Eglise de Vinnac

 

Continuons nos errances Nord Aveyronnaises:Partant de Coubisou, il n’est nul besoin de parcourir une grande distance pour trouver d’autres églises romanes. A tire d’ailes de choucas, nous arrivons à Vinnac, pâté de maisons au mileu des vignes où se cache une belle église surmontée d’un clocher-peigne.

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Il faut lever le nez pour avoir un aperçu de ses richesses.

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Tournée vers la vallée du Lot, la façade Sud, possède une rangée de corbeaux remarquables. Comme bien souvent, l’imaginaire et l’habileté des sculpteurs de modillons sont remarquables.

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On ne sait pas trop quelles étaient leurs motivations pour parer ainsi des monuments religieux de figures grotesques, voire polissonnes, en tous cas, cela montre une ouverture d’esprit qui semble disparue.

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Il n’est pas rare de rencontrer cette sirène bicaudale en position impudique comme ici sur un chapiteau de l’église de Bessuéjouls.m6_mante_r20Ou bien à la chapelle des pénitents à Saint Côme située à quelques kilomètres.m6_mante_r23

 

La modernité des représentations est confondante. A droite, ne dirait-on pas un oiseau échappé des planches de Mœbius?

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Pour voyager dans le temps, ce simurgh fera un excellent moyen de locomotion.

 

L’église est fermée, mais la chance est de notre côté car une charmante personne accepte de nous procurer le précieux sésame sous la forme d’une clé impressionnante.

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L’intérieur est assez classique avec son chœur roman et son agrandissement gothique datant du XIVe.

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Dans une des petites chapelles latérales on peut observer un bel harmonium de la maison Rodolphe.

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La bonne surprise vient du balcon situé au fond de la nef. Une petite porte ouvre sur la sous-pente où un escalier en bois branlant donne accès aux cloches.

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La vue sur la campagne environnante est splendide.

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Nous vous présentons la cloche Jeanne Joséphine Sylvie…

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et sa dédicace.

J’ai été refondue l’ an 1953
Grace à la générosité des parisiens
Et des paroissiens de Vinnac
S.Exc Mgr Marcel Marie Dubois étant évêque de Rodez
L’abbé Leonard, curé
J’ai eu pour parrain Emile Baldit
Et pour marraine Sylvie Burguière épouse Alazard

 

Reprenons notre monture ailée et continuons notre périple par Cabrespine. Les anges sont décidément de notre côté car l’église est exceptionnellement ouverte.

Si à nos yeux profanes, la nef n’offre pas d’intérêt particulier, là aussi une porte dans l’angle du balcon réserve une bonne surprise.
L’huis s’ouvre, accompagné d’un grincement de circonstance, et nous découvrons un magnifique escalier étroit en colimaçon.

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Lors de son ascension, on passe devant une niche abritant le passage des cordes qui actionnent les battant des cloches.

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L’arrivée au sommet est magnifique !

Nous ne sommes pas à Pâques aussi elles sont bien toutes présentes. Quatre cloches, quelque peu conchiées par les cousins de notre monture, occupent le clocher-peigne.

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Celle-ci a la particularité d’avoir une dédicace à l’orthographe un peu fantaisiste. Le fait n’est pas rare. L’illettrisme était répandu à l’époque et pour ne rien arranger, les lettres étaient placées « en miroir » sur la matrice lors de la fabrication du moule.

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FONDEE RPA LES SIEURS TRIADOU A RODEZ EN 1849
SAINTE MARIE PRIYE POUR NOUS

 

Ravis par le cachet si particulier de ces petits  villages du Nord Aveyron nous continuerons d’explorer cette région pour le plaisir des yeux…et de la table !

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Eglise de Coubisou

 

Proches de la vallée du Lot, des petits villages sont disséminés sur les contreforts Sud des monts d’Aubrac. Aujourd’hui, nous allons traîner nos guêtres à Coubisou,  petit village proche d’Espalion. Flâner parmi les ruelles pentues du bourg permet de découvrir de beaux corps de bâtiments dont certains datent du XVIIe.

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Le clocher de l’église, par sa dimension impressionnante, écrase quelque peu  ce hameau. Sa taille peut étonner, mais dans un temps passé, la campagne était exploitée dans ses moindres recoins notamment pour la production de vin. La qualité très aléatoire de celui-ci ainsi que les ravages du phylloxéra ont entraîne l’abandon progressif des vendanges. A cela, il faut ajouter une configuration des terrains rendant difficile  l’exploitation  mécanisée. Tout ceci a pour corollaire une baisse très sensible de la population. De près de 3000 habitants en 1830 elle est maintenant de 500 personnes en 2012. Nonobstant ces difficultés, le bon vin coule de nouveau à Coubisou qui accueille la Maison de la vigne du vin et des paysages d’Estaing.

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Les emplacements nivelés étant rares, l’église est nichée sur une petite terrasse au cœur du village. L’aménagement de la route qui la cerne à moitié a fragilisé les fondations.

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Quand on pénètre dans l’édifice, on est surpris par les proportions. Le chœur roman (XIe, XIIe), en cul de four, est de belle dimension puisqu’il occupe la moitié de la surface de l’édifice. Trois fenêtres diffusent une belle lumière assez rare dans les chapelles romanes.

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Par contre la nef est réduite à la plus simple expression. A la fin du moyen-âge une nef gothique fut projetée mais le projet resta inachevé. Au XVIIIe la nef a été réduite et ne subsistent que 2 chapelles latérales d’où l’impression de disproportion des lieux. La décoration est très sobre, mais on y trouve quand même une belle sculpture polychrome du XVIe.

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Revenons au clocher dont la taille donne une idée du projet grandiose. Par chance, nous avons pu accéder par un petit escalier en bois à la pièce où se trouvent trois cloches.

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Les jougs (ou moutons) qui servent de contrepoids pour le balancement des cloches.

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On peut admirer l’ancien système d’horlogerie. Ménagé dans l’épaisseur du mur, un petit puits accueille les contre-poids en pierre suspendus par un câble .

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Un échafaudage de grosses poutres supporte les cloches. Je suppose qu’il a également pour fonction d’absorber une partie des vibrations pour soulager la maçonnerie. On aperçoit un contrepoids en pierre du système d’horlogerie.

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La plus grosse cloche est de taille respectable.

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La pince porte deux ébréchures dues à l’impact du battant. Maintenant, un marteau actionné électriquement remplace l’ancien système.

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Dédicace :
FONDUE EN 1884 J’AI ETE REFONDUE EN 1913
MA MARRAINE A ETE MME EMILY DEVIC
MON PARRAIN MR L’ABBEE P CONQUET
LES FABRICIENS MRS ALAUX FCOIS ALAUX JPh
BELIERES BURGUIERE NAYROLLES
CURE MR L ABBE JB COUTON
FONDERIE POURCEL VILLEFRANCHE D’AVEYRON

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Au dessus des cloches, la charpente du toit est un bel agencement. La toiture, avec ses lauzes maintenues par des chevilles en bois, supporte à l’extérieur une autre petite cloche.

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Chapeautant le chœur, la structure de la charpente en demi cercle est magnifique.

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Tous ces recoins sont une aubaine pour les choucas qui conchient allègrement les lieux. Tout ce qui tombe du ciel n’ est-il pas béni ? (dixit Toto).

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Ressortons pour profiter des premiers rayons du soleil qui dissipent les rets de la brume matinale. C’est le moment d’aller se taper la cloche en allant déguster un  de ces tripous qui font la renommée de Coubisou !

