Située à quelques lieues de Bondaroy (45) la petite église de Saint Martin le Seul a priori ne paie pas de mine. Son petit clocher peine à donner de la prestance à cet ensemble trapu dont les murs, flétris par les affres de la vieillesse, peinent à soutenir la toiture. L’œil averti relèvera quand même la rareté de la couverture dite « en bâtière » qui abrite l’abside.
L’histoire, enluminée de quelques légendes, nous apprend qu’au temps de Robert le Pieu (Xéme), un certain Grégoire, ascète puis Archevêque de Nicopolis en Arménie, craignant que sa renommée ne lui « enflasse le cœur et corrompisse son humilité » décide de partir en pèlerinage. Sa pérégrination vers l’Ouest le conduisit sur les lieux de la petite église de Saint Martin le Seul où il s’installa en ermite avec la bénédiction de la souveraine des lieux. (Héloïse de Pithiviers). A cette époque, les liens entre l’église arménienne et le siège de Rome étaient très étroits. Sa réputation de sainteté ne tarda pas à s’étendre et son hagiographie décrit de nombreux miracles et prodiges qui lui sont attribués. Redistribuant aux indigents les dons qui affluaient, il offrait une sorte de gâteau à base de miel qui serait à l’origine du pain d’épice de Pithiviers.
Après la mort de Grégoire, la renommée de l’ermite est telle que la « vox populi » lui attribua rapidement le statut de Saint, popularité qui perdura à tel point que le lieu-dit se nomme toujours St Grégoire sur le cadastre actuel.
L’église fait l’objet d’un accord entre les cultes catholique et orthodoxe. La commune et le diocèse autorise l’utilisation du bâtiment à la manière des églises orthodoxes.
De nos jours, à l’entrée, la cloche tintinnabule fréquemment afin que vienne s’ouvrir la porte aux nombreux visiteurs arméniens et autres.
La collection exposée est impressionnante tant par la diversité des décors que par les provenances et matières et ajoute un intérêt certain à la visite de l’église.
Comme bien souvent, la courbure surbaissée de l’arc est due à l’écartement des impostes, conséquence vraisemblable de la suppression des absidioles qui faisaient également office de contrefort.
Les arcatures aveugles des cotés latéraux de l’abside devaient communiquer avec les absidioles aujourd’hui disparues.
Devant l’affluence provoquée par la renommée de l’ermite, la dépouille fut rapidement transférée à l’église de Saint-Salomon de Pithiviers qui se partage actuellement les reliques avec l’église d’Estouy.
C’est bien connu, le chemin menant au ciel est truffé d’embûches et chaque degré doit être franchi avec beaucoup de circonspections !
L’état délabré des barreaux nous a dissuadés de tenter l’ascension! On peut quand même entrevoir l’enrayure de la base de la flèche.
Des vestiges d’arcature englobés dans la maçonnerie ajoutent des interrogations relatives à la chronologie des transformations du bâtiment.
Malgré l’apparente simplicité de l’architecture, les différentes modifications (dès le XI ème siècle) ont transformé l’église au fil du temps. Tenter d’interpréter les indices fait partie d’un jeu d’enquête passionnant, mais aux nombreuses incertitudes.
Proposition de l’abbé Moufflet évoquant de possibles tribunes d’avant-chœur destinées aux chorales. « Chorus psalentium ». Cette suggestion est sujette à contestations.
Manifestement, la dernière personne à avoir emprunté l’escalier n’a pas rendu toutes les marches !
A l’extérieur, les défaillances de la couverture sont bien visibles. Si rien n’est fait, les prochaines manifestations intempestives de la météo vont rapidement profiter de ces faiblesses et provoquer d’importants dégâts.
La creute des artistes 2eme partie
Concours de circonstances qui regroupa plusieurs artistes au même endroit au cours de l’année 1916 ? Peut-être…
Enterré, ce refuge abritait un important poste de commandement relativement tranquille où les officiers, issus de classes sociales supérieures, retrouvaient un semblant d’environnement rappelant celui de leurs vies bourgeoises.
L’entrée de cette carrière se parcourt sous le regard énigmatique de cette monumentale tête de sphinx quelque peu inattendue en cet environnement picard.
La photo (Album Valois) de la sculpture en cours d’élaboration par Leclabart donne une idée des proportions monumentales.
Il mit à profit un volume laissé par les carriers pour décorer le fronton des logements des officiers. Ce haut-relief possède une haute valeur symbolique, le mythe de Jeanne d’Arc ayant pris une grande ampleur nationale suite à la guerre de 1870.
La représentation altière était surmontée d’une devise aujourd’hui disparue: Nous les bouterons hors de France. Au pied de l’icône nationale, on peut distinguer les restes d’une croix de Lorraine.
Plus léger, il décora un angle de la carrière avec cette fantaisie imitant une fontaine surmontée d’un joli mascaron reposant sur deux volutes, le tout dans un style Art nouveau.
La reconnaissance de son talent auprès des troupes se concrétise par l’illustration de la une du journal Hurle Obus
Démobilisé, il reprit son activité notamment en réalisant plusieurs monuments aux morts.
On peut se faire une idée de son talent artistique
Le brigadier Jacques Cadars était un ancien élève des Beaux Arts. Affecté au 4e Régiment de cuirassiers, on lui doit ce grand bas-relief représentant un dragon aux flancs grisés par l’humidité. Cuirasses et chevaux ont été abandonnés en 1917, la sculpture serait-elle antérieure à cette date ?
Né en 1895, son âge ne le mit pas à l’abri du front où sa vocation d’artiste fut brutalement stoppée le 27 Octobre 1918 à Thermes dans l’Argonne.
Il faut pénétrer dans les galeries pour découvrir cette femme aguichant le spectateur à l’aide d’un sein dévoilé. L’auteur, un certain Bucher a légendé ce sourire fripon d’un : Souvenir de la Légion 5 Cie.
