celui-ci afin d’une part atteindre la strate exploitable, d’autre part pour ménager l’exploitation agricole du terrain en surface. Cet accès vertical est appelé « essort » dans la région rémoise.

PuitsMerci à exxplore pour le prêt de la photo.

 

Au fur et à mesure de l’avancement de l’extraction, la configuration de la carrière a évolué, excavant un volume de plus en plus grand. En plusieurs endroits, les vides engendrés ont fini par déboucher au jour. Nous voyons ici une « fenêtre » obturée plus tard par une palissade afin de contenir les déchets de taille déversés à l’extérieur.

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Des patronymes datés nous donnent une indication sur l’ancienneté de l’exploitation.

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Les pierres taillées avaient à peu près la dimension d’un parpaing actuel.
Les secteurs abandonnés en cours de taille nous indiquent bien les différentes phases d’extraction des pierres taillées.
Le front de taille est arasé. Au pic ou à l’herminette ? Les traces laissées ici montrent l’emploi de deux outils différents pour arriver au résultat souhaité.

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A l’aide d’une lance ou aiguille, deux saignées horizontales et parallèles  sont pratiquées dans la masse et délimitent le format des futurs parpaings..

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L’étape suivante consiste à creuser les saignées verticales..

Dans ces entailles seront insérés en force des coins de bois. Sous la pression, le moellon se détache de la masse. On distingue bien l’aspect irrégulier du nouveau front de taille contrastant avec les zones taillées.
Les blocs extraits seront stockés à l’abri afin d’éliminer leur teneur en eau (20%).

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Les plans de taille ne sont pas orthogonaux. L’angle d’attaque est d’une dizaine de degrés sans doute afin de ménager la place nécessaire à la manutention des outils.

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Il en résulte des parois au profil en dents de scie du plus bel effet…et signées par l’artiste !

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Concurrencée par le ciment, cette activité pénible a cessé petit à petit. Comme bien souvent, ces cavités anthropiques ont été réutilisées comme champignonnières à partir de la fin du19 e. On peut distinguer sur la gauche des traces de meules .

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Plus récemment hélas, elles peuvent servir de dépotoirs. Consolons-nous en pensant que, dans deux ou trois mille ans, cela fera le bonheur d’archéologues s’interrogeant sur les dieux à qui ces offrandes étaient destinées …

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Fermons cette parenthèse peu ragoutante et profitons de notre belle petite carrière épargnée. Voici quelques photos qui donnent une idée des espaces dégagés par l’extraction de la craie.  Ces successions d’escaliers et d’étages suspendus évoquent un univers sorti de l’imagination de Escher.

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Untitled

 

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Attention, on peut croiser dans ces souterrains d’étranges chauves-souris !

Dracula Tod Browning

 

 

Mine de …laiton ?

 

Je viens d’effectuer une mise à jour de l’article sur les soutènements miniers et je vous invite à le consulter en cliquant.hand-cursor

 

Je ressorts également de mes cartons des photos d’une mine dont l’entrée a disparu comme trop souvent sous les attaques de bulldozers sécuritaires. Pourtant, bien stabilisée, elle n’offrait pas de dangers particuliers en tout cas bien moins qu’une randonnée en Vélib ! Elle offrait un spectacle insolitede toute beauté. Tant pis …Il ne restera bientôt plus aucune trace de cette activité.
Pénétrons dans les entrailles de la terre et jetons un dernier coup d’œil à la flore stomacale de ces boyaux creusés par la main de l’homme.
Vous avouerez que Baguenaudes n’a pas peur de se mouiller pour aller à la pêche aux endroits pittoresques.

Laiton (25)

 

Attendu que le froid me fait un peu claquer des dents, je ne vais pas m’étendre en commentaires superflus, les photos parlent d’elles-mêmes La manière dont la nature panse ses plaies récompense largement les quelques efforts nécessaires à l’exploration de cet univers insolite et perdu.
Bonne visite nostalgique en cliquant sur l’image suivante.