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La grotte aux cristaux

 

Les errances de Baguenaudes continuent de trous en trous. La périnégration cette fois-ci nous mène dans une cavité ornée de  concrétions aux érections spectaculaires digne des œuvres de Mc Carthy. La majesté des lieux impose une approche des plus humbles puisque, tel le vermisseau, il faut se tortiller longuement dans une boue amoureuse avant de pouvoir lever les yeux vers ces salles aux parures magnifiques.

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La beauté des lieux nous récompense largement de nos efforts rampignolesques.

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Il faut progresser avec précaution afin de ne pas souiller la blancheur virginale des concrétions et prendre bien garde de ne pas casser une délicate fistuleuse. On touche avec les yeux !

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Je vous ai déjà parlé de manière très succincte de la formation des concrétions. J’ajoute vite fait que le carbonate de calcium se reprécipite généralement en cristaux rhomboédriques pour former la calcite.

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Plus rarement, les cristaux prennent une forme orthorhombique et nous offrent ces splendides bouquets d’aragonite.

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Au gré des fluctuations environnementales (variation du débit de l’eau, courants d’air etc.), les cristallisations peuvent prendre des formes improbables.

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Ici une stalagmite se développe sur une fistuleuse tombée du plafond.

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Là, nous avons droit à une délicate coupelle.

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La calcite se dépose également sur le bords des flaques. Telle Pénélope, elle tisse inlassablement un voile gracile à la surface de l’eau.

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A la longue, des dentelles festonnées se forment. Nous sommes alors en présence de gours.

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Par endroits, ces bourrelets peuvent devenir importants, formant des terrasses surplombantes au dessus de l’eau.

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Éblouis par toutes ces formations révélées par le faisceau de nos lampes, nous avons bien du mal à quitter ces lieux si fragiles en s’efforçant de ne pas laisser de traces de notre visite.

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La grotte aux cristaux.

La colonie agricole et pénitentiaire du Luc (Fromagerie)

Bien, revenons à nos moutons ou plutôt à nos brebis.
Le Causse de Campestre fait partie d’un système karstique où dolines, poljè, hums et avens font le bonheur des spéléologues et cruciverbistes.
Sut la a propriété des Marquès de Luc se trouve un aven spectaculaire qui a attiré la curiosité d’un certain Jeanjean. En 1857, suspendu à une corde, il atteint le fond. Là, il découvre que l’aven communique avec une vaste salle souterraine. Nous ne sommes pas loin de Roquefort et Jeanjean évoque la possibilité d’aménager cette cavité en cave pour l’affinage du fromage. L’idée est reprise en 1882 par un ingénieur (Mr Brisson) venu de Paris pour faire des études laitière. Une première expérience s’avère concluante. Elle sera récompensée par une médaille au concours agricole de Paris en 1883.
L’édification de la fromagerie est décidée malgré les difficultés incroyables à surmonter. En haut de l’aven une bâtisse de 6 étages est bâtie, plaquée sur la paroi verticale. L’édification, suspendue au-dessus du vide a dû être pour le moins ardue.

colonie du Luc

 

Sur le plateau, l’accès à l’étage supérieur de l’édifice dominant le vide se fait par quelques marches taillées dans la roche au ras du précipice.

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La verticalité de l’environnement fait que les différents étages ne peuvent être  atteints que par des trappes intérieures munies d’échelles.

colonie du Luc

 

Dans la pièce inférieure, une grande ouverture fait face au vide. En effet, l’accès à la cave, 60 m. plus bas ne peut s’effectuer qu’à l’aide d’un treuil. Suspendu en plein vide, la journée de travail devait commençer  par une descente bien effrayante.

colonie du Luc

Le treuil est toujours là boulonné sur le sol. Il est actionné à l’aide de deux manivelles et muni d’un frein manuel pour contrôler la descente. Face au vide impressionnant, il semble bien dérisoire quand on songe au préposé au frein ayant la vie de son compagnon entre les mains !

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Du pied de l’aven, on distingue à peine, tout en haut, la fromagerie et l’ouverture par où passait le câble. La verticalité est totale !

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Nous ne pouvions que répondre présent à cet appel du vide , histoire de tester l’ambiance!

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Voir le Fichier : essai2_1422032981.mp4

 

Cette descente nous a permis de se rendre compte que l’arrivée du câble ne se trouvait pas en bas de l’aven, mais, sur un balcon qui domine d’une dizaine de mètres celui-ci.

colonie du Luc

Au pied de cette terrasse suspendue, on trouve encore des bouts de ferraille dont l’utilité nous échappe: système pour remonter les fromages sur le balcon ou restes de l’appareillage du treuil benné au fond de l’aven ? Mystère.

A l’extrémité de ce balcon, face à l’entrée de la cave, quelques marches permettent d’atteindre le haut de l’éboulis qui dégringole vers l’entrée de la cavité. Il est possible que l’agrégat recouvre maintenant un aménagement facilitant la descente jusqu’à l’entrée de la cave.

colonie du Luc colonie du Luc

 

Nous allons voir maintenant que la démesure ne s’arrête pas là ! La production de fromage augmentant, ce moyen d’acheminement s’avère nettement improductif.
Qu’importe, l’ingénieur n’est pas à cours d’idées exorbitantes d’autant que la main d’oeuvre est nombreuse et peu couteuse !
A deux cents mètres de l’aven, se trouve une vaste dépression naturelle (doline). Un tunnel est percé pour faire la jonction entre la cavité et la doline. Sur le pourtour de celle-ci, un chemin hélicoïdal est aménagé avec une déclivité la plus faible possible pour effectuer la jonction entre le tunnel et le plateau.

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L’entrée du tunnel au niveau de la doline.

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Pour pallier la faiblesse de la roche encaissante, une portion a été renforcèe par un parement soigneux.

 

Différents témoignages semblent faire l’amalgame avec les faits souvent dramatiques relatés dans ldifférentes colonies. Ils alimentent sur le Luc certaines affabulations tentées par la dénonciation de faits révoltants ou par goût du sensationnel qui, sont hélas souvent assénées comme vérité. Par exemple, une légende tenace évoque le creusement du  tunnel   au pic par les enfants alors qu’une simple observation sur place révèle sans ambiguîté des traces de minage et de tir d’explosifs, preuves d’un travail de professionnels. Ceci dit, il est plus que probable que les colons aient massivement participé à ces travaux de terrassement qui se déroulèrent au cours de l’année 1885.

colonie du Luc

colonie du Luc

 

On débouche dans la cavité au sommet d’un escalier en pierres de taille qui ne déparerait pas dans un château tant son édification est soignée. Tous les degrés sont formés d’un seul bloc parfaitement taillé. (Récupération ?)  Trois volées de marches descendent dans la salle aux dimensions impressionnantes.

colonie du Luc

colonie du Luc

colonie du Luc

A propos de cet escalier, on peut légitimement s’interroger pourquoi le tunnel ne débouche par au pied de l’aven. Mr Daniel André émet l’hypothèse qu’en perçant le tunnel au niveau de la base de l’aven, la remontée des gravas coté doline aurait nécessité un chemin beaucoup trop pentu pour les animaux de trait. Il était beaucoup plus pratique de se débarrasser des gravas en les jetant dans le bas de la doline.

 

Aujourd’hui un peu de lumière nous parvient de l’aven. Ce n’était pas le cas lors de l’exploitation de la cave.