Légionnaires soupçonnés également d’utiliser la piquette comme butin!
La profondeur de la vue est simulée par la mise en perspective d’une série de créneaux. La vigie, campée sur un caillebotis guette au septentrion les vandales derrière le parapet.
Les détails sont d’une précision quasiment photographique allant de l’épaulette en rouleaux pour retenir la bretelle du fusil, jusqu’au système de réglage de cette dernière. Cartouchière, besace, bandes molletières et même la pipe, tous les éléments de l’équipement du fantassin sont présents. Le réalisme est si poussé que l’on peut observer un rat lorgnant sur la gamelle située au sommet du havresac !
Le titre de l’œuvre se réfère au surnom la crête surplombant le front.
Surnommé « Les parisiennes », ce panneau serait une copie d’un dessin paru dans la revue La Vie parisienne. Comme je l’ai déjà mentionné dans l’article précédent, ce genre de revues de modes, où la gent féminine était souvent dessinée en tenues plus que légères, étaient fort prisées des soldats. Il suffit de parcourir les petites annonces pour s’en assurer. J’ai parcouru plusieurs numéros sans retrouver l’original, aussi je lance un grand concours où il n’y a rien à gagner: Qui retrouvera les modèle? Gallica nous offre la possibilité de feuilleter ces magazines où les illustrations d’un style Art Nouveau se parcourent avec délectation.
A contempler toutes ces toilettes, les poilus riaient dans les champs !
Pour le moment, la creute semble bénéficier d’une discrétion favorable à la conservation de ces témoignages émouvants. Souhaitons que son classement comme monument historique fasse que cet état soit pérennisé.
Minoterie
Un bief long de 600 mètres a été creusé pour apporter l’eau au moulin. Le tracé astucieux de son profil rend possible l’aménagement une chute d’eau de 5 mètres dans le bassin où tournaient les roues.
Des bassins de rétention permettent d’avoir une réserve d’eau suffisante pour faire tourner le moulin pendant une semaine. Le niveau d’eau est contrôlé par des vannes à crémaillères, l’excédent étant canalisé jusqu’à la rivière. Le débit de l’eau est un facteur primordial puisque la vitesse de rotation du moulin en dépend. Le dernier bassin avant la chute joignait l’utile à…l’utile puisqu’il servait également de lavoir.
La trace la plus ancienne concernant ce moulin se trouve aux archives dans un document relatif aux impôts payés au seigneur local (la taille) en 1688 ! Une pierre gravée nous indique la date d’une modification des infrastructures.
Dans sa configuration finale le moulin possédait une roue qui entraînait les meules à blé et une autre roue pour les meules à orge et sarrasin. Cette dernière roue actionnait également le banc de scie. Les roues ont disparu mais on peut encore voir un arbre de rotation qui traverse le bassin. Les structures au dessus devaient servir à soutenir les canaux en bois chargés de diriger la chute d’eau vers les augets.
L’édification du bâtiment a mis à profit la déclivité du terrain de façon à obtenir 2 étages accessibles de plain-pied surmontés d’un troisième palier.
La répartition verticale des différents ateliers se présente ainsi :
Au bas de cette trémie, au rez-de-chaussée, il est dirigé vers un élévateur à godets qui élève les grains au dernier étage du bâtiment.
L’espacement des godets sur la bande de cuir de porc régule le débit d’alimentation des grains (Engrainage).
A l’étage supérieur, un tarare brasse les grains au dessus d’une grille afin de les débarrasser des impuretés. Seules les graines de blé sont épurées, le sarrasin étant une graine « propre ». Quant à l’orge, elle ne nécessite pas d’être épurée puisque destinée aux farines animales.
Une vis sans fin achemine le grain épuré dans une trémie à l’étage inférieur.
L’orifice inférieur de cette trémie est prolongé par l’auget, sorte de goulotte qui draine les grains vers l’oeilard des meules.
Un deuxième auget est prévu pour récolter en sac les grains destinés à la semence.
Pour obtenir la mouture, le grain est broyé entre deux meules en pierre. La meule inférieure est fixe (dormante ou gisante) tandis que la supérieure (tournante) tourne sur son axe centrale. La transmission de la rotation de l’arbre moteur à la meule tournante est assurée par l’anille. Cette pièce de fer est enchâssée dans la face inférieure de la meule. L’anille permet également de régler l’espace entre les deux meules suivant la mouture désirée.
Il arrive que l’arbre moteur soit prolongé au travers de la trémie de façon à brasser le grain pour réguler son acheminement vers les meules.
L’arbre moteur traversant la meule gisante, l’étanchéité est assurée par une pièce en bois : le boitard. On peut l’entrevoir avec cette vue de dessous.
Les surfaces abrasives des meules sont striées pour déchiqueter les grains et guider la mouture vers l’extérieur grâce à la force centrifuge.
Pour compenser l’usure, les surfaces et rainurages des meules doivent être régulièrement rhabillées, c’est-à-dire repiquées à l’aide de bouchardes. Cette opération qui demande une semaine de travail était souvent effectuée par des spécialistes itinérants. Voici des fers destinés à cet usage.
L’apport régulier des grains est très important. A vide, les meules tourneraient trop vite et frottant l’une contre l’autre s’useraient davantage. De plus, dans cette atmosphère pulvérulente la moindre étincelle peut provoquer un incendie dévastateur. Ces accidents furent suffisamment fréquents pour inspirer la comptine célèbre encourageant le meunier à rester éveillé.
Afin d’éviter la dispersion de la mouture, les meules sont carénées par un coffrage circulaire (archure). Cette forme circulaire a été imposée par réglementation afin d’éviter aux meuniers de détourner une partie de la farine qui serait accumulée dans les encoignures d’une archure carrée. A tort ou à raison, les meuniers ont très souvent eu mauvaise réputation. Leur opulence et la complexité de l’appareillage ont favorisé les soupçons de détournements de grains ou farines. Etant la plupart du temps payés en matière première, il était tentant de dissimuler quelques trappes destinées à rouler le paysan…dans la farine.
