Curiosités en carrières

Encore une promenade souterraine dans une carrière de calcaire qui recèle  de fort belles choses appelées à disparaître.
Le matériau extrait est un calcaire blanc relativement tendre.  Les strates exploitées  font environ deux  mètres d’épaisseur et la carrière est globalement horizontale couvrant une surface impressionnante. Les traces de taille  indiquent  que les blocs  découpés faisaient environ 2 mètres cube. La plupart ont servi aux travaux Haussmanniens.
Comme bien souvent, cette exploitation fut réutilisée plus tard comme champignonnière.
La carrière a été exploitée en piliers tournés disposés de manière régulière  et ressemble rapidement à un labyrinthe

 

Outre les piles non défruitéesHooo, c'est beau !, le ciel est soutenu, dans certains secteurs, par les rebuts empilés derrière des murs de moellons provenant du débitage. Ce système de soutènement se nomme: par hagues et bourrage.

 

Dans cette partie de la carrière, devant des hagues, on voit des blocs abandonnés sur place et celui du milieu, curieusement, sert d’assise à un pilier à bras..

 

A cet endroit, le ciel a dû montrer quelques signes de faiblesse qui justifient ces chandelles. Je suppose que  ce renfort  date sûrement d’une époque postérieure à l’exploitation du calcaire car cet agencement gène la circulation dans la galerie et les étais sont encore dans un état relativement correct.

 

Nous avons ici un témoignage discret et fragile: un carrier a astucieusement employé le noir de fumée de sa lampe pour faire un tableau noir sur lequel figurent des chiffres dont nous ignorons la signification.

 

 On peut voir dans certains secteurs des contrôles de la pression que subissent les piliers . Dans une fente horizontale, est insérée une sorte de lamelle comportant un « coussinet » et un manomètre indique la pression que subit ce coussinet. Un rapide coup d’oeil nous confirme que l’on ne risque rien! Poursuivons la visite.

 

 Plus loin, une galerie de recherche a mis à jour une source qui forme un joli petit lac d’eau limpide.

 

Comme je l’ai écrit, cette carrière est assez vaste et certaines parties pourraient sembler monotones à parcourir. Il faut ici rendre hommage à Erik Rotheim le bienfaiteur qui a breveté la bombe aérosol. Les artistes locaux  peuvent ainsi décorer la blancheur des murs d’expressions artistiques d’un haut niveau. Comme l’inspiration ne leur manque pas, ils ont également brûlé quelques voitures pendant des manifestations de culture alternative ajoutant ainsi un dépôt  noirâtre  au sol de la carrière. Quand on pense que la chaleur dégagée  risque en plus de faire écrouler le plafond des galeries, on ne peut être qu’admiratif quant à l’imagination créative de ces artistes… en herbes.  Bon, au moins pendant ce temps là, ils ne  traînent pas dans les musées.
Faisons abstraction de tout cela en contemplant ces beaux renforts voûtes.

 

A cet endroit, pas de dégradations pariétales, les infiltrations d’eau ont nécessité l’emploi d’une pompe et décorent à leur manière les parois par l’apport de calcite.

 

Petit à petit, les concrétions se développent apportant une touche insolite à ces longs couloirs.

 

Après avoir erré dans ce dédale, fatigués et crottés mais heureux, nous prenons un bon bain et rentrons au volant de notre machine à remonter le temps.

 

Vous pouvez découvrir d’autres aspects  de  ces lieux insolites en cliquant sur l’image suivante:

Roman X

Voici un titre bien accrocheur pour attirer le pèlerin !

Ne rêvez pas , le sujet ne sera pas croustillant bien au contraire car ce X aguicheur symbolise le Xe siècle et nous allons parler un peu d’art Roman.
Bon, avec ce préambule je viens de perdre 90% des lecteurs mais, tenace, je persiste pour une foi(s) dans le culturel.

On peut cliquer sur les images pour en profiter en grand mais il faut demander l'autorisation pour en faire usage , merci.