Diapora

 

Mineurs, maîtres du barreau

 

Spécialistes de Droit Pénal, veuillez bien m’innocenter pour ce titre équivoque puisque c’est le barreau d’échelle qui est le prétexte de cet article.
Le sujet peut vous paraître bien mince, mais vous allez voir qu’on peut développer.

Bien que depuis fort longtemps en Europe la remontée du minerai ne s’effectue plus à dos d’homme, au cours des pérégrinations minières, parmi les vestiges de l’activité que l’on rencontre le plus souvent, se trouvent les échelles métalliques ou ce qu’ il en reste. (Celles en bois ont, pour la plupart, fini rongées par les mérules.)

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Comme les trémies à qui elles sont souvent associées pour leur maintenance, elles sont porteuses d’espoir de zones à découvrir pour l’explorateur. Qu’y a-t-il au bout du dernier échelon ? D’interminables galeries encombrées de berlines ou seulement, comme bien souvent, une petite chambre d’exploitation ?

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Ces échelons sont bien tentants, mais hélas, suivant le milieu, ils ont bien du mal à résister aux attaques conjuguées de l’humidité et du temps. Ce barreau par exemple est âgé d’une cinquantaine d’années et son état n’incite pas vraiment à faire confiance aux échelles du secteur.

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On peut bien sûr utiliser cette technique pour tenter d’atteindre l’éventuel nirvana qui se cache en haut de ce bure.

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Mais il est plus rationnel et prudent d’employer les méthodes de progression sur corde.

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Ces échelles, longues en moyenne de 2,50 à 3 mètres, sont parfois mises bout à bout de façon audacieuse. J’en ai vu reliées uniquement par du fil de fer. Cela n’arrêtait pas les mineurs qui empruntaient des sections parfois d’une grande hauteur.

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On imagine facilement le danger et la fatigue que procurait l’exercice.
Si à la moitié du 19e on était bien conscient de cet état de fait, ce n’est pas pour cela que les enfants en étaient dispensés.
Document de 1864 à lire

 

Quand la hauteur des puits rendait l’emploi des échelles impossible, le personnel était véhiculé dans des cuffats, sorte de tonneau suspendu à un câble ou une corde.

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Cuffat(1)

http://crassier.double.monsite-orange.fr/

 

La possibilité de rupture du câble et les chutes de pierres rendaient ce moyen très périlleux. Du fait du tressage de la corde ou du câble, il était impossible d’éviter le mouvement de rotation du cuffat, car celui-ci n’était pas guidé dans le puits. L’entretien de ce moyen de transport était onéreux et d’un faible rendement à cause de sa lenteur. De plus, le transport du personnel impliquait une interruption de la remontée du minerai.

 

L’échelle mobile.
Pour obvier à ces inconvénients, un ingénieux système d’échelle dite oscillante a été créé. L’échelle, reliée à une machinerie, effectue un mouvement vertical de va-et-vient. Le mineur passe alternativement de l’échelle à des paliers fixes disposés au long de la cheminée.
Ce système permet ainsi de monter ou descendre sans effort.
Plutôt qu’une longue explication laborieuse, voici une illustration du principe:echelle-mobile

 

Inventée par H. Sarton en 1776, cette méthode n’a d’abord pas attiré l’attention, mais refit son apparition dans les années 1840 en Allemagne (Fahrkunst) et Cornouailles (man-engine).Dans le système mis en place dans la mine de Hartz, ce sont deux tiges munies de paliers qui oscillent verticalement. Le mineur passe de l’une à l’autre. Par sécurité, une échelle fixe est située entre les deux tiges mobiles.
Plan

 

En 1845 M. Warocqué en Belgique perfectionne le principe et met le système en application à la mine Mariemont. Des verticalités de plusieurs centaines de mètres ont pu être équipées.

Description avec plans.