 

Un mur haut d’une vingtaine de mètres isolait complètement la salle du reste de l’aven.
colonie du Luc         colonie du Luc Photos Amm Avril 2013 

 

L’hiver dernier a été fatal au dernier pan.

 

Dans un coin manifestement aplani, (les déblais sont entassés contre la paroi de l’aven), le sol est jonché des claies délabrées où murissaient les fromages.

Il faut tenter d’imaginer les conditions de travail dans ces lieux où la température est d’une  dizaine de degrés et dans une obscurité difficilement combattue par les quinquets. Il faut ajouter à cette ambiance  un taux d’humidité de 72% bon pour le développement du Penicillium, mais certes pas pour les organismes du personnel.

Au cours de l’année 1885, il a été envisagé une grande extension afin de quintupler la production. Parmi les aménagements prévus, il est fait mention de l’aménagement d’une voie ferrée de type Decauville. Difficile de savoir si elle a été réalisée, mais il fort probable que non.En 1994, une observation des claies encore en place correspond à l‘inventaire de 1886. La liste des ustensiles donne à penser que le personnel n’excédait pas 6 personnes. Le chemin d’accès et le tunnel ne comportent aucune trace de pose de voie ferrée et la pente apparait incompatible.
La concurrence des caves de Roquefort qui ont drainé l’approvisionnement du lait a sonné le glas de ce projet mirifique. La fromagerie est restée, semble-t-il, une activité très marginale de la colonie du Luc. Les statistiques des prisons et établissements pénitentiaires mentionnent 2 colons affectés à la cave entre 1884 et 1903. L’activité fromagère a cessé en 1904, la cavité servant ensuite de cave à vin. (Marquès de Luc possédait un vignoble dans l’Hérault où il envoyait quelques colons méritants  « en vacances » pour les vendanges).

Voir le Fichier : Travaux_1902.pdf

 

La tour mystérieuse.
Proche des bâtiments, sur le plateau, demeure une construction énigmatique. Un puits d’une trentaine de mètres de profondeur et de deux mètres cinquante de diamètre a été creusé dans la roche, au prix d’un effort conséquent. Là aussi, les rumeurs prétendent que c’est le fruit du travail des colons, mais il est permis d’ en douter. Ce puits est entouré d’un mur circulaire haut de deux mètres cinquante A son sommet, on note sur la périphérie  la présence d’encoches. (Charpente de couverture ou appareillage pour une poulie ?)

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Ce puits est fréquemment qualifié de cheminée d’aération qui n’aurait pas abouti à cause d’une erreur topographique. (Sa profondeur est de 29.5 m.) Une telle erreur nous parait étonnante mais pas improbable. Un projet d’extension en provenance des archives de Mr. Marquès mentionne bien le creusement d’un puits profond de 42m mais le plafond de la cave est bien plus bas. Où devait déboucher ce puits? Tentative avortée ? Est -ce bien le puits qui se trouve dans la tour ? Mystère!
Monsieur Pizio évoque la possibilité que l’on soit plutôt en présence d’une glacière.  La présence d’un endroit frigorifique pour fournir de la glace au plus près de la fromagerie afin d’assurer le transport peut paraître plausible, mais ce n’est qu’une hypothèse parmi d’autres et la profondeur du puits est peu compatible avec celle des glacières (Une dizaine de mètres.)

 

Conclusion:La colonie fut bien créée dans un but philanthropique, il n’empêche que les enfants ont permis la transformation d’une terre aride en la plus belle exploitation de la région.
Concernant les conditions de vie des colons, des témoignages contradictoires attestent que, la nourriture était très correcte au Luc, mais aussi, que les enfants étaient chaussés de sabots sans bride destinés à entraver une tentative d’évasion. Si un gardien-chef (Mr. Aumetz)  a fait l’unanimité concernant son humanité, ce n’est pas le cas pour d’autres dont le renvoi fut nécessaire.
Dans son roman , J. Castan mentionne un incendie provoqué par les enfants en janvier 1887, prétexte à l’ évasion d’une trentaine d’entre eux. Les séjours en cellule au régime pain sec sont souvent évoqués, mais l’auteur évoque  un profond respect envers M. Marquès du Luc, jugé sévère mais juste, par les colons.  En 1886, ce dernier porta plainte contre un instituteur soupçonné d’attentat à la pudeur.Pour être complet, il faut ajouter qu’ à leur mise en liberté les colons se voyaient remettre un pécule gagné par leur travail et divers récompenses ainsi qu’un livret de caisse d’épargne. Ils étaient munis également d’un trousseau. Les colons méritants étaient patronnés pendant leur réinsertion dans la société.Pendant la période 1856-1904. Le Luc est un établissement privé avec le statut de colonie agricole et pénitentiaire pour jeunes détenus.
Fin de la colonie et du domaine du Luc:
Si en 1856, l’Etat est favorable aux colonies privées, la situation change à partir de 1880 quand l’Etat veut reprendre la main sur le carcéral. Les subventions stagnent et le placement des colons se fait principalement dans les établissements publics. Dés 1886 M. Marquès propose la vente ou la location des locaux. En 1900, le député du Gard relève que Le Luc perd entre 35000 et 40 000 franc par an.(Tient-il compte des revenus de l’exploitation ?) Face aux refus de l’administration, M. Marquès doit, soit fermer, soit s’adapter.
Par philanthropie ou pour entretenir l’exploitation du domaine (je vous laisse le choix), il décide de continuer. Le Luc devient école professionnelle* en 1904. Une brève tentative de réserver l’accueil aux filles n’a pas été poursuivie. Rapidement, le Luc accueille des enfants difficiles de l’assistance publique sans que cela change grand-chose aux conditions d’hébergement. Le nombre des colons diminue sensiblement.
En 1912, des désordres ont entraînés une inspection qui conclura que l’établissement relève plus d’une colonie pénitentiaire que d’une école destinée à des élèves dont on pourvoit à l’amélioration. Le manque de gardiens ainsi que leur formation inexistante  sont mis en exergue. L’école fermera définitivement en 1929.
* A partir de 1889, l’administration pénitentiaire se trouve en concurrence avec l’Assistance publique. En 1902, les tribunaux sont autorisés à imposer à celle-ci les enfants « difficiles ».
Pour accueillir ces enfants, l’Assistance publique crée les écoles professionnelles. Si elles ne rencontrent pas un grand succès car la cohabitation entre vrais pupilles et délinquants pose problème, le département du Gard est demandeur pour combler une pénurie de main d’œuvre agricole.
Pendant 70 ans, les enfants ont façonné le paysage afin de le rendre productif, améliorant aussi les voies de communications. La population locale a profité des retombées de l’exploitation de cette colonie et ne souhaite manifestement pas entretenir le souvenir de cet épisode de leur histoire. Souhaitons qu’avec le temps, ces plaies se cicatrisent. Ce silence entretient, voire alimente, certaines extrapolations exagérées.

MUNDATUR CULPA LABORE Purifier la faute par le travail. Cachet du Luc (Cote 1Y163)

Pour conclure, les conditions de détention du Luc étaient dures et certains excès de la part de certains surveillants ont existé, mais sans commune mesure avec ce qui a pu se dérouler dans d’autres colonies où les enfants étaient de véritables esclaves. Je citerai Lucien Bossy: Le Luc ? Mais c’était le paradis des bagnes d’enfants !

Je le répète, il faut avoir en tête le contexte historique. Le statut des enfants fin XIXe était très loin du cocon protecteur actuel.