Après avoir été broyée, la mouture est acheminée au rez-de-chaussée par une goulotte afin de séparer la farine du son dans une grande caisse oblongue en bois : le blutoir.
A l’intérieur de ce coffrage, se trouve une sorte de cylindre rotatif formé d’un châssis à la base hexagonale. Sur les lattes sont tendus des tissus (la soie) aux mailles de moins en moins fines qui servent à tamiser la mouture. La farine récoltée proche de l’entrée est de ce fait la plus raffinée alors qu’à l’autre extrémité, on trouve le son qui est réservé aux animaux. Les tamisages intermédiaires produisent une farine contenant une proportion plus ou moins importante de son : le rebulet. Quels que soient les différents blutages, le son représente environ 18% de la mouture.
Pendant la rotation du cylindre hexagonal, une latte de bois vertical frappe le châssis pour décoller la farine de la soie. Simple mais efficace !
Contrairement à l’effet visuel rendu par les photos, le cylindre rotatif est légèrement incliné vers l’aval.
Il ne reste plus qu’à ensacher, peser et livrer. Chaque sac pesant son quintal, le meunier était en général un gaillard costaud !
Toute la motricité cette machinerie est assurée par la rotation de la roue à auget dite aussi roue par dessus.
Livre Les moteurs hydrauliques. tome 1 / [signé L. Huard]
Parallèle à cette roue, on trouve à l’intérieur du moulin une grande roue verticale : le rouet.
Il faut remarquer que les dents du rouet sont en bois. Ces alluchons sont en contact avec les dents en fer de la lanterne. Ce sont donc eux qui s’useront et seront facilement remplacés sans qu’il soit nécessaire de changer tout l’engrenage. De plus, la liaison fer-bois diminue le bruit et dispense de lubrification.
Les alluchons sont généralement taillés dans du poirier, bois très dur. Nous sommes en Normandie où les plantations de poiriers étaient nombreuses. Bois, fruits, poiré pour étancher la soif, l’exploitation de ces fruitiers était optimisée.
En aval de la scierie, le bief est aménagé en bassin où était déposés les troncs en attente de débitage. Ainsi, avant de regagner le cours naturel de la rivière, l’eau aura participé à l’alimentation des hommes et des bêtes , elle aura produit de l’électricité et permis le débitage des troncs d’arbres, tout çà de la manière la plus naturelle qui soit.
Il semblerait qu’il y aurait un renouveau d’intérêt pour des farines provenant des meules en pierres. Elles posséderaient des richesses nutritionnelles supérieures aux moutures des grains écrasés à l’aide de cylindres. Souvent associées à une culture bio, ces farines mettent en avant des arguments de vente non négligeables.
Voila achevé le tour de cette minoterie*, témoignage assez exceptionnel par son état de conservation. Décorée de toiles d’araignées et de poussières, il s’y dégage une ambiance particulière bien différente des musées aseptisés. Je ne donnerai pas d’indication concernant son emplacement dans le but de respecter la tranquillité de son aimable propriétaire.
*Minoterie ou meunerie, les deux mots sont synonymes, je n’ai pas trouvé ce qui pourrait les différencier.
Eolienne Bollée
Qu’a t’on à gagner en haut de ce poteau aux allures de mats de cocagne ? Du vent… mais un vent qui fut précieux.
Alors que le développement de l’agriculture demande toujours davantage d’irrigation, ces mécanismes sont hélas d’un faible rendement. On ne peut agrandir indéfiniment la taille de ces turbines sans qu’elles deviennent vulnérables aux coups de vent.
C’est là qu’interviennent Ernest-Sylvain et Auguste Bollée (1814-1891). Issus d’une famille d’inventeurs, ils créent un type de turbine qui n’est pas dénué d’élégance et qui s’oriente tout seul pour un rendement optimum. Ce dernier est amélioré par une combinaison d’un stator et d’un rotor. De plus, un ingénieux dispositif met la turbine en sécurité quand Eole fait des siennes.
En 1885, Bollée baptise son système : Eolienne qui devient par le fait le nom commun validé par Larousse en 1907.
Quatre modèles sont crées :
Source wikipédia.
Certaines sont érigées au sommet d’ un pylône, d’autres, au faîte d’un joli mât haubanné.
…. ..
Gros plan sur un stator de modèle 3 :
Les 44 déflecteurs fixes sont chargées de diriger le vent vers les pales du rotor.
Sur l’autre face, nous avons le rotor avec ses 32 pales rotatives.
Un engrenage conique transmet le mouvement rotatif à l’arbre vertical.
Le principe repose sur la rotation d’une petite hélice (moulinet gouverneur) située en amont du stator. Sa position est basse afin que la turbine ne masque pas la prise au vent.
Conditions initiales :
1) Le moulinet gouverneur est installé sur une structure pouvant pivoter de 90° autour d ’un axe vertical au bout d’une charpente solidaire de l’ensemble moteur stator-rotor. Il est maintenu dans une position perpendiculaire au stator-rotor par un contrepoids (ou un ressort calibré dans les premiers modèles). (Nous verrons plus loin comment).
A – VENT INFERIEUR A 6 OU 7 M/S :
1) le vent est face au rotor : il le fait tourner, le rotor actionne les pompes, le moulinet est en drapeau, les pales restent immobiles;
2) Si taquin, le vent change de direction: Le moulinet n’est plus en drapeau et ses pales se mettent à tourner. Le système d’engrenage fait pivoter le stator-rotor sur son axe vertical. Quand le moulinet se trouve parallèle au vent (en drapeau), la rotation de l’ensemble s’arrête. Le stator-rotor (maintenu perpendiculairement au moulinet ) se retrouve face au vent de manière optimum et le rotor tourne.