 

L’amélioration de l’aménagement des puits avec notamment l’usage de cages guidées sonna l’abandon progressif de ces échelles mobiles.
Une démonstration au Bergwerksmuseum Grube Samson :

Jules Verne, dans son roman peu connu les Indes noires, mentionne le système des échelles oscillantes. (Page 72).
Si l’exploitation des vieilles mines vous intéresse, je vous invite à parcourir ce livre où il a puisé son inspiration. Vous pourrez y lire la description des échelles oscillantes à partir de la page 245. De plus, les illustrations de Jules Ferat sont d’un romantisme magnifique.

Vous pouvez également consulter  les conditions de travail des mineurs à la moitié du XIXe.

Et tout ça à partir d’un barreau d’échelle rouillé !

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Trémies en mine

 

Dans les mines, suivant la configuration du gisement et les méthodes d’extraction qui en découlent, le minerai est fréquemment déversé dans des goulottes plus ou moins verticales afin de parvenir dans une galerie de roulage où il sera acheminé soit vers un cavage, soit vers un puits. Le terme « trémie » désigne ces goulottes qui fonctionnent par gravité, mais aussi par extension, le système qui au débouché dans la galerie de roulage permet de réguler et guider la chute du minerai dans les berlines . Pour l’explorateur, ces systèmes représentent toujours une rencontre excitante tant par leurs cotés esthétiques que comme indication de la présence d’un réseau à un autre niveau. Passons en revue quelques trémies croisées ça et là.

 

Au milieu d’un rideau de fistuleuses, une structure en bois se profile.
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Cette embouchure est des plus basiques, servant juste à guider la descente du minerai au dessus de la berline.
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Voici une autre galerie desservie par le même type de toboggan.
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Ici, les trémies sont munies d’une trappe métallique articulée.
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Une époque plus récente associée à un débit plus important, font que les systèmes se complexifient.
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Les méthodes d’obturations sont très variés et il n’est pas rare de rencontrer des trémies différentes au sein de la même galerie pour notre plus grand plaisir.
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Ici, l’air comprimé remplace la force humaine pour manœuvrer l’ouverture de la trappe.
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Maintenant, c’est l’électricité qui prend le relais pour actionner ces margoulettes d’acier dont la taille devient impressionnante.
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trémie (18)Pour compléter ces appareils dentaires, de lourdes chaînes font barrage aux postillons !

 

De plus en plus gros !
Il existe des trémies qui font également office de concasseur mais, je ne pense pas que ce soit le cas ici malgré la taille impressionnante de l’engin.
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Faisons maintenant un tour rapide vers le haut de ces goulottes.
Nos premières petites trémies en bois étaient alimentées par des tubes de tôle d’un diamètre d’un mètre environ .
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Tandis que la dernière bée sur un large entonnoir protégé par une grille faite de rails.
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Extrait de British Pathé

 

Pour l’explorateur prudent et expérimenté il est parfois possible d’emprunter ces goulottes pour atteindre d’autres niveaux .
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Nous terminons en nous attardant sur ces mandibules dont les dents se sont couvertes d’un tartre des plus spectaculaires.
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De quoi rester bouche bée !
A bientôt pour d’autres observations.

 

La grotte aux cristaux

 

Les errances de Baguenaudes continuent de trous en trous. La périnégration cette fois-ci nous mène dans une cavité ornée de  concrétions aux érections spectaculaires digne des œuvres de Mc Carthy. La majesté des lieux impose une approche des plus humbles puisque, tel le vermisseau, il faut se tortiller longuement dans une boue amoureuse avant de pouvoir lever les yeux vers ces salles aux parures magnifiques.

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La beauté des lieux nous récompense largement de nos efforts rampignolesques.

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Il faut progresser avec précaution afin de ne pas souiller la blancheur virginale des concrétions et prendre bien garde de ne pas casser une délicate fistuleuse. On touche avec les yeux !

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Je vous ai déjà parlé de manière très succincte de la formation des concrétions. J’ajoute vite fait que le carbonate de calcium se reprécipite généralement en cristaux rhomboédriques pour former la calcite.