A partir de 1929, la prise de conscience de la situation des colons entraine la fermeture progressive des colonies. Le conflit de 14-18 ainsi que la baisse de la natalité qui en découla ont provoqué une diminution de la main d’œuvre bon marché. La crise de 1930 frappe durement le monde rural. Plus tard, l’augmentation des salaires ainsi que la concurrence de Roquefort, tout cela entama assez rapidement le rapport du domaine qui sera vendu dans les années soixante.

 

Ne possédant au mieux que des informations de seconde voir troisième main, les bâtiments de la fromagerie nous laissent encore des points d’interrogation notamment concernant les travaux d’aménagement effectués par rapport à la production fromagère présumée ainsi que son impact sur la colonie.
Qu’importe, acceptons  cette portion de mystère comme héritage de la part des enfants oubliés du Luc.

Je vous présente enfin quelques rares documents gracieusement mis à notre disposition par Mr. Lacotte. Tranches de vies

 

J’ai tenté de faite une synthèse la plus objective possible, mais, il reste néanmoins une partie subjective par manque de documentations et Il est difficile d’éviter un ressenti personnel face à de tels lieux chargés d’histoire..

 

Remerciements:
Je voudrais exprimer ma gratitude à M.Lacotte. Le résultat de ses recherches a servi de fil conducteur tout au long de ces articles. Il a eu la gentillesse de me recevoir et les entretiens concernant ses travaux ont été une aide très précieuse.
Je remercie vivement M. Pizio pour son accueil et sa patience pendant la visite des cellules ainsi que Mme et M. Valette pour leurs précieux renseignements et leur gentillesse.
Un grand merci également à Amm sans qui je n’aurai pas eu connaissance de ce site. Ses relations spéléologiques ont été précieuses quant à la compréhension du site notamment grâce aux travaux de Mrx Daniel André, Philippe Galant et Jacques Rieu. Nous leur devons une remarquable description de la fromagerie parue dans le bulletin du comité départemental de spéléologie de l’Hérault. N°11  année1997.Très instructif également, le DVD Cave bâtarde du Roquefort. Saint Ferréol. contact-jblt@orange.fr avec qui j’ai eu des échanges très constructifs.

 

Pour aller plus loin:
Vous pouvez trouver de très nombreuses statistiques concernant la durée des peines, l’état sanitaire etc. des colonies en cliquant sur ces deux liens:
1856-1888
1880-1903
De nombreux articles très intéressants: Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière »
Articles connexes:
Colonie pénitentiaire du Luc. (Genèse)
La colonie pénitentiaire du Luc. (Bâtiments.)
La colonie pénitentiaire du Luc. (Cellules.)

 

La colonie agricole et pénitentiaire du Luc. (Bâtiments.)

Génèse.

Quand on passe devant l’édifice du Luc Haut, rien ne laisse soupçonner ce à quoi il était destiné.

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Pourtant, si la curiosité vous fait lever la tête, vous trouverez  une ancienne fenêtre  encore munie de barreaux, symbole d’un univers carcéral.

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Nous allons passer en revue ces locaux pour tenter de rattacher le présent au passé de la colonie.

Comparaison entre deux photos aériennes prises en 1948 et 2010. L’école a disparu et un hangar a été construit à l’emplacement du portique érigé pour la culture physique.

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Sur la façade donnant sur la route, on constate que la toiture n’est pas d’origine. Un étage a disparu. En 1937 une épaisse couche de neige est venue à bout des toits mal entretenus.

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Un siècle est passé, mais il reste une ambiance prenante quand on pénètre dans la cour intérieure. Il règne entre ces murs un grand silence et il est difficile d’imaginer que en moyenne, 200 enfants séjournaient entre ces murs, faisant raisonner ceux-ci du martèlement de leurs sabots.
Dans les années 1990, Mr Marquès a vendu la caserne et ses dépendances. Le groupe de bâtiments actuel est maintenant morcelé en différents appartements plus ou moins réaménagés sans que cela ait trop modifié l’agencement originel de la cour intérieure. Les fenêtres des parties non rénovées sont obturées. Le troisième étage, fortement dégradé, est menacé de ruine. L’absence de cheminée pour un climat si rude indique des conditions de vie spartiates.  Seules l’école, l’infirmerie et la cuisine possédaient un moyen de chauffage pour affronter un hiver sans pitié. Un rapport d’inspection de 1893 mentionne que la plupart des malades souffraient d’affections des voies respiratoires.

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Au centre de la cour d’honneur se trouve une des six citernes qui approvisionnaient la colonie en eau. Si l’on excepte la période de 1865 à 1870, la colonie est tenue dans un état sanitaire irréprochable. (G. Lacotte). Un médecin se rendait sur place deux fois par semaine (en principe). Les colons avaient droit à deux bains chauds . . . par an, ablutions complétées à l’aide d’une rivière et des lavognes  pendant la saison chaude.

Une chapelle (XVIIIe) quant à elle, se chargeait de laver l’âme des colons. A partir de 1886, suite au courant anticlérical, l’instruction religieuse est supprimée, ne subsiste que la messe dominicale.

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Une fois la colonie fermée, l’entretien des bâtisses devenant trop onéreux, une partie des bâtiments fut abattue par Mr Marquès alors maire de Campestre.
A gauche de la chapelle, séparée de la cour d’honneur par une petite grille, se trouvaient les bâtiments réservés à la direction et au personnel encadrant.
La partie droite avec les chiens assis a été volontairement détruite tandis que la partie gauche est devenue un gîte d’étape.

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Nous sommes sur l’emplacement de la cour des petits. L’ancienne école a disparu. Elle se situait devant ce bâtiment (vraisemblablement le réfectoire et les cuisines où deux fenêtres ont conservé leurs barreaux.) Pendant la première période, seuls 40 % des détenus profitent de l’enseignement avec plus ou moins de succès. Parallèlement à de l’instruction militaire, des cours de musique sont donnés et Le Luc possède son orphéon. Des défilés animent les fêtes villageoises environnantes. A partir du changement de statut en 1904, tous les élèves doivent recevoir l’éducation primaire jusqu’au certificat d’étude.

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A gauche de la descente de gouttière, les murs portent les traces d’un escalier menant à la porte désormais condamnée du dortoir des petits. Le rez-de-chaussée abritait un grand réfectoire.

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 La majorité des colons était employée aux industries qui se rattachent au milieu agricole. Pour occuper les colons l’hiver, plusieurs ateliers sont créés en 1865. Filets, rotins, cordonnerie apportaient des revenus complémentaires. Les portes des ateliers servant maintenant de remise agricole sont toujours visibles.

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Sur cette ancienne photo nous pouvons voir, au même endroit, les colons employés à un atelier de vannerie vers 1895. Cette année là, vingt-cinq colons étaient affectés à cette activité.

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Document G.Lacotte

 

Au premier plan, ce grand mur délimitait la cour des grands. Aujourd’hui, les clameurs des enfants sont remplacées par les aboiements d’un chenil.

A gauche, la façade du bâtiment comporte à l’étage une fenêtre qui donnait  sur l’infirmerie. Le volet en bois ferme un couloir qui desservait les cellules.