La force exercée par le vent devient supérieure à celle exercée par le contrepoids. Le moulinet n’est plus maintenu dans une position orthogonale par rapport au stator-rotor.
1) La force du vent bascule toute la structure portant le moulinet. Celui-ci, qui était en drapeau par rapport au vent, a tendance sous l’action du vent à pivoter et présenter ses pales au vent.
Les pales se mettent à tourner et le moulinet fait pivoter le stator-rotor. Toujours repoussé par le vent, le moulinet continue de pivoter sur son axe jusqu’à se retrouver en drapeau dans une position parallèle au stator-rotor. Moulinet et stator-rotor se retrouvent en drapeau et cessent de tourner. La structure porteuse du moulinet, ayant atteint la position maximale de bascule (90°), y est définitivement maintenue par un loquet et ne peut donc revenir à sa position normale, les pales du gouverneur restent en drapeau.
Notons que Bollée a pensé à tout :
Tant que la structure du moulinet n’a pas atteint sa position maximale, si le vent faiblit, le contrepoids redevient opérant, replaçant la structure du moulinet perpendiculaire au stator-rotor. On se retrouve dans le cas de figure A
Si le vent fripon change de direction.
L’ensemble stator-rotor est décalé angulairement par rapport au vent : les pales du moulinet tournent de plus en plus vite et amènent le stator-rotor retors en position perpendiculaire au vent. Cette position d’emballement ne dure pas car aussitôt sa structure est repoussée par la force du vent et on se retrouve dans le cas B-1.
Les animations sont très fortement inspirées de ce document :
1/ Quand le vent est normal, le contrepoids bleu, en tirant sur le câble bleu, maintient la structure rose de façon que le moulinet soit perpendiculaire au stator-rotor.
Quand le vent augmente au delà d’une certaine limite, la force exercée par Eole sur le moulinet est plus grande que celle exercée par le contrepoids bleu. La structure rose pivote vers la droite.
A ce moment, deux cas de figure:
a/ Si le vent faiblit, le contrepoids bleu ramène la structure rose en place. (1/).
b/ Le vent forcit. La structure rose continue de pivoter jusqu’à se retrouver en butée sur le bâti fixe. Un arrêtoir monté sur un ressort bloque la structure dans cette position de sécurité. Pour rendre le système opérationnel, il faut alors tirer sur la chaine ( flèche mauve ) ce qui a pour effet d’effacer l’arrêtoir. Ainsi le contrepoids bleu peut ramener la structure en position opérationnelle.
Voici une photo du dispositif aimablement fournie par l’ASEPA:
Autour de ce mat un élégant escalier s’enroule pour desservir une petite plate forme protégée par une rambarde au profil gracieux.
On apprécira l’esthétique art déco des lettres matérialisant les points cardinaux ainsi que la découpe de la girouette.
Veuillez bien pardonner la qualité des photos suivantes prises au travers d’un plexiglas plus franchement transparent.
Au pied de l’éolienne, l’arbre vertical, à l’aide d’engrenages coniques, met en mouvement le vilebrequin des pompes. Un grand volant d’inertie est chargé de réguler le mouvement
La présence de la poulie en bois à droite me fait supposer qu’ un moteur (gaz, pétrole ?) devait prendre le relais en cas de pénurie de vent.
Les deux éoliennes qui ont servi de support à cet article se trouvent à Courville-sur-Eure et Berchères-les-Pierres en Eure et Loire.
La liste complète:
Un article complet (qui omet quand même la description du système d’orientation)
Ci-dessous, plaque apposée sur le prototype élevé dans la propriété Bollée en 1872.
Fours à chaux normands (2)
Commençons par les fours du Bahais adossés au coteau.
Au nadir des orifices, (E pericoloso sporgersi) on devine également un cône, mais ici, pas moyen de pénétrer au pied du four pour observer la disposition des lieux.
On remarque que la base des piliers comportant les ouvreaux est en pierre contrairement à la partie supérieure en briques.
Édifies en 1852 par Victor Bunel, les quatre fours fournissaient plus de 20000 tonnes de chaux annuellement. La proximité du port offrait de grandes facilités d’exportation, mais aussi d’importation. En effet, la calcination en continu était grande consommatrice de charbon, ce dernier arrivait en provenance du Pays de Galles.
Le site est impressionnant avec ses allures de château fort.
La position surélevée des ouvreaux permet une extraction plus aisée. En dessous, se trouve le cendrier qui collecte la chaux poudreuse mêlée de cendre de charbon (menue chaux).
On accède à ces foyers intermédiaires par les coursives qui parcourent les murailles.
Maintenant, il est propre comme un sou neuf et son entrée payante donne également accès à un musée maritime.
Si on ne peut trouver d’intérêt plastique à ces vestiges, on peut tenter d’y découvrir des éléments susceptibles d’éclairer notre lanterne sur le fonctionnement des fours à chaux. Hélas, bien que l’arrêt de l’exploitation doit remonter aux années 1950, je n’ai pratiquement pas trouvé de documents concernant cette exploitation malgré son importance.
A proximité des fours, un puits d’extraction profond d’une quinzaine de mètres débouche au fond dans la carrière souterraine.
Voici tout ce qui reste du système qui véhiculait la pierre à cuire de la carrière aux gueulards situés au-dessus de notre tête.
Au-dessus des ouvreaux de taille respectable, des équerres métalliques sont fixées laissant supposer un usage en rapport avec la sole.
En Normandie, les vestiges de fours à chaux sont relativement nombreux. La proximité de la Bretagne, dont le sol acide nécessitait d’être amendé, ainsi que le centre sidérurgique de Caen plus récemment, ont offert des débouchés pour cette industrie.