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Plus rarement, les cristaux prennent une forme orthorhombique et nous offrent ces splendides bouquets d’aragonite.

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Au gré des fluctuations environnementales (variation du débit de l’eau, courants d’air etc.), les cristallisations peuvent prendre des formes improbables.

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Ici une stalagmite se développe sur une fistuleuse tombée du plafond.

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Là, nous avons droit à une délicate coupelle.

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La calcite se dépose également sur le bords des flaques. Telle Pénélope, elle tisse inlassablement un voile gracile à la surface de l’eau.

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A la longue, des dentelles festonnées se forment. Nous sommes alors en présence de gours.

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Par endroits, ces bourrelets peuvent devenir importants, formant des terrasses surplombantes au dessus de l’eau.

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Éblouis par toutes ces formations révélées par le faisceau de nos lampes, nous avons bien du mal à quitter ces lieux si fragiles en s’efforçant de ne pas laisser de traces de notre visite.

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La grotte aux cristaux.

Visite et curiosités minières. Tome 4

L’approche de cette visite souterraine se déroule dans un paysage somptueux, mais, en bon gaulois, nous craignons que le ciel nous tombe sur la tête.

 

Qu’importe, bravons les éléments pour aller nous abriter sous terre. Après nous être mouillé la tête, ce sont les pieds (et le reste) ! Le plaisir de vous montrer quelques aspects de ces lieux inhabituels oblige parfois à faire preuve d’un peu d’abnégation.

 

Cette eau est certes un peu froide, mais, nous lui pardonnons quand elle offre la formation de jolies perles qui agrémentent le sol des galeries.

 

Une fois séchés, nous continuons notre progression par une galerie finissant sur un front de taille. La présence d’un échafaudage de madriers nous étonne. Après un grattage occipital, nous concluons que nous sommes en présence d’une sorte d’estrade destinée à la foration des trous de mine. Amm se trouve situé à la bonne hauteur.

 

L’exploration demande parfois de faire appel à des techniques de manœuvres de cordes un peu sportives.

 

Ces acrobaties arachnéennes permettent d’atteindre des lieux improbables comme cette imposante fissure pratiquement verticale.Elle n’a rien de naturel, c’est une chambre d’exploitation où tout le minerai a été défruité. Les pièces de bois coincées entre les épontes servent à les maintenir. Localement, on parle de « bon dieu ». Elles servent d’alerte concernant la tenue des parois. Si le bois gémit ou casse, c’est que la pression encaissante fait se rapprocher les parois et inversement si les « bons dieux » tombent, c’est que le vide s’élargit. Dans un cas comme dans l’autre, ça craint ! Bon, ici ça n’a pas bougé depuis une cinquantaine d’année et cette forêt aux troncs horizontaux est magnifique.

Détail peu visible mais intéressant, des encoches sur les parois destinées à recevoir un plancher. Ces séries de boulins sont espacées verticalement d’environ 1,50 mètre. Le filon de cette chambre a donc été exploité en progressant du bas vers le haut.

 

La visite continue par un plan fortement incliné pourvu de deux voies ferrées parallèles mais d’écartements différents.

 

Nous sommes en présence d’une « balance » qui permet la liaison entre deux travers-bancs situés à des niveaux différents.Le principe est simple et ingénieux puisqu’il ne fait appel qu’à la gravité. Un chariot asymétrique pour compenser la pente supporte la berline pleine. Un treuil à 2 poulies relie à l’aide de 2 câbles le « chariot-berline » à un autre chariot faisant office de contrepoids. Le couple « chariot-berline pleine » étant plus lourd que le contrepoids, l’ensemble descend. En bas, on enlève la berline pleine. A ce moment, le contrepoids, plus lourd que le chariot seul, entraîne celui-ci vers le haut.

Ne pas tenir compte des proportions.

