Au début du XIXè siècle, la fonte du minerai de fer se fait à l’aide de charbon de bois. Les Anglais, confrontés à une grande pénurie de bois, commencèrent à utiliser le charbon de terre en épurant celui-ci par grillage. (Coke). Profitant des innovations anglaises, le duc Decazes, épaulé par l’ingénieur Cabrol, a mis à profit la proximité des mines de fer et de charbon du bassin Nord Aveyronnais. Il implante des hauts fourneaux, forges etc. L’essor de ce complexe sidérurgique fut à l’origine de la création d’une ville qui fut baptisée … Decazeville. Un siècle plus tard, la ville comportait 15000 habitants.
Les deux conflits mondiaux ont permis de maintenir l’activité marquée par des conflits sociaux violents. A partir des années 1950 le déclin définitif commence.
Une comparaison aérienne entre 1947 et aujourd’hui montre que l’on a fait table rase du passé industriel.
Allez, vous vous doutez bien que Baguenaudes vous a déniché quelque chose. Regardez bien en bas à droite, dans le cercle rouge, un bâtiment est toujours debout.
Késako ?
En gros, les soufflantes étaient des machines chargées de pulser de l’air pour activer la combustion dans les hauts-fourneaux. Des bouffadous en quelque sorte comme on dit avec l’accent régional.
Mues par une machine à vapeur, les soufflantes compriment l’air, un peu comme une pompe à vélo, pour l’envoyer dans de gros réservoirs. A l’intérieur de ces derniers (Cowpers), l’air est chauffé grâce à l’apport des gaz de combustion des hauts fourneaux (CO). Cet air chaud est injecté ensuite dans le haut fourneau pour attiser la combustion.
Gardons notre souffle et revenons… à nos soufflantes.
Si dans l’industrie, on connait une évolution vers le mini, le micro, et maintenant le nano, au début XXe siècle, les machines affichaient leurs puissances avec ostentation. Ici, souffler n’est pas jouer !
Le personnage n’est pas là pour faire le charlot mais pour donner une idée des dimensions de ces volants d’inertie.
Cela ne vous rappelle rien ?
Voici donc quelques vues de ces anciens « temps modernes ». Bien qu’il ait rendu son dernier souffle, cet assemblage de bielles et pistons énormes dégage avec leurs habillages de rouille un esthétisme digne de sculptures modernes. Ne mérite-t-il pas de passer de statut de déchet industriel à celui de monument témoin?
Au cœur du dispositif, la machine à vapeur de type Corliss qui entraîne la bielle du volant d’inertie et les pistons du compresseur.
Le régulateur qui assure le débit constant de la vapeur.
A l’opposé du volant, se trouve le compresseur.
Admission d’air pour le compresseur ?
Chose étonnante, vous pourrez constater que ce bâtiment industriel était dallé d’un joli carrelage.
En 1912, le dispositif est renforcé par l’apport d’une turbo soufflante Sauter-Harlé d’une capacité supérieure aux deux Corliss. Ces dernières resteront néanmoins actives pour parer à une éventuelle panne de la turbo soufflante. Il est impératif que le cycle de fonctionnement du haut fourneau ne soit jamais interrompu sous peine de détériorations très importantes.
Après l’examen du cœur, des poumons et des membres de cette belle machine, passons au sous-sol pour découvrir les entrailles. Elles sont parcourues de tuyaux et conduites qui distribuent les fluides. (eau, vapeur, air)
A partir de 1939, il ne reste qu’un haut fourneau en activité et nos belles soufflantes de type Corliss ne sont plus utilisées qu’en dépannage.
Association de Sauvegarde du Patrimoine Industriel du Bassin de Decazeville se bat pour que le bâtiment soit conservé et rénové, mais l’ avenir n’est pas encore assuré, la ville ne donnant pas l’impression de revendiquer et mettre en valeur son passé industriel. Heureusement un chevalement a été sauvé par l’ASPIBD, pourvu qu’il en soit de même pour ces soufflantes exceptionnelles.
Merci, une fois de plus
C’est moi qui vous remercie pour votre lecture
Magnifique reportage gadjo, bravo !!
Content que cela te plaise. Merci !
Emouvant ces machines infernales et autres bielles, mériteraient bien une conservation patrimoniale, tu as raison
Oui, il faut se rappeler que la France fut une puissance industrielle.
Très belles photos, on ne s’attend pas à ce que ces machines soient aussi tendrement colorées…
J’avoue, sur certaines, j’ai quelque peu exacerbé la saturation mais c’est pour les mettre en valeur (avec tendresse) 🙂
Toujours aussi bien . bravo pour ton travail
Merci baucoup, mais ce n’est pas du travail, c’est du plaisir 🙂
Merci beaucoup pour la information et les belles photo’s. Après ma visite a Decazeville la histoire de l’usine m’avait intrigué. La usine et l’interieur merite la conservation et restauration!
Superbes photos et explications très claires, même si leur fonctionnement reste complexe.
La zone du centre va être réhabilitée mais pour les soufflantes, c’est en stand by.
J’habite pas loin et passe tous les jours devant en me disant qu’un jour j’en ferai bien quelque chose, une salle de concert et de musiques actuelles, un café concert…Ce lieu est encore plein de vie.
D’ailleurs, « Les Temps Modernes », ça collerait plutôt bien.
Effectivement,c’est un très beau reportage,
C’est un lieu magique,un voyage dans le temps, et pour combien de temps encore épargné par la rapacité des ferrailleurs mais qui nous fait hélas réaliser qu’en France nous ne serons pas capables de sauvegarder d’aussi belles installations ainsi que savent le faire les Britanniques,qui ont,chez eux une grande quantité d’anciennes usines similaires avec leurs machines,le tout,parfaitement conservé,restauré, qui fonctionne, et qui attirent de nombreux touristes.
Oui, l’avenir de ce monument n’est hélas pas assuré. Merci pour votre passage.
Bravo pour votre reportage,faites comprendre à la municipalité de Decazeville que cette installation est unique et qu’elle peut présenter un avantage touristique pour la ville.
Bonjour,
Je reste sans voix ( c’est rare ), après avoir regardé et lu ce reportage de qualité.
Un ami (Benjamin Rauffet) m’a indiqué votre site après m