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colonie agricole et penitentiaire du luc

Voici la vue latérale du bâtiment avec, au dessus des cellules, l’étage du dortoir des petits et à son extrémité, l’infirmerie.
Les marches en pierres de l’escalier desservant ce niveau sont marquées par l’usure due aux nombreux sabots qui les ont gravies.

colonie agricole et penitentiaire du luc

En dessous, cinq cellules occupent le rez-de-chaussée du bâtiment. Mutineries, vols, fugues et actes immoraux conduisaient à un séjour plus ou moins long dans ces réduits d’isolement. Nombreux furent les enfants qui apprirent à leurs dépens que l’escampette  n’était que poudre aux yeux. Crânes rasés et uniforme voyant étaient facilement repérables dans ces espaces désertiques où la chasse aux fugueurs était une activité lucrative pour les agriculteurs. Malgré cela, pour beaucoup, la tentation de voler quelques instants de liberté était trop forte.

Quatre-vingt ans plus tard, les portes et barreaux sont toujours là, témoins poignants d’une discipline implacable. Par exemple,  un certain Michelot écopera en plusieurs fois de 38 jours d’internement entre avril 1889 et février 1890 pour des causes allant d’insubordination à réplique aux observations de son gardien.

A l’intérieur des cellules, les murs parlent encore. On peut constater qu’après 1904, date à laquelle la colonie pénitentiaire est devenue une école professionnelle pour pupilles, les séjours en cellules ont perduré. Pour découvrir les émouvants témoignages laissés par les gosses, cliquez sur l’image en dessous.

colonie agricole et penitentiaire du luc

 

Un autre édifice placé au carrefour avait une grande importance puisqu’il abritait le moulin, le blutoir et le four. Les meules étaient actionnées à l’aide d’une machine à vapeur. Cette bâtisse, transformée en restaurant, ne garde plus aucun souvenir de ces fonctions.

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Sa façade opposée ferme un côté de « la cour des vivres » appelée aussi « cour de l’incendie ». Le feu était la hantise au Luc. Plusieurs mises à feu volontaires ont été déclenchées afin de faciliter des évasions.
Dans cette cour on trouve également les vestiges d’une tour moyenâgeuse, unique vestige de l’époque de la puissante famille des Roquefeuil.

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Pour être complet, jetons un oeil sur le Luc Bas situé 500 mètres à l’Est. Cette métairie fut cédée aux Templiers en 1258 et devint propriété des Marquès en 1798. Il est dommage de constater que ces bâtiments à l’architecture typique des Causses soient dans un tel état de délabrement.

colonie agricole et penitentiaire du luc

 

De cette métairie, toujours propriété de Mme Marquès de Luc en 2014, un large chemin nivelé avec soin par les colons se dirige vers le Nord pour desservir 1500 mètres plus loin une fromagerie implantée dans une  grotte dont la situation et la conception sont exceptionnelles seront décrites dans un prochain article. Vous y découvrirez notamment les différents aspects spectaculaires et émouvants de la cavité glaciale au pied de l’aven de St Ferréols.

colonie agricole et penitentiaire du luc

 

Colonie agricole et pénitentiaire du Luc (Genèse)

Colonie agricole et pénitentiaire du Luc (Genèse)

Baguenaudes qui a pour habitude de folâtrer à quatre pattes dans l’herbe ou la boue et dont la plume et l’humour possèdent la légèreté d’un AMX 30 rouillé, Baguenaudes, donc, s’attaque aujourd’hui à un sujet bien pesant que l’Histoire, penaude, se dépêche d’oublier.

Cliquez sur les textes colorés en bleu pour avoir plus de détails.

L’objet de ces propos liminaires concerne une colonie agricole et pénitentiaire fondée en 1856.

Plantons le décor:

Nous sommes sur les Grands Causses où la nature a façonné des paysages empreints de majesté. Soleil de plomb l’été et grandes froidures l’hiver, il a fallu aux paysans la ténacité d’une tique pour s’accrocher et subsister sur ces terres caillouteuses et dépourvues d’eau excepté quelques lavognes souvent taries au plus fort des chaleurs.

colonie agricole et penitentiaire du luc

Quand on arpente ces paysages somptueux, il est difficile d’imaginer les événements qui s’y déroulèrent il n’y a pas si longtemps. Pourtant, bien cachés, des vestiges impressionnants demeurent et racontent une histoire qui ne peut laisser indifférent.

 

De ces grands espaces contemplatifs émane  une impression de liberté, pourtant, paradoxalement, c’est une des raisons de l’implantation d’une colonie pénitentiaire en 1856. Ici, pas besoin de grandes murailles ni de grilles, l’étendue du paysage désertique rend toute tentative d’évasion vouée à l’échec. Pourtant, plus d’un colon ont été tentés par une envie irrésistible de liberté, rêve qui  se transformait immanquablement en cauchemar au cours d’un séjour en cellule d’isolement.

colonie agricole et penitentiaire du luc

 

Origine des colonies agricoles et pénitentiaires :

Tout ceci prend une dimension encore plus poignante quand on sait que les détenus étaient mineurs et orphelins pour une bonne part. La misère latente qui régnait au XIXe parmi les classes laborieuses favorisait une nombreuse délinquance juvénile qui effrayait le bourgeois.

En attendant l’invention du Karcher, les gavroches et sauvageons livrés à eux-mêmes, se retrouvaient facilement derrière les barreaux.

La fin du XIXe voit émerger une prise de conscience concernant le manque d’efficacité de la rétention carcérale pour les mineurs où la cohabitation avec les adultes fait des ravages.Inspirée du système pénitentiaire de la prison d’Auburn dans l’État de New York, une première tentative pour pallier la promiscuité des prisons et tenter de remettre ces mineurs dans le droit chemin eut lieu à la Petite RoquetteLa délinquance étant considérée comme « maladie contagieuse », les enfants étaient internés en complet isolement cellulaire interdisant toute communication entre eux. Travail, école, déplacements, office religieux se font sans aucun contact visuel ou oral. Les déplacements s’effectuent cagoulés!  Folies et suicides décimèrent rapidement les détenus. Nous voyons ici les stalles individuelles empêchant tout contact avec son voisin pendant la messe.

colonie agricole et penitentiaire du luc

Constatant l’échec de cette méthode « rédemptrice », il est proposé d’envoyer les délinquants à la campagne dans des colonies publiques ou privées où sabre, goupillon et travail seront les nobles leviers chargés de remettre les mineurs dans la bonne direction. Associée à une formation aux métiers agricoles, une éducation scolaire doit être donnée.

Les filles délinquantes, quelle que soit leur religion, sont dirigées dans des établissements gérés par des congrégations du type Bon Pasteur. Elles y demeurent recluses jusqu’à 21 ans.

La loi votée en 1850 encourage les initiatives privées en échange d’une pension versée pour chaque enfant accueilli.

Ce but louable a rapidement été dénaturé au profit  de l’enrichissement des administrateurs ou par manque de moyens quand l’Etat diminuait les subventions. Dans un cas comme dans l’autre, les conséquences pour les enfants détenus  étaient effroyables à nos yeux contemporains. Bénéficier d’une main d’oeuvre pratiquement gratuite et corvéable à merci était une aubaine pour l’administrateur.

Il faut néanmoins garder en tête que le travail des enfants était monnaie courante. Par exemple, à Carmaux, en 1850, 20% des mineurs sont des enfants et dans le monde rural, la location des enfants était chose banale.

colonie agricole et penitentiaire du luc

Photo Wikipédia.

colonie agricole et penitentiaire du luc

Au sein des colonies pénitentiaires, il faut ajouter à la dureté du labeur, la privation de liberté, les carences alimentaires, les conditions d’hygiène affligeantes et on imagine les sévices subis par les gamins livrés à l’autorité de certains matons. Les châtiments corporels sont interdits, mais de nombreux témoignages mentionnent  des enfants roués de coups en cas de non-respect du règlement. Les surveillants n’ont aucune formation et sont souvent recrutés parmi d’anciens militaires voir d’anciens bagnards! Les colons n’étaient pas tendres entre eux non plus. Violence et homosexualité règnent dans cet univers clos ou l’absence d’affection se fait cruellement ressentir!

