Pourtant, il n’y a pas si longtemps ce hameau drainait dans son école les enfants des alentours. Maintenant isolées, toutes ces églises témoignent du dépeuplement des campagnes.
Le soin apporté à la décoration de Saint Julien du Cambon rappelle l’importance de la paroisse dans le passé, époque où le pouvoir royal s’appuyait sur le clergé pour des missions d’intérêt général.
Datant du XIe-début XIIe l’église aurait été bâtie par les templiers d’Espalion. Une jolie dalle gravée d’une croix (templière ?) trouvée lors d’une rénovation a été incorporée dans le mur du cimetière. Une autre version évoque l’implantation de cette église par les moines d’Aubrac, histoire de passer l’hiver au chaud.
Si vous ne voulez pas être Gros Jean comme devant, sachez que l’église n’est ouverte qu’en fin d’après-midi en Juillet -Août.
Le bâtiment a profondément été modifié au fil du temps principalement, comme bien souvent, par l’ajout d’un clocher capable d’accueillir des cloches plus imposantes. Malgré cela, le portail a gardé ses caractéristiques romanes avec ses voussures en plein cintre dont certaines reposent sur des colonnes adossées. De part et d’autre, la présence de deux colonnes engagées peut laisser présager l’ancienne présence d’un porche ou d’un narthex.
Les chapiteaux présentent des entrelacs de qualité, héritage des décors typiques des carolingiens.
L’intérieur de l’église a profondément été modifié vers 1530 par Antoine Savanh architecte de la cathédrale de Rodez..
Les chapiteaux sont décorés de représentations humaines et animales qui portent un regard goguenard sur le visiteur.
Chose assez rare parmi les chapelles de la région, le haut de l’abside est décoréée d’une fresque en partie cachée par le retable.
Une des chapelles latérales contient également une série de fresques remarquables illustrant une partie des Mystères.
Nous allons le retrouver sous une forme pas banale au petit hameau de Levinhac, proche d’Espalion.
Une belle allée rectiligne bordée d’arbres vient buter sur une demeure bourgeoise. Un porche, au milieu de la cour n’a manifestement rien à voir avec l’architecture générale des lieux.
Curieusement et heureusement, le tympan a survécu.
Les sculptures riches en entrelacs, d’une qualité exceptionnelle, n’ont rien à envier celles de Conques.
Cette scène illustrerait non pas un pauvre pécheur dévoré par un monstre, mais au contraire, une hermétique démonstration d’émétique en quelque sorte: la régurgitation d’une âme.
Encore un petit hameau en voie de désertification dont l’église et son esplanade ont perdu leur éclat depuis des lustres. Coté cour :
Quelle est l’originalité de cette petite église ? Regardez bien, la toiture du chevet est en lauzes calcaires et non en ardoises. Je crois savoir que c’est la dernière église de la région à posséder ce genre de toiture.
Si l’intérieur n’offre pas d’intérêt particulier, rien ne nous empêche d’aller rendre visite aux cloches pour contempler la campagne aveyronnaise où l’herbe verdoie et le soleil poudroie.
Allez ! Une petite dernière. Si la commune de Bessuèjouls est connue pour son église à la chapelle aérienne, elle abrite un peu plus loin, au lieu dit Cohulet, une petite chapelle surmontée d’un clocher-mur. Elle est si discrète au fond du vallon que je n’ai pas trouvé de documentation la concernant, je ne peux garantir son appartenance à l’époque romane. Allez, on lui accorde le bénéfice du doute. Son propriétaire a eu la louable initiative de refaire la toiture.
C’est avec elle que nous refermons le roman espalionnais à moins que d’autres baguenaudes me réservent d’agréables surprises. Etant relativement proches les uns des autres, la visite de ces ouvrages peut représenter des étapes reposantes au cours d’une randonnée vélocipédique.