 

Le système est réversible. Pour remonter des berlines vides il suffit de jouer sur le lest du contrepoids. Nul besoin de source d’énergie, la gravité fait tout le travail!.En haut, le treuil à double poulies est bien entendu munie d’un frein actionné à la main. Remarquez la position inversée des câbles dans les réas..

 

Le châssis du chariot porteur est de forme triangulaire pour transporter la berline horizontalement malgré la déclivité.

 

Nous voyons ici la partie haute des rails servant à guider le chariot et le contrepoids. On distingue une poulie de renvoie du câble côté contrepoids et l’attelage du chariot porteur. Notez la différence de largeur des voies ferrées due au fait que le chariot porteur véhicule la berline perpendiculairement à la descenderie.

 

Le bas du pan incliné étant quelque peu effondré aussi je n’ai pas pu observer la fosse de réception du contrepoids. Il reste néanmoins une berline qui attend patiemment qu’on veuille bien s’occuper d’elle.

 

Toujours plus loin nous tombons sur une autre balance remarquable.Ce gros tube d’environ 2 mètres de haut est un réservoir qui servait de contrepoids dans un puits vertical de 60 mètres de haut.Le principe est le même : le chariot- berline pleine est en bas, le réservoir vide en haut. On remplit d’eau (qui ne manque pas) le réservoir et le chariot berline monte. Au sommet, on remplace la berline pleine par une vide et en bas, on vide le réservoir. Zou ! le chariot  redescend pour aller quérir la berline pleine suivante.

 

Je n’ai hélas pas fait de photo de la poulie car la remontée du puits sur corde est plutôt sportive. Je remercie  donc le S.C.S.P. d’Alès pour ces vues de l’impressionant treuil.

 

Après avoir pris une bonne suée avec ces manœuvres de corde, nous partons nous rafraichir vers la sortie.

 

 

Tunnel minier

 Voici quelques vues d’un tunnel perdu dans les bois et dont l’état est plus que dégradé au point de ressembler par endroit à une ancienne galerie de mine.
La chose n’est pas surprenante car la petite voie ferrée qui l’empruntait servait à acheminer du minerai extrait un peu plus loin.
Entre les éboulements, on peut voir quelques soutènements intéressants et disparates. La partie centrale du tunnel est plus étroite et nettement bien moins aménagée. La fermeture programmée de la mine a peut être été à l’ origine de ces mesures d’économie. Depuis, la nature reprend le dessus et nous offre de belles concrétions.Parcourir ce tunnel n’est pas sans danger aussi, profitez de l’ambiance en regardant les photos tranquillement devant votre ordinateur.
Bonne visite. 

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Curiosités en carrières

Encore une promenade souterraine dans une carrière de calcaire qui recèle  de fort belles choses appelées à disparaître.
Le matériau extrait est un calcaire blanc relativement tendre.  Les strates exploitées  font environ deux  mètres d’épaisseur et la carrière est globalement horizontale couvrant une surface impressionnante. Les traces de taille  indiquent  que les blocs  découpés faisaient environ 2 mètres cube. La plupart ont servi aux travaux Haussmanniens.
Comme bien souvent, cette exploitation fut réutilisée plus tard comme champignonnière.
La carrière a été exploitée en piliers tournés disposés de manière régulière  et ressemble rapidement à un labyrinthe

 

Outre les piles non défruitéesHooo, c'est beau !, le ciel est soutenu, dans certains secteurs, par les rebuts empilés derrière des murs de moellons provenant du débitage. Ce système de soutènement se nomme: par hagues et bourrage.

 

Dans cette partie de la carrière, devant des hagues, on voit des blocs abandonnés sur place et celui du milieu, curieusement, sert d’assise à un pilier à bras..

 

A cet endroit, le ciel a dû montrer quelques signes de faiblesse qui justifient ces chandelles. Je suppose que  ce renfort  date sûrement d’une époque postérieure à l’exploitation du calcaire car cet agencement gène la circulation dans la galerie et les étais sont encore dans un état relativement correct.