Le Rouergue fort pourvu en édifices religieux est traversé par la Via Piodensis. Rappelons que si le pèlerinage vers Saint Jacques de Compostelle a débuté au IXe siècle ce n'est qu'en 1987 que le Conseil de l'Europe a "officialisé" de manière arbitraire le tracé de ces chemins. L'intérêt économique est non négligeable car de nombreuses structures sont désormais en place. (Hébergement, transport de bagages, restauration* etc.)
*P.Dac préconise les oeufs mollets pour les marcheurs.

L'itinéraire Du Puy en Velay à Saint Jacques (GR65) rencontre un grand succès.
Pratiquement toute l’année, on croise toutes sortes de randonneurs. Des mystiques à l’air béat, des sportifs qui serrent les dents, d'autres qui mélangent les genres avec une petite plume dans les cheveux, ce sont les athlètes dévots à la fine aigrette. (Que Dieu me pardonne !).
Bref, plusieurs milliers de pèlerins habillés Quecha ballottent leur coquille tout en parsemant leur parcours de cailloux entassés au pied de chaque croix rencontrée. Souvent, de petits mots porteurs de prières ou des objets divers accompagnent ces cairns.

concrétion

 

Hélas, du fait de la fréquentation, d’autres cairns malodorants eux aussi accompagnés de papiers jalonnent ce chemin.

Bien, fermons cette parenthèse qui n'a pas été ouverte, et revenons à un peu plus de poésie comme disait Alfred:

concrétion

 

        C'était, dans la nuit brune,

Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

(en entier) 

 

Je vais donc vous présenter le clocher de Saint Pierre de Bessuéjouls et passer du IXe au XIe siècle en laissant le X de coté.
L'église de ce village au pied des monts d'Aubrac est très fréquentée par les pèlerins.

concrétion

 

Au premier coup d’œil elle n’a pas une bien grande allure, mais son clocher du XIe siècle présente une particularité que l’on visitera un peu plus loin. Le reste de l'église date du XVIe et ne présente pas d'intérêt architectural particulier.
Concentrons-nous sur le clocher.
Erigé en pierre de grès rose, son aspect extérieur est austère et sa façade Sud possède des traces de modifications. Le seul décor est une arcature à 5 arcs dont celui central est trilobé. On peut y voir une influence maure.
Sous l'avancée du toit on découvre une belle série de modillons. Les deux avant-corps épaulant le clocher abritent des escaliers et, à l'étage, les collatéraux de la chapelle Saint- Michel.

      Coté Nord

concrétion

Coté Sud

concrétion

 

Sur la façade Sud, la voûte du porche du clocher a été murée, ce qui a permis de récupérer de l’espace à l’intérieur de l’église

concrétion      concrétion

 

 

La grande particularité de ce clocher tient dans un petit trésor de l'art roman:
Deux escaliers étroits mènent à une chapelle aérienne de 6 mètres de coté qui contient de magnifiques sculptures.

concrétion

 

Un motif est très présent sous la forme géométrique d’entrelacs. Ce type de décor est caractéristique de l’art carolingien et il est étonnant de le voir côtoyer des ornementations de style roman.
C'est une particularité supplémentaire de cette chapelle consacrée à Saint Michel.
On peut consulter un article ici où , pages 395-396, il est question de ce clocher et des entrelacs.

 

L’autel possède une arcature avec l’élément central trilobé comme sur le décor extérieur du clocher.

concrétion

 

Les collatéraux sont séparés de la salle par des arcades soutenues par des colonnes aux chapiteaux richement décorés.

concrétion

 

Je suppose que ce genre de chapelle suspendue doit être assez rare. J'ai même entendu que ce clocher serait à l'origine un minaret ! (Si un lecteur a des infos, je suis preneur.)

 

Avant de reprendre votre bâton de pèlerin en carbone, vous pouvez continuer la visite en cliquant sur l'image suivante:

 

clic1

Bonne route et n'oubliez pas de refermer les clôtures en visitant la région