Par exemple, à  Aniane, pour éviter toute « perversité », les colons dorment dans des « cages à poules ».

L’éducation scolaire se borne au minimum et n’est effectuée que pendant les rares moments où les travaux laissent un peu de temps libre.

Certains colons étaient placés dans des exploitations extérieures assurant un revenu supplémentaire à la colonie.

Les colons

Un simple délit de vagabondage, un menu larcin, ou une demande paternelle suffisaient pour se retrouver dans ces colonies.

De par la loi de 1850, sont concernés : les mineurs acquittés ayant agi sans discernement, non remis à leur famille ainsi que les mineurs condamnés comme discernants à un emprisonnement  allant de 6 mois à 2 ans. Les articles 10 et 16 de la même loi prévoient des colonies correctionnelles  pour les mineurs condamnés à plus de 2 ans, ainsi que des colonies pénitentiaires pour les insubordonnés.

 

Cette loi 1850 possède un coté pervers. A la suite de son arrestation, l’enfant jugé coupable était envoyé dans des centres de correction pour une durée plus ou moins longue. Par contre, si l’enfant était acquitté pour avoir agi sans discernement, il était envoyé dans une colonie agricole jusqu’à sa majorité afin qu’il soit soustrait à un environnement susceptible de le corrompre. Pour un vol bénin ou vagabondage ou par simple volonté parentale, un gavroche de huit ans pouvait se retrouvé « colonisé » jusqu’à 21 ans.

La longueur des détentions en rapport aux délits s’expliquent par le fait que ces internements étaient appliqués dans l’idée de soustraire l’enfant  à la mauvaise influence de son environnement habituel. Ce n’était pas pour déplaire aux propriétaires des colonies privées qui bénéficiaient ainsi d’un « retour sur investissement ».

Ces conditions effroyables ont fait que les tentatives d’évasions et révoltes étaient nombreuses malgré les représailles encourues. Mitard et régime sec furent la cause de plusieurs décès. La mortalité était plus ou moins importante suivant les colonies. A Mettay, entre 1837 et 1939 environ 700 décès sont retenus. Il faut tenir compte du fait que les enfants confiés aux colonies n’étaient pas tous en bonne santé.

Sur l’hexagone, environ une soixantaine de colonies privées furent créées et une dizaine publiques. (Belle-Ile, Aniane etc.).

Le sort des filles entre les mains des institutions catholiques n’était pas plus enviable.

L’ordonnance du 2 février 1945 remplace les colonies agricoles pénitentiaires par des structures véritablement éducatives gérées par une nouvelle direction du ministère de la Justice, l’Éducation surveillée. En 1970, le mitard était encore de mise dans certains centres.

 

Avec l’actualité où la délinquance juvénile et les réformes pénales font beaucoup parler, cette évocation d’un passé pas si lointain prend une résonnance toute  particulière. 

 

L’établissement du Luc créé en 1856.

colonie agricole et penitentiaire du luc

Cette colonie, dont nous allons visiter les vestiges, véhicule quelques fantasmes au pathos exagéré. Les faits qui s’y déroulèrent sont suffisamment pesants sans qu’il soit besoin d’en rajouter.

Monsieur M . de Luc, conseiller régional du Gard, possédait une grande propriété sur le Causse. Membre du jury de surveillance de la ferme école de Mas le Conte et magistrat, il est au courant  des travaux de Demetz à Mettray dont la devise était: Sauver le colon par la terre et sauver la terre par le colon. 

Dans un but « philanthropique », il décide de faire fructifier ce domaine de terres rocailleuses en créant une colonie qui éduquerait les enfants pervertis.

S’il ne fait aucun doute concernant la volonté philanthropique de Mr.de Luc, il semblerait que la gestion ait fait preuve d’une certaine naïveté. Le recrutement des surveillants s’effectuait parmi les agriculteurs locaux. Leur manque de qualification et la perversité de quelques uns engendrèrent  beaucoup de désordres principalement entre 1865 et 1870 qui menacèrent la sérénité de l’établissement.

M.de Luc, malade, passera la main à son fils Hippolyte en 1871.

Pour rendre les terres exploitables, il a fallu épierrer de grandes surfaces, les débroussailler. Toutes les pâtures environnantes sont encore ceintes de murets impressionnants, vestiges du travail de ces pauvres petites mains chargées d’épierrer  une propriété couvrant 1500 hectares.(Deux fois plus qu’à Mettray.)

colonie agricole et penitentiaire du luc

colonie agricole et penitentiaire du luc

 

D’après l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours, la nourriture était très correcte au Luc, voire bien supérieure à celle des paysans locaux. Pain et fromages ne manquaient pas, la colonie possédant son propre moulin. L’étendue de cette prairie qu’occupait le potager donne une idée de l’importance de ce dernier. Suivant les époques, il fallait nourrir plus de 300 bouches.

Le bosquet à droite recouvre les latrines dont la fosse est pourvue d’une ouverture qui bée vers le potager. Toutes les fumures, mélangées à la paille, sont bonnes à utiliser.

colonie agricole et penitentiaire du luc

 

Nous avons vu que les vertus pédagogiques du travail de la terre étaient prônées. La tâche principale des petits était l’épierrement du sol, le ramassage et hachage du buis pour les litières. Les plus grands participent aux travaux de culture, horticulture et élevage. Le Luc possédait un des plus grands troupeaux de la région (jusqu’à 900 brebis). Grace au travail des colons, la colonie peut pratiquement vivre en autarcie.

Des voies de communication sont également tracées. Les promeneurs qui arpentent le GR71 entre le Luc et La Couvertoirade ne se doutent pas que ce chemin nivelé est le  fruit du travail fourni par les enfants du Luc.

colonie agricole et penitentiaire du luc

 

Il est maintenant difficile de se faire une opinion concernant les conditions de vie des enfants du Luc. On note un grand écart entre les dires de la femme du petit-fils du fondateur de la colonie du Luc (1) et les narrations concernant d’autres établissements. (2).

L’importance de la ferme, jointe au rapport d’une fromagerie, implique que le Luc n’a pas dû trop souffrir du manque de moyens financiers inhérent aux autres établissements. Par ricochet, l’existence des colons, bien que très dure, devait être meilleure que dans la plupart des autres colonies. Malgré les rigueurs de l’hiver, le taux de mortalité au Luc  était semblable à celui des autres colonies et parait-il, inférieur à celui subi par les autochtones. Pas facile à vérifier.

L’entrée du cimetière est enfouie sous une végétation qui ne tardera pas à venir à bout du porche si rien n’est fait.