 

Nous avons ici un témoignage discret et fragile: un carrier a astucieusement employé le noir de fumée de sa lampe pour faire un tableau noir sur lequel figurent des chiffres dont nous ignorons la signification.

 

 On peut voir dans certains secteurs des contrôles de la pression que subissent les piliers . Dans une fente horizontale, est insérée une sorte de lamelle comportant un « coussinet » et un manomètre indique la pression que subit ce coussinet. Un rapide coup d’oeil nous confirme que l’on ne risque rien! Poursuivons la visite.

 

 Plus loin, une galerie de recherche a mis à jour une source qui forme un joli petit lac d’eau limpide.

 

Comme je l’ai écrit, cette carrière est assez vaste et certaines parties pourraient sembler monotones à parcourir. Il faut ici rendre hommage à Erik Rotheim le bienfaiteur qui a breveté la bombe aérosol. Les artistes locaux  peuvent ainsi décorer la blancheur des murs d’expressions artistiques d’un haut niveau. Comme l’inspiration ne leur manque pas, ils ont également brûlé quelques voitures pendant des manifestations de culture alternative ajoutant ainsi un dépôt  noirâtre  au sol de la carrière. Quand on pense que la chaleur dégagée  risque en plus de faire écrouler le plafond des galeries, on ne peut être qu’admiratif quant à l’imagination créative de ces artistes… en herbes.  Bon, au moins pendant ce temps là, ils ne  traînent pas dans les musées.
Faisons abstraction de tout cela en contemplant ces beaux renforts voûtes.

 

A cet endroit, pas de dégradations pariétales, les infiltrations d’eau ont nécessité l’emploi d’une pompe et décorent à leur manière les parois par l’apport de calcite.

 

Petit à petit, les concrétions se développent apportant une touche insolite à ces longs couloirs.

 

Après avoir erré dans ce dédale, fatigués et crottés mais heureux, nous prenons un bon bain et rentrons au volant de notre machine à remonter le temps.

 

Vous pouvez découvrir d’autres aspects  de  ces lieux insolites en cliquant sur l’image suivante:

Ardoisières d’Anglars

Dans le Nord Aveyron, la géologie est assez complexe. La tectonique, l’activité volcanique, l’érosion tout ça n’a pas fait semblant.  Pour faire simple, on va dire que basalte, grès rouge,  calcaire et schiste se côtoient joyeusement pour le plus grand plaisir des yeux. L’habitat rural, employant naturellement la matière première, se trouve donc  très diversifié suivant sa localisation.Si la forme et la complexité des bâtis varient beaucoup, il est un élément qu’on retrouve pratiquement partout: En effet, de la plus modeste grange à l’édifice bourgeois ou religieux, les toitures sont recouvertes d’épaisses ardoises  brillantes.

 

Cet aspect est dû au mica contenu dans la roche. Relativement épaisses et taillées en forme de gouttes d’eau, ces lauzes de micaschiste sont fixées sur les solives par une cheville de bois ou un clou. Le poids engendré par ce type de couverture nécessite une charpente solide.

 

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Les lauzes étaient souvent extraites en souterrain pour atteindre le filon non altéré par les conditions atmosphériques et obtenir ainsi une pierre de qualité. De plus, la pierre, détachée des strates sous-jacentes, conserve une humidité qui facilite grandement sa taille. Une fois ramené au jour, le schiste en séchant devient beaucoup plus compliqué à déliter..
Partons en visite sur une ancienne ardoisière au Nord du Cayrols.

L’exploitation s’est effectuée sur les 2 versants d’un petit vallon assez escarpé. L’activité s’est déroulée du 16ème siècle jusqu’en 2007, faisant vivre de nombreuses familles en offrant un complément aux revenus des exploitations agricoles.

Les déchets de taille recouvrent les pentes du vallon de façon assez spectaculaire. Il est très malaisé de progresser parmi ces piles d’assiettes qui glissent  les unes sur les autres.

 

Seuls 2% des roches extraites étaient utilisables, le reste était rejeté dans les pentes du vallon recouvrant les anciens chemins et tunnels accès.