Si le principe de cuisson est à peu près partout le même, chaque four possède ses caractéristiques qu’il est bien difficile d’expliquer après coup. Peut être qu’un spécialiste comblera nos lacunes.
Il appert que beaucoup me chaut !
Fours à chaux normands
Ce que j’apprécie particulièrement à la vue de ces vestiges industriels, c’est l’architecture uniquement fonctionnelle. Ici, pas de fioriture ni de superflu. Le ciment et ses constructions industrielles normalisées n’ayant pas encore fait leur apparition, les ruines de pierres ou briques conservent ainsi une belle allure qui s’intègre harmonieusement dans le paysage grâce à l’utilisation de matériaux locaux.
Sur les rives de la Vire, plusieurs fours dressent encore leurs imposantes structures. Utilisée dès l’antiquité pour amender les champs et la maçonnerie, la chaux était un élément important dans l’activité rurale. L’avènement de la sidérurgie a augmenté considérablement les besoins, la chaux faisant partie du cycle de l’élaboration de l’acier.
Le principe de fabrication est simple puisqu’il suffit de porter du calcaire à une température de 900° minimum pour obtenir de la chaux vive.
Le passage à l’acte est un peu plus complexe et le fonctionnement des fours demandent un grand savoir-faire de la part des chaufourniers.
Je dois avouer que la visite des lieux m’a apporté autant de questions que de réponses concernant les subtilités de ce métier.
En général, les différents types de four de calcination se présentent sous la forme d’un puits de forme ovoïde qui s’alimente par le haut et se vide par le bas. Ensuite, cela se complique.
La calcination du calcaire s’effectue dans deux types de four dits à combustion intermittente ou à combustion permanente.
De chaque côté de la Vire, trois sites sont classés.
Commençons la visite par le site privé de La Meauffe.
A proximité des fours, la carrière de calcaire est devenue un charmant petit lac où la brise normande donne la chair de poule à la surface.
Un rapide coup d’œil permet de constater qu’il ait subi des transformations au fil du temps.
Une petite dérivation des eaux de la Vire a permis l’implantation d’une roue à aubes chargée de mouvoir un treuil afin de tracter les wagonnets.
Au-dessus de nos têtes, les croisées des voûtes ne manquent pas d’élégance évoquant une sorte de mandala au camaïeu d’ocres.
1/ Au pied, l’aplomb est occupé par un cône en pierre. Je suppose que ce dernier est chargé de guider les pierres concassées vers les ouvreaux. Les barres métalliques coudées devaient servir d’appui à des barres de fer horizontales et amovibles formant une sorte de grille soutenant les blocs de pierre.
Il faut remarquer que la pression verticale exercée sur la grille est atténuée par la forme ovoïde des parois.
2/ Manifestement les ouvreaux servent à démarrer le foyer ainsi qu’au défournement.
3/ Le revêtement en briques réfractaires commence à 1.50 m. du sol ce qui correspond à la hauteur du cône.
Toutes ces observations me font pencher pour un four à cuisson permanente ce qui est compatible avec la volonté de production industrielle du site.
Les fours se présentent donc à peu près de cette façon (proportions inexactes) :
Avec beaucoup de précautions, je propose cette méthode. Par les ouvreaux, on allume un gros foyer sur lequel on déverse du charbon et une couche de calcaire retenus par les barres métalliques qui font office de sole.
Au fur et à mesure du remplissage, le foyer se déplace verticalement vers le haut Par gravitation, le calcaire calciné descend vers la base du four en se refroidissant. Au travers des ouvreaux, le chaufournier extrait les pierres à l’aide d’un crochet (havets ou ringards) en déplaçant les barres amovibles. Il est étonnant de constater que la taille réduite et la position au ras du sol des ouvreaux ne devaient pas rendre la chose facile. Cela ne semble pas très fonctionnel pour une production industrielle, mais il y a certainement une explication.
Le volume du sous-tirage de la chaux est compensé par l’apport de calcaire et charbon dans le gueulard. Le cycle est ainsi ininterrompu.
Toujours au niveau des interrogations, je suppose que la granularité du concassage du calcaire doit avoir une grande importance afin de permettre le tirage du foyer. Au pied du four, les portes des ouvreaux peuvent permettre de réguler celui-ci ?
Vialas Le Bocard
Aujourd’hui, nous allons visiter les ruines spectaculaires de l‘usine de traitement de minerai de Vialas. Dans cette aire géographique aussi peu urbanisée, la rencontre de ces vestiges est saisissante.
A la fin du XVIIIe siècle des filons de plomb argentifère sont découverts sur la commune.
Le minerai est d’abord traité à Villefort, mais suite à la richesse du gisement, en 1927, il fût décidé de transférer l’usine à Vialas sur les lieux de l’extraction.
La configuration accidentée du relief n’est pas propice à l’implantation d’un site industriel, qu’importe ! Il suffit de construite une voûte au dessus d’un petit affluent du Luech. Cette voûte longue de 100 mètres supportera une plate-forme où seront implantées les infrastructures de l’usine et ses nombreuses dépendances.
Deux kilomètres en amont du site, l’eau du Luech est en partie canalisée jusqu’à l’usine pour servir de force motrice aux différents pilons chargés de broyer le minerai (Bocard).
L’ouvrage a subi les outrages du temps depuis sa fermeture en 1894, les sites industriels n’étant pas bâtis pour durer. La récupérations de matériaux ( pierres tuiles) a accéléré la dégradation du site, mais les pans de mur restants sont de toute beauté démontrant l’audace des architectes et l’habileté des maçons cévenols pour qui l’art de la voûte n’a plus de secret depuis longtemps.
Avec le temps, l’environnement champêtre confère au site une ambiance très particulière, bien éloignée du vacarme et de la poussière qui devaient régner quand il était sous l’emprise du dieu Vulcain.
