Méloé et ficaire

Qu’ils sont bons ces premiers rayons de soleil sur les praires gorgées d’eau. Les fleurs pointent petit à petit le bout du nez tandis que les insectes y fourrent le leur.Lors d’une baguenaude, j’ai rencontré un coléoptère aux reflets bleus d’un plus bel effet. Mal en point, il gisait immobile les quatre fers en l’air.Chouette! Je vais pouvoir profiter de sa paralysie pour faire des photos en prenant mon temps. Las, aussitôt remis du bon coté, l’ingrat (oui, c’est un mâle) s’est carapaté vite fait, ne m’autorisant comme souvenir que cette photo.

 

 

Petite tête, abdomen énorme, la bestiole est assez bizarre Son cycle de vie l’est encore plus et vaut qu’on s’y attarde.

La femelle pond des milliers d’œufs en petits tas séparés d’où naissent au printemps des larves appelées triongulins. Ceux-ci grimpent sur des fleurs. Ils affectionnent particulièrement les ficaires sans doute pour leur précocité printanière.

Là, ça se complique. Ils attendent l’arrivée d’une abeille qui ne tardera pas à venir faire ses emplettes. Les petits malins s’accrochent à la butineuse qui, à l’insu de son plein gré, les transporte jusqu’au nid. Tout le monde descend et choisit un œuf qui servira à la fois de radeau pour ne pas s’engluer dans le miel et de garde-manger. Quand l’œuf est consommé, ils s’attaquent au pollen et nectar.

Résumons ! La mère fait des petits un peu partout et ne s’en occupe pas. Elle compte pour cela qu’une maman d’une autre espèce le fasse. La progéniture, après avoir squatté un magasin joue les « Tanguy » en boulottant les réserves de la nouvelle famille tout en boulotant quelques rejetons de la famille d’accueil au passage.

Belle mentalité! J’en connais qui défileraient dans la rue pour moins que ça !

 

Histoire d’illustrer un peu cet article, je reviens sur les ficaires ou fausse renoncule qui hébergent provisoirement les triongulins. Cette plante très courante doit son nom à sa racine formée de petites boules en forme de figue.
 

 

 

 

Elle est nommée également herbe aux hémorroïdes grâce aux vertus calmantes de la sève contenue dans ses racines.La théorie des signatures en vogue de l’antiquité jusqu’ au XVIII consistait à croire que les plantes soignaient les organes dont la morphologie présentait une ressemblance avec la plante ou une partie de celle-ci.Les nombreux essais empiriques ainsi que le hasard sont vraisemblablement les bases de cette théorie qui n’a évidement pas les faveurs de la pensée scientifique.

Par contre, à mon avis, elle pouvait fournir une bonne méthode mnémotechnique pour la recherche des plantes médicinales en ces temps où Wikipédia n’existait pas.

Concernant la racine de ficaire et les hémorroïdes, je vous laisse juge.

 

 

 

Jusqu’à la moitié du XXe siècle, les champignons étaient considérés comme des plantes, mais les vertus aphrodisiaques de celui-ci restent à prouver. Il parait que sous sa forme juvénile il est comestible. Si vous voulez tester la théorie des signatures…
 

 

Merci à queenbee, savante lectrice, pour l’identification de la bestiole.J’ai déjà évoqué la théorie des signatures dans cet article.

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Une réflexion sur « Méloé et ficaire »

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