 

Il n’est pas facile de retrouver les ouvertures qui mènent aux nombreuses chambres d’abattage sans indication. Beaucoup sont éboulées et la végétation  masque facilement les entrées. Le terrain étant communal, chacun y allait de son trou quitte à se retrouver  parfois chez le voisin.Mais après moult glissades et combats épiques contre  les ronces carnivores et affamées nous avons pu pénétrer à l’intérieur de quelques salles  d’exploitation..

 

L’ambiance est assez chaotique et humide. Le peu de lumière en provenance du cavage est rapidement absorbée par la couleur gris foncé de la roche. Pendant l’exploitation, l’éclairage se faisait à l’aide de lampe à acétylène.

 

Les galeries que nous avons parcourues ne sont pas très longues (50 mètres en moyenne)…

 

mais la hauteur des vides peut être conséquente dans certaines salles.

 

Point de soutènement, malgré la hauteur du ciel, les carriers faisaient confiance à leur connaissance du terrain et de mémoire d’hommes il n’y a pas eu d’accidents notoires. Attention, il faut quand même être très prudent quand on se promène dans ces salles, le sol est  plus que glissant et les parois peuvent devenir instables avec le temps. Avoir une tuile dans une ardoisière serait le comble!

 

En fonction de la demande, l’abattage se faisait à la poudre noire et au pic. Les blocs étaient refendus sur place. Les blocs et les déblais étaient transportés au jour  à l’aide d’un wagonnet poussé à la main sur des rails type Decauville.

Ensuite la taille des formes d’ardoises s’effectuait souvent le même jour pour profiter de leur humidité. » La pierre, c’est comme les arbres, si on l’arrache de la terre, elle sèche  » m’explique un ancien carrier rencontré sur le site.

 

Depuis les années 80  le bruit des massettes s’est tu petit à petit dans le vallon. Des messieurs en cravate se sont aperçus qu’il n’y avait jamais eu d’autorisation d’exploiter. Malgré la qualité de ses ardoises, l’exploitation de la carrière n’a pu résister à la pluie de mesures contraignantes qui se sont abattues sur le site.Un projet de réouverture des ardoisières d’Anglars ressort des dossiers de temps à autre. L’exploitation ne se ferait pas en souterrain et les blocs extraits par explosifs seraient stockés dans des bassins pour entretenir l’humidité en attendant leur taille définitive. L’impact esthétique  sur l’environnement risquerait d’être désastreux. A suivre donc…En attendant, on fait venir maintenant les lauzes du Brésil et l’ardoise est salée!!!On marche sur la tête dites vous?

 

Quitte à marcher, parcourons les pentes abruptes pour y dénicher quelques vestiges.A l’extérieur subsistent quelques ruines de cabanes où étaient taillées les lauzes à l’abri des intempéries ou du cagnard qui peut régner sur ces versants.

 

Les ardoises étaient remontées à l’aide de chars à bœufs sur des chemins très pentus qui portent encore les stigmates laissés par les roues.

 

Un article de Baguenaudes sans berline serait bien étonnant ! On peut également, en cherchant bien, dénicher quelques exemplaires bien défendus par la végétation.

 

 

L’association Histoire et Patrimoine d’Anglars du Cayrol (12500) effectue un travail remarquable afin que ne tombe pas dans l’oubli cette activité qui a occupé jusqu’à 160 personnes sur la commune. Des cabanes sont remontées, des chemins ré ouverts et un petit musée rassemble photos, outils et maquettes qui servent de support à des animations très intéressantes.

 

Attention!. La visite  non guidée de ces lieux n’est pas sans danger. En effet, le terrain n’étant plus entretenu, la nature reprend ses droits et comme elle a horreur du vide, je vous laisse deviner quelles sont ses intentions. Il est plus sage de visiter en regardant les photos suivantes:

 

A bientôt pour de nouvelles observations et n’oubliez pas vos sabots.

