Direction la frontière entre l’Essonne et la Seine et Marne pour un mystère qui hante mes sorties vélocipédiques.
En suivant la charmante petite route qui relie Nanteau sur Essonne à Maisse, avant d’arriver à cette dernière, on passe sous un petit pont qui ne dessert plus aucune voie de communication. Cet
édifice surplombe perpendiculairement d’un coté la voie du RER qui rejoint Corbeil, de l’autre coté…plus rien ! Son tablier débouche dans le vide et surplombe une friche 15 mètres plus bas.
Lassé de m’interroger à chaque passage sur son utilité, j’échange mon seyant cuissard de vélo pour mon costume d’aventurier. Déterminé, je me cramponne aux manettes de ma machine à remonter le
temps (machine capricieuse pourvue d’un tableau de bord plein de petits boutons marqués de lettres dans un ordre abscons. (AZERTY…))
A la suite de plusieurs manipulations délicates, je peux enfin atteindre la base de données que l’
Intersidéral Goniographe National laisse à notre disposition.
Le voyage virtuel peut commencer.
La carte d’état major (env. 1850) semble indiquer que la route (
vert) franchissait la voie ferrée (
rouge) au niveau de mon pont pour rejoindre la route de Milly à l’Est de Maisse en contournant la butte.
Serait-ce l’origine du pont mystérieux?
L’intersection non orthogonale me laisse suspicieux.
A l’aide du curseur spatio-temporel, je consulte une période plus récente.
L’examen d’une photo aérienne de 1945 nous donne beaucoup plus de détails.
On voit nettement que la route suit à présent la voie de chemin de fer sans la traverser et qu’un pont enjambe cette voie ferrée.
A l’Ouest de ce pont, une grande boucle traverse la route pour rejoindre la Gare de Maisse. A l’Est, le pont semble desservir une carrière de sable.
Cette carrière est toujours en exploitation et sa surface a pris de l’ampleur.
Je conclue qu’une voie de communication a été construite pour amener le sable à la gare de Maisse. Compte tenu du dénivelé du terrain (plus haut à l’Est), 2 ponts furent bâtis. Le premier, détruit maintenant, enjambait la voie ferrée. Le second passait et passe toujours au dessus de la route .
A l’Ouest, une rampe descendante avait dû être aménagée pour rejoindre la gare de Maisse. Ce talus a manifestement été rasé au ras du pont.
Mon pont mystérieux se retrouve donc isolé, campé sur son arche, un peu perdu dans les broussailles.
La végétation sur la photo satellite montre le tracé de la rampe.
Reste à savoir si ce pont était routier ou ferroviaire.
Son style évoque bien le style des ouvrages ferroviaires. Une visite sur le terrain s‘impose.
L’environnement est chamboulé par l’implantation d’une structure mercantile et friches industrielles. Vais-je renoncer si près du but ? Prenant un air dégagé et sifflotant, je contourne les obstacles et je retrouve la rampe. Pas de doute quelques restes de rails tordus et de traverses sont mêlés à la végétation.
Trop fier du résultat mon enquête, j’en touche un mot à mon ami de
ITFF, et vlan le retour m’annonce que j’ai tout faux !
Rien à voir avec l’exploitation de la carrière. Si j’avais commencé par consulter son site j’aurais constaté l’existence d’une liaison ferrée entre Milly et Etampes : Le CGB
(
Chemin de fer de
Grande
Banlieue). Créé en 1912, il fut fermé en 1949 pour la liaison Maisse –Etampes et en 1953 pour le tronçon Maisse
–Milly.
Sur ses conseils je consulte le cadastre et le parcours du CGB saute aux yeux.
Heureusement je porte des lunettes !
Voici donc le parcours qu’empruntait ce train pour traverser la vallée de Maisse.
Une fois que le tortillard avait parcouru la pente comme un fou, la
Contesse s’écriait Maisse enfin !
Conclusion :
Le mystère du pont n’en est plus un et je peux faire le cuistre en passant dessous en vélo avec les copains.
Je sens bien que vous pensez que l’intérêt universel de cet article est très limité et que je ne dois pas avoir grand-chose à faire mais cela peut donner une idée concernant les recherches qui
peuvent être faites en restant bien au chaud grâce aux différents fonds de cartes mis à notre disposition par l’IGN.
De plus les vestiges de ce tronçon ne sont pas légion, ils méritent bien un peu d’attention.
Machine à remonter le temps: :
Quelques photos sur l’ancien parcours du CGB:
Liens pour les mordus:
La Savaren
Inauguration