D’après les statistiques pénitentiaires, j’ai relevé pour la période de 1856 à 1904  au moins 135 décès. Les causes sont principalement la tuberculose et les fièvres typhoïdes fléaux de cette époque. Combien de colons reposent  sous cette  parcelle oubliée ? Je ne sais pas. Tempus fugit, memoria manet dit-on, mais ce n’est pas vrai  pour les enfants du Luc. L’endroit est devenu une friche anonyme quasi impénétrable.

colonie agricole et penitentiaire du luc

A l’intérieur, la croix qui vraisemblablement surmontait ce piedestale a été enlevée du lieu de repos éternel. Un siècle plus tard, tout semble fait pour que disparaissent de la mémoire collective les souvenirs de cette période qui a vu la population profiter directement ou indirectement de la présence des colons. Pour ces colons, c’est la double peine. Après avoir vu leur jeunesse privée de liberté, ils sont mis au ban de la mémoire collective…

colonie agricole et penitentiaire du luc

 

Pardonnez ce texte inhabituellement long sur Baguenaudes, mais le souvenir de ces enfants mérite de sortir de l’oubli en dépit du sentiment de culpabilité qui règne encore sur cet endroit.

colonie agricole et penitentiaire du luc

COGITE PARVULOS REDIRE AD ME
On trouve cette inscription sur un autre calvaire qui lui, a conservé sa croix. Effectivement, je pense qu’ils en sont revenus!

Vous n’avez pas tout vu! Dans un prochain article, nous ferons le tour des bâtiments de cette ancienne colonie.

 

Liens et documentations pour approfondir:

Audio:

(1)Reportage France Culture:Ce reportage audio résume parfaitement les impressions actuelles qui émanent de ce lieu.

France Inter. Sur les colonies :

Colonie de Mettray. (Là bas si j’y suis) . Témoignage exceptionnel d’un ancien colon.

Articles:

Genèse  des colonies pénitentiaires :

Eric Pierre. Les colonies pénitentiaires pour jeunes détenus : des établissements irréformables (1850-1914)

Jean François Condette. Entre enfermement et culture des champs, les vertus éducatives supposées du travail de la terre et de l’atelier.

Quelques dates importantes. Enfants en justice.

Livres :

La colonie pénitentiaire et agricole du Luc. Geoffroy LACOTTE. Arts et traditions Rurales 2012. (Incontournable !)

Le jardin. Jean Castan 1992 éd La Mirandole. (L’auteur est le petit fils d’un des gardiens chef du Luc.)

Les Enfants du bagne, Marie Rouanet,(2) éd. Documents Payot, 1992

Enfants du malheur ! Les bagnes d’enfants. Henri Danjou, éd la manufacture de livres.

 

Pierres sèches et encorbellements.

Essayons de ne pas trop penser à la rentrée et découvrir comment les Cévenols ont pratiqué le Lego.S’abriter sur les Causses n’est pas chose facile Pour se protéger des rigueurs du climat, depuis toujours, les habitants ont été confrontés au manque de bois pour construire leurs abris. Heureusement, la nature karstique du terrain est riche en surplombs. Ces baumes avec leur toit naturel qu’un mur en pierres sèches suffit à isoler forment des espaces habitables facilement aménageables pour peu  que l’on ne soit pas trop exigeant pour le confort.

 

Des constructions imposantes ont été ainsi érigées comme ce château à trois étages qui domine le Tarn.

 

L’accès demande quelques efforts, mais, la vue est imprenable !

 

Pour s’abriter sur le plateau, le problème est différent car, là, brunis par le soleil, ce ne sont que vastes étendues avares en possibilités de protections naturelles. Par contre, les pierres ne manquent pas. Les caussenards sont passés maitres dans l’édification d’abris en pierres sèches et ont compensé l’absence de charpente en utilisant les voutes construites en encorbellement. Encorbellement pour encore bêlements oserait mon ami berger ! Suivant les régions, ces abris se nomment capitelles ou jasses et voisinent avec les clapas. (Amoncellement des pierres retirées des champs). .

 

Nombre de ces capitelles petit à petit disparaissent, écroulées par la végétation. Une prise de conscience semble naître et des rénovations voient le jour.

 

Les édifices plus élaborés sont bâtis suivant le même principe. La chapelle de Balmes, perdue au milieu du plateau en est un bon exemple.

 

Le narthex avec sa croisée d’ogive supporte le clocher sans faiblir.

 

La présence de la croisée d’ogive semble évoquer une construction plus récente que celle de la nef qui a perdu sa toiture.

 

Nous empruntons un escalier en colimaçon.

 

Arrivés sous le toit, nous voyons nettement la voute en encorbellement. La petite niche servait sans doute à l’implantation de la seule pièce en bois : la poutre supportant la (les) cloche(s).

 

La toiture d’un bâtiment adjacent est de forme concave. L’eau sur les causses est encore plus rare que le bois, nous sommes en présence d’un toit-citerne chargé de drainer l’eau vers un réservoir, preuve de l’ingéniosité des Caussenards.

 

Les architectes cévenols se sont parfaitement adaptés à leur environnement pour nous laisser des constructions magnifiques qui ne sont pas sans offrir un certain mimétisme avec le paysage.

Barrage de Sarrans

Conformêment à la législation, les travaux de maintenance du barrage de Sarrans ont entraîné une vidange complète du bassin dévoilant ainsi un paysage insolite.
La construction de ce barrage haut de 105 mètres  a commencé en 1929 et l'ouvrage était considéré comme le plus grand d'Europe. La mise en eau du bassin a été effectuée en 1934 et, depuis, seulement deux  vidages  complets ont été effectués en 1949 et 1979.
Le spectacle offert est donc assez rare pour que Baguenaudes vous offre quelques vues de cette partie de la vallée de la Truyère habituellement ennoyée sous 296 millions de mètres cubes.

 

L'étonnement vient de nombreux arbres encore debout. Le contraste offert par leurs squelettes  est saisissant avec les forêts verdoyantes  situées au-dessus du niveau habituel du lac de la retenue.

 

L'écorce semble avoir disparu et les troncs ont un aspect noirâtre, mais même les arbres de faible diamètre sont encore solidement ancrés dans le sol.

 

Dès que la vallée s'élargit, malgré la pente, les traces des aménagements agricoles restent apparentes sous l'épaisse couche de limon.

 

On devine facilement le tracé de ce petit chemin menant au rivage. Longé par des haies, il devait fleurer bon la noisette.

 

Nous voyons ici une vue du pont de Laussac avant que les eaux de la Truyere ne le recouvre. Quatre vint cinq ans plus tard, le paysage sera complètement modifié.

 

La disparition des charpentes, ossatures des bâtiments, ont certainement fragilisé les structures. Les pierres de certaines bâtisses semblent porter des stigmates d'autodafé. Il est fort probable également que des éléments  de construction furent récupérés avant leurs disparitions subaquatique. On imagine facilement les sentiments de colère et de peine ressentis par les occupants de ces lieux durement mis en valeur par plusieurs générations.

 

Les arbres effeuillés et les ruines donnent un aspect très particulier au paysage qui n'est pas sans rappeler les photos des champs de bataille de 14-18. Pour la petite histoire, les travaux du barrage ont été en grande partie financés par les dommages de Guerre. (La grande !)

 

Avec ses moellons de basalte, le pont cantalou, quant à lui, ne semble pas plus affecté par l’eau qui lui est passée dessus que par celle qui a coulé en dessous.

 

Partout, sous le soleil, le limon se craquelle de manière impressionnante et commence à se couvrir de végétations.

 

À l'aplomb du pont suspendu de Tréboul, le spectacle est similaire et on peut redécouvrir l'ancien pont gothique datant du XIVe . Construit par les Anglais, il assurait la jonction entre l’Auvergne et l’Aveyron. Son classement comme monument historique en 1927 n’empêchera pas sa disparition sous les flots huit ans plus tard. Il sera remplacé par un pont suspendu.