Mine de fer

Direction le Causse.
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J’avais dans le collimateur cette ancienne mine de fer sur laquelle les renseignements ne sont pas légion.Sur le plateau plusieurs mines de fer ont été exploitées pour alimenter les hauts fourneaux de Decazeville. Le comte Decazes a introduit la fabrication anglaise de la fonte en alliant l’hématite (fer) avec le coke (charbon cuit). Auparavant la fonte était faite à l’aide du charbon de bois.La forte demande de minerai de fer fut à l’origine d’une mise en place sur le plateau d’ un réseau ferré. Un convoyeur aérien a même été édifié pour descendre le minerai dans la vallée. Hélas il ne reste pratiquement plus de traces de cette activité ferrovière.Dans cette région, jai déjà eu l’occasion de pénétrer dans 2 mines de fer dont une d’un grand développement. Las, un changement de propriétaire en restreint l’accessibilité pour le moment.Il en restait une troisième à découvrir. Après une petite prospection dans un paysage toujours aussi beau un accès a été trouvé . Une première tentative avec mon pote Christian s’est révélée infructueuse, l’entrée ne laissant pas passer nos merveilleux corps bodybuildés aux épaules impressionnantes.
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La deuxième tentative a été la bonne mais non sans mal. Il a fallu se faufiler dans une chatière de 5 à 6 mètres de long, très pentue en grattant la terre avec un tournevis et en repoussant le tout avec les pieds tout en se demandant si on pourrait remonter. Le doute a longtemps plané mais à l’idée de pénétrer dans une mine où l’ami  François n’avait pas mis les pieds nous a permis non sans mal  de franchir l’obstacle.
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On débouche dans un boyau assez exigu et pentu qui donne accès à la mine . C’est très étonnant car si cette entrée débouche bien à l’extérieur sur un grand chemin, il est impossible que le minerai soit sorti par là. Notre visite ( pas complète) ne nous a pas permis de découvrir d’autres accès.Une carte assez vague laisse penser que la mine recouvrait une surface bien plus étendue que celle que nous avons parcourue. Une autre visite s’impose donc.
mine de fer (3)

 

L’ambiance intérieure est beaucoup plus « spéléo » que minière. Nous n’avons pas vu de vestiges industriels .(Désolé François). On trouve quand même quelques traces de traverses de voie ferrée dans 2 galeries perpendiculaires à une descendrie,  quelques hagues et …un étai en bois mais toute la ferraille a été enlevée. C’est une exploitation en piliers tournés avec un pendage de 20°. Le ciel est bas ce qui rend la progression parfois un peu pénible. C’est assez humide mais les traces d’éboulements rencontrées sont anciennes car concrétionnées. Les parties visitées semblent bien se tenir.
mine de fer (5)

 

De belle concrétions nous  récompensent des efforts produits .
mine de fer

 

La fatigue aidant, le retour s’est bien déroulé comme nous le prévoyions. C’est à dire qu’ on en a chié pour sortir!
mine de fer (2)

 

Mais c’est vite oublié car  cette incursion valait vraiment le coup.Voici quelques vues dérobées pendant la visite.

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Petit rappel à propos des concrétions:L’eau en s’infiltrant érode le calcaire par le frottement de l’écoulement. Cette action est renforcée par l’action du dioxyde de carbone dont l’eau s’est chargée en traversant les couches
végétales en surface créant une acidité. Cela suffit à dissoudre les molécules de calcaire. L’eau saturée en calcium arrive dans la caverne par les fissures de la roche et dépose son bicarbonate de calcium selon deux processus :1/ par dégazage du gaz carbonique et par précipitation du bicarbonate de calcium, lequel sèche et se cristallise en calcite. 2/Par évaporation et dépôt : l’eau s’évapore et la calcite se cristallise naturellement formant peu à peu une concrétion.

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Quand l’eau est chargée de fer (l’eau ferrugineuse), les concrétions se colorent. Tout ceci pour introduire  la récompense pour votre attention!