Le traitement du minerai exige de nombreuses phases de traitements mécaniques et chimiques pour récupérer le métal convoité. Pour donner une idée, il fallait arracher 80 tonnes de minerai à la montagne pour obtenir 300 grammes d’argent ! Malgré le faible rendement, Vialas fournissait un quart de la production nationale. La production de plomb était accessoire.
Le tri manuel à la sortie des mines, le concassage à l’aide de bocards (qui a donné son nom à l’usine) suivis du criblage sont effectués en amont de la fonderie pour obtenir les schlichs. (Papy Mougeot nous explique que ce schmilblic est le résultat du minerai réduit en poudre, puis lavé).
A partir de cette poudre, il faut ensuite séparer les différents éléments qui la composent : soufre, plomb, argent, roche encaissante. Ces différentes étapes chimiques vont s’effectuer au travers de la cuisson.
Nous sommes ici devant les magasins des combustibles:
Là aussi, plusieurs opérations sont nécessaires, au combien complexes et enrichissantes question vocabulaire comme nous allons le constater.
Le processus (très simplifié) commence par le grillage qui sépare le soufre du plomb.
Une fouille récente a mis à jour des foyers des fours de grillage.
On peut encore trouver des traces de laitier. (Roche non métallique devenue liquide par la cuisson.)
Cette opération s’effectue grâce à la coupellation.
La matière à traiter est placée dans une sole concave, sorte de grand creuset. Au fur et à mesure de la chauffe, le plomb aigre est écrémé en surface sous forme d’écume. Plus tard, les scories (abzugs) sont retirées à la surface du four à l’aide d’un racloir. Les abstrichts (impuretés) montent à la surface du bain et sont retirées de la même façon. Plusieurs heures de chauffe sont encore nécessaires pour que le plomb marchand (Litharges) surnage tandis que l’argent, plus dense, se concentre sous forme de galette au fond de la coupelle.
Je suppose que cette opération s’effectuait à cet endroit.
On ne peut s’empêcher de penser aux inhalations délétères que respirait ces « Nicolas Flamel » qui transformaient le plomb, non pas en or, mais en argent, ce qui est déjà pas mal!.
Elle avait une autre fonction. Elle possédait des chambres de condensation où étaient récupérées les fines particules d’argent en suspension dans les fumées. Pas question que l’argent parte en fumée !
Le barlow permettait de se passer de traverses en bois.
Séduit par cette innovation britannique, Cabrol à Decazeville installe un train de laminage pour une production à grande échelle. Las pour les actionnaires, les inconvénients (résistance à la flexion, qualité du fer, difficulté de fabrication) ont pris le pas sur les avantages et ce type de voies ferrées a été rapidement abandonné. Pendant un temps le stock de rails sera reconverti pour un usage de poutrelles comme on peut le constater dans les ruines de l’usine de Vialas.
Les exemplaires encore visibles de ce type de rails sont devenus très rares et méritaient bien cette petite digression.
Association Le filon des anciens Site très complet sur l’usine du Bocard.
Des archives très interressantes rassemblées par Mr Jean Marie Gazagne et publiés par Vialas en Cévennes.
La saga du rail Barlow.
Briqueteries normandes
Lors d’une errance vers la Normandie, cette imposante tour de briques n’a pas manqué d’attirer ma curiosité. Cet index dressé avait trop un air de « viens voir par ici » pour que j’ignore son signal d’autant que le contexte évoque davantage les activités rurales qu’industrielles. Je n’ai pas regretté le détour puisqu’il m’a permis de découvrir une ancienne carrière de lœss, riche en argile, qui fournissait la matière première pour une briqueterie édifiée sur place.
Quoi de plus banal qu’une brique ? Son usage remonte à l’Antiquité et on sait depuis des lustres que le Grand Méchant Loup s’époumona en vain contre les murs montés par le troisième petit cochon.
Objet anodin donc? Peut être, mais rien n’empêche de s’interroger sur sa fabrication et plus particulièrement sur sa cuisson.
Sur le site que nous allons parcourir, l’activité a débuté en 1911 pour se terminer vers 1950.
Nous commençons la visite avec cette vue aérienne gracieusement proposée par ce blog. Prise à l’aide d’un cerf-volant, elle nous montre l’importance des séchoirs qui pointent vers le four.
Sur cette vue ancienne on voit parfaitement la proximité de la carrière et de la briqueterie. Les séchoirs sont bien remplis. On remarquera l’empilement alterné des briques permettant la ventilation.
Les séchoirs sont maintenant reconvertis en remises agricoles.
Le bâtiment chargé de la cuisson des briques est de taille respectable. Il a été construit sur les bases du principe des fours Hoffmann dits à « feu continu »où la cuisson est effectuée par un foyer de coke qui progresse au long de couloirs.
Cette construction est constituée de deux longs couloirs voûtés . On y accède de chaque coté par six ouvertures latérales. Celles-ci étaient desservies à l’aide de rails de type Decauville. Bien entendu, pendant la cuisson, ces ouvertures étaient obturées.
Le principe de fonctionnement consiste à remplir les couloir de briques placées en quinconce afin que les gaz chauds puissent circuler entre elles. Le foyer, allumé à une extrémité, se déplace dans le couloir.
Le coke est versé par le haut au fur et à mesure de l’avancée du foyer à l’aide de trappes qui percent la voûte. L’empilement des briques à cuire est réalisé de façon à ce que des espaces verticaux soient réservés pour accueillir le coke.
Au cours de la cuisson, les briques se rétractent ce qui agrandit les interstices entre les briques et favorise le tirage. Des cloisons en papier délimitent des « chambres »permettant de contrôler l’avancement du feu en maîtrisant les courants d’air.
Au ras du sol, des évents récoltaient les fumées dans une conduite souterraine qui rejoint la cheminée. Le tirage par aspiration est assuré par la hauteur de la cheminée grâce à la forte dépression occasionnée par la différence de densité entre l’air chaud (plus léger) et l’atmosphère extérieure.