 

 

 

Peu rancunier, il a encore bonne allure alors que les fermes environnantes sont là aussi bien mal en point.

 

À partir d'octobre 2014, tous ces vestiges disparaîtront de nouveau sous les eaux de la Truyère, mais n’est-ce pas mieux ainsi ? Au moins, ils seront préservés des pelleteuses et autres aménagements voraces du génie civil et de l'Equipement.

 

Tranchées 14-18

Le contraste émotionnel est violent car après la « zénitude » du Sri Lanka, nous allons traîner nos guêtres sur d’anciens lieux de batailles de la Grande Guerre. A la jonction du front de l’Argonne, la main de Massiges est une ligne de crête dont les 5 promontoires forment le dessin d’une main posée à plat. Cette ligne fut le théâtre de nombreux combats pendant la Grande Guerre. Occupée par les Allemands en 1915, elle ne fut prise définitivement par les Français qu’en 1918 malgré les nombreux combats acharnés tout au long du conflit.
Source:http://centenaire.org/fr/marne/la-main-de-massiges
Vous trouverez sans peine sur internet tous les renseignements concernant ces batailles si le sujet vous interpelle. Une association archéologique a effectué un travail remarquable en dégageant les tranchées rebouchées par les paysans. De nombreux vestiges ont été mis à jour ainsi que les corps de plusieurs soldats. Les tranchées et leurs abords sont restaurés et le site est accessible au public. Bien que l’environnement soit maintenant bucolique, l’ambiance est très prenante quand on parcourt ces tranchées. Les reconstitutions sont si spectaculaires qu’elles donnent l’impression que les combats ont cessé hier.  Les abords immédiats, constellés de trous d’obus, donnent une idée de l’enfer qu’ont vécu les combattants et on se surprend à parler à voix basse par respect pour les victimes de cette boucherie.Vous pouvez voir différents aspects des travaux effectués par l’association en cliquant sur l’image suivante. Vous y verrez également des ruines d’un fort Sérré de Rivieres. En plus des dégâts causés par les bombardements, son démantèlement partiel pour la reconstruction après  guerre n’a pas arrangé son état.

 

Les photos suivantes ont été prises sur un autre site de l’Argonne (La Chevauchée à Lachalade). Elles tentent de montrer l’importance des cratères laissés par la déflagration des mines.
 
Le dernier, dont l’échelle est donnée par les personnages est le résultat d’une sape ou explosèrent 53 tonnes d’explosif creusant une cavité qui mesure encore 50 mètres de diamètre et 10 mètres de profondeur.

 

Pour finir, voici un petit montage sonore qui résume les quelques lieux visités au cours de cette baguenaude sur les pas des poilus. La chanson est interprétée par Marc Ogeret.

Lien vers l’association: La Main de Massiges.

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Sri Lanka (Fin)

Direction Kantalé, petite ville où nous avons rendez-vous avec des amis. Voyager en bus, les mains dans les poches, est un moment sympa où il est facile d’échanger des sourires timides avec les enfants. Arrivés sur place nous avons le plaisir de tomber sur le marché. Fruits, légumes, poissons forment un tableau des plus coloré dont je ne peux hélas vous faire partager les odeurs.
 

 

Pour moins d’un euro, nous craquons une fois de plus devant l’étalage d’ananas. Nous voyant assis sur des pierres, un jeune marchand de vêtements nous prête spontanément une chaise avec un grand sourire. La gentillesse est vraiment confondante. Cette ville n’est pas touristique aussi les gens s’interrogent fréquemment sur notre provenance et les enfants adorent qu’on les prenne en photo.
 

 

De retour à Habarana il faut se décider pour la future destination. Nous quittons l’Habarana Inn où nous avons beaucoup apprécié son petit jardin reposant et les hôtes charmants.
 
 

 

Le choix s’est porté sur Anuradhapura. Le trafic routier est intense dans le centre-ville et nous sommes rapidement assommés par cette agitation en pleine chaleur. Les nombreux sites semblent prometteurs mais assez onéreux. Bref, on a un gros coup de mou aussi, on prend l’option ballade à pied. Cela nous mène à un joli temple (Isurumuniya Rock Temple) qui est érigé autour d’un bloc rocheux. A l’entrée nous sommes salués par Babar.
 

Et toujours des marches à gravir…


Pendant que Bouddha se repose.

 

Nous continuons notre baguenaude en traversant les jardins du Roi. C’est un havre de paix en contrebas d’un lac. Tous les affleurements rocheux sont aménagés tout en gardant un aspect naturel. Nous imaginons sans mal la vie du roi et de ses concubines dans cet endroit voué au farnienté.
 

 

Sur le chemin du retour nous nous arrêtons pour voir « le plus vieil arbre du monde » : le Sri Maha Bodhi. C’est un pipal (Ficus religiosa ) issu d’une bouture de l’arbre où Bouddha aurait atteint l’illumination.Je ne vais pas rentrer dans la polémique concernant l’âge de ce vénérable ficus car plusieurs versions existent, ce qui est certain c’est que c’est un lieu de très forte spiritualité.

Voici donc le vénéré Bodhi tree avec certaines branches soutenues par des perches dorées.

 


Le flot des visiteurs ne dérange pas la méditation des croyants.

 

Pour nous, le coup de mou s’accentue. Nous nous allongeons à l’ombre et entrons en symbiose avec cet arbre aux branches improbables… qui s’allongent aussi !
 
 

 

Du coup nous décidons de rejoindre le lendemain Negomboo où se trouve l’aéroport afin de profiter un peu de la plage. L’océan n’est pas d’une grande limpidité et quelques détritus dûs à l’activité halieutique jonchent le sol mais rien de tout ça ne nous détourne de l’envie de se baigner. Bien que l’on s’attende à une eau plus chaude que celle de la Manche, la surprise vient de la température avoisinant les 30°. C’est bien la première fois que je rentre dans l’eau sans appréhension!  Curieusement, jusque là, nous n’avions pas attrapé de coups de soleil ni bronzé. Ici, les érythèmes se vengent à vitesse grand (u)V.
 
 

 

Negomboo est un port de pêche et l’horizon est peuplé de catamarans aux voiles brunes. Cette teinture, tirée d’un fruit, a pour effet d’imperméabiliser les toiles.
 

 

En longeant la plage, nous arrivons sur un grand marché dont tout un secteur est réservé à la vente de poisson. Il est difficile de ne pas tomber dessus tant les effluves sont forts.
 

 

Plus loin nous découvrons les méthodes de séchage du poisson.
 

 

Flâner dans Negundo est très agréable, nous visitons notre dernier temple, hindou celui-là. Cela  change du style roman !
 

Nous croiserons également des églises catholiques dues à l’occupation portugaise au XVI siècle et nous remarquons que tous les lieux de culte sont très bien entretenus.

 

Les heures passent et après un dernier plouf dans l’océan il faut se décider à faire les sacs. Notre avion décolle à 1h du matin aussi nous avons le temps de regarder une dernière fois le coucher de soleil avec l’orage menaçant.
 
 

 

Voilà, c’est fini. Avec ce petit témoignage photographique, nous espérons vous avoir donné envie d’aller visiter ce pays qui procure bien des émotions. Quant à nous, le désir d’y retourner est plus fort que jamais.
Concernant le Sri Lanka vous trouverez réponses à toutes vos questions sur cet excellent blog :Des Tongs au Sri Lanka. A lire impérativement avant de partir.

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