Voici sommairement la coupe d’un couloir de cuisson.
La température nécessaire à la cuisson est d’environ 1000 degrés. Le temps de cuisson et la température influent sur la couleur finale des briques. Les parois du tunnel portent les traces de « vitrification » dues à la chaleur.
Rien ne se perdait, en effet, les briques défectueuses étaient réduites en poudre utilisée notamment pour la terre battue des terrains de tennis.
Pour construire cet édifice, il a fallu un bon nombre de briques et on peut voir à l’entrée de la propriété les vestiges de l’installation où celles-ci ont été façonnées.
Ici aussi, nous retrouvons le principe du four Hoffmann à feu continu avec son four en tunnel accessible par les ouvertures latérales et les collecteurs de fumées au ras du sol.
La voûte, en partie effondrée, nous permet d’accéder au collecteur des fumées au niveau inférieur de la cheminée.
Vu de l’intérieur, on peut découvrir un petit bout de ciel bleu.
J’ignore l’usage de cette « gamelle »métallique, peut être servait-elle à obturer un des accès d’admission du coke au travers de la voute.
La production s’est déroulée de 1850 à 1875 au lieu dit Le Porribet. La proximité de la Vire offrait une intéressante possibilité d’écoulement de la production par halage.
Ici la cuisson est verticale. On remarque que la construction possède cinq jambes de force destinées à renforcer la voûte intérieure du four, partie fragile de l’édifice.
Les briques sont empilées à l’intérieur du four circulaire en ménageant des petits interstices pour le passage des fumées et de la chaleur. La méthode d’empilage est assez complexe puisqu’en prolongement des gueules d’ alandiers, il faut ménager des chambres de chauffe pour l’alimentation des foyers. (Charbon de Littry)
Pour cela, des briques sont disposées en encorbellement de façon à former des sortes de couloirs au dessus desquels les briques sont empilées à l’intérieur du four circulaire en ménageant des petits interstices pour le passage des fumées et de la chaleur
Vue de la porte d’accès et de la gueule de deux alandiers débouchant dans le four. On distingue la barre en fer chargée de soutenir la grille du foyer.
L’enfournage doit donc être effectué avec beaucoup de soin sachant qu’ il faut prendre en compte de la diminution du volume des briques au cours du séchage.
La voûte du four est percée de petites ouvertures qui collectent la fumée (carnaux) vers la cheminée chargée d’augmenter le tirage.
Un deuxième four, de section carrée cette fois, se trouve à coté. Si le principe reste le même, il n’est pas pourvu de cheminée et la structure en brique est doublée de parements en schistes qui devaient assurer une meilleure isolation thermique.
Nous allons conclure avec un autre type de four. La Chauffetière est une briqueterie exceptionnelle dont l’implantation remonte à 1760 ! Depuis 1890, elle est exploitée par la famille Fontaine qui perpétue toujours la tradition. Façonnées à la main, les briques encore produites sont utilisées pour la restauration de monuments.
Le foyer est ici placé sous le four et séparé de celui-ci par une sole formée d’une succession d’arches formant une plateforme sur laquelle sont empilées les briques crues. Ces arches, situées derrière le foyer, forment deux couloirs de chauffe.
Montées à l’aplomb des arches, les briques ménagent des canaux verticaux qui assurent le tirage de la chaleur et les gaz.
Ce type de four n’a pas de cheminée ni de voûte sommitale. C’est le dernier lit de brique qui remplit cet office.
La cuisson comprend trois cycles: deux jours à petit feu, trois jours à grand feu. Ensuite, le foyer éteint, la porte de celui-ci est obturée par un tampon d’argile et le four recouvert de terre afin que la cuisson se déroule à l’étouffée jusqu’au refroidissement. (8 jours).
Les fours Hoffmman
Le porribet
Un site très complet sur la fabrication des briques
Un autre
Les Chauffetières.
Soufflantes à Decazeville
Au début du XIXè siècle, la fonte du minerai de fer se fait à l’aide de charbon de bois. Les Anglais, confrontés à une grande pénurie de bois, commencèrent à utiliser le charbon de terre en épurant celui-ci par grillage. (Coke). Profitant des innovations anglaises, le duc Decazes, épaulé par l’ingénieur Cabrol, a mis à profit la proximité des mines de fer et de charbon du bassin Nord Aveyronnais. Il implante des hauts fourneaux, forges etc. L’essor de ce complexe sidérurgique fut à l’origine de la création d’une ville qui fut baptisée … Decazeville. Un siècle plus tard, la ville comportait 15000 habitants.
Les deux conflits mondiaux ont permis de maintenir l’activité marquée par des conflits sociaux violents. A partir des années 1950 le déclin définitif commence.
Une comparaison aérienne entre 1947 et aujourd’hui montre que l’on a fait table rase du passé industriel.
Allez, vous vous doutez bien que Baguenaudes vous a déniché quelque chose. Regardez bien en bas à droite, dans le cercle rouge, un bâtiment est toujours debout.
Késako ?
En gros, les soufflantes étaient des machines chargées de pulser de l’air pour activer la combustion dans les hauts-fourneaux. Des bouffadous en quelque sorte comme on dit avec l’accent régional.
Mues par une machine à vapeur, les soufflantes compriment l’air, un peu comme une pompe à vélo, pour l’envoyer dans de gros réservoirs. A l’intérieur de ces derniers (Cowpers), l’air est chauffé grâce à l’apport des gaz de combustion des hauts fourneaux (CO). Cet air chaud est injecté ensuite dans le haut fourneau pour attiser la combustion.
Gardons notre souffle et revenons… à nos soufflantes.
Si dans l’industrie, on connait une évolution vers le mini, le micro, et maintenant le nano, au début XXe siècle, les machines affichaient leurs puissances avec ostentation. Ici, souffler n’est pas jouer !
Le personnage n’est pas là pour faire le charlot mais pour donner une idée des dimensions de ces volants d’inertie.
Cela ne vous rappelle rien ?
Voici donc quelques vues de ces anciens « temps modernes ». Bien qu’il ait rendu son dernier souffle, cet assemblage de bielles et pistons énormes dégage avec leurs habillages de rouille un esthétisme digne de sculptures modernes. Ne mérite-t-il pas de passer de statut de déchet industriel à celui de monument témoin?
Au cœur du dispositif, la machine à vapeur de type Corliss qui entraîne la bielle du volant d’inertie et les pistons du compresseur.
Le régulateur qui assure le débit constant de la vapeur.
A l’opposé du volant, se trouve le compresseur.
Admission d’air pour le compresseur ?
Chose étonnante, vous pourrez constater que ce bâtiment industriel était dallé d’un joli carrelage.
En 1912, le dispositif est renforcé par l’apport d’une turbo soufflante Sauter-Harlé d’une capacité supérieure aux deux Corliss. Ces dernières resteront néanmoins actives pour parer à une éventuelle panne de la turbo soufflante. Il est impératif que le cycle de fonctionnement du haut fourneau ne soit jamais interrompu sous peine de détériorations très importantes.
Après l’examen du cœur, des poumons et des membres de cette belle machine, passons au sous-sol pour découvrir les entrailles. Elles sont parcourues de tuyaux et conduites qui distribuent les fluides. (eau, vapeur, air)
A partir de 1939, il ne reste qu’un haut fourneau en activité et nos belles soufflantes de type Corliss ne sont plus utilisées qu’en dépannage.
Association de Sauvegarde du Patrimoine Industriel du Bassin de Decazeville se bat pour que le bâtiment soit conservé et rénové, mais l’ avenir n’est pas encore assuré, la ville ne donnant pas l’impression de revendiquer et mettre en valeur son passé industriel. Heureusement un chevalement a été sauvé par l’ASPIBD, pourvu qu’il en soit de même pour ces soufflantes exceptionnelles.
Eglises romanes autour d’Espalion. Le Cambon.
Pourtant, il n’y a pas si longtemps ce hameau drainait dans son école les enfants des alentours. Maintenant isolées, toutes ces églises témoignent du dépeuplement des campagnes.
Le soin apporté à la décoration de Saint Julien du Cambon rappelle l’importance de la paroisse dans le passé, époque où le pouvoir royal s’appuyait sur le clergé pour des missions d’intérêt général.
Datant du XIe-début XIIe l’église aurait été bâtie par les templiers d’Espalion. Une jolie dalle gravée d’une croix (templière ?) trouvée lors d’une rénovation a été incorporée dans le mur du cimetière. Une autre version évoque l’implantation de cette église par les moines d’Aubrac, histoire de passer l’hiver au chaud.
Si vous ne voulez pas être Gros Jean comme devant, sachez que l’église n’est ouverte qu’en fin d’après-midi en Juillet -Août.
Le bâtiment a profondément été modifié au fil du temps principalement, comme bien souvent, par l’ajout d’un clocher capable d’accueillir des cloches plus imposantes. Malgré cela, le portail a gardé ses caractéristiques romanes avec ses voussures en plein cintre dont certaines reposent sur des colonnes adossées. De part et d’autre, la présence de deux colonnes engagées peut laisser présager l’ancienne présence d’un porche ou d’un narthex.
Les chapiteaux présentent des entrelacs de qualité, héritage des décors typiques des carolingiens.
L’intérieur de l’église a profondément été modifié vers 1530 par Antoine Savanh architecte de la cathédrale de Rodez..
Les chapiteaux sont décorés de représentations humaines et animales qui portent un regard goguenard sur le visiteur.
Chose assez rare parmi les chapelles de la région, le haut de l’abside est décoréée d’une fresque en partie cachée par le retable.
Une des chapelles latérales contient également une série de fresques remarquables illustrant une partie des Mystères.
Nous allons le retrouver sous une forme pas banale au petit hameau de Levinhac, proche d’Espalion.
Une belle allée rectiligne bordée d’arbres vient buter sur une demeure bourgeoise. Un porche, au milieu de la cour n’a manifestement rien à voir avec l’architecture générale des lieux.
Curieusement et heureusement, le tympan a survécu.
Les sculptures riches en entrelacs, d’une qualité exceptionnelle, n’ont rien à envier celles de Conques.
Cette scène illustrerait non pas un pauvre pécheur dévoré par un monstre, mais au contraire, une hermétique démonstration d’émétique en quelque sorte: la régurgitation d’une âme.
Encore un petit hameau en voie de désertification dont l’église et son esplanade ont perdu leur éclat depuis des lustres. Coté cour :
Quelle est l’originalité de cette petite église ? Regardez bien, la toiture du chevet est en lauzes calcaires et non en ardoises. Je crois savoir que c’est la dernière église de la région à posséder ce genre de toiture.
Si l’intérieur n’offre pas d’intérêt particulier, rien ne nous empêche d’aller rendre visite aux cloches pour contempler la campagne aveyronnaise où l’herbe verdoie et le soleil poudroie.
Allez ! Une petite dernière. Si la commune de Bessuèjouls est connue pour son église à la chapelle aérienne, elle abrite un peu plus loin, au lieu dit Cohulet, une petite chapelle surmontée d’un clocher-mur. Elle est si discrète au fond du vallon que je n’ai pas trouvé de documentation la concernant, je ne peux garantir son appartenance à l’époque romane. Allez, on lui accorde le bénéfice du doute. Son propriétaire a eu la louable initiative de refaire la toiture.
C’est avec elle que nous refermons le roman espalionnais à moins que d’autres baguenaudes me réservent d’agréables surprises. Etant relativement proches les uns des autres, la visite de ces ouvrages peut représenter des étapes reposantes au cours d’une randonnée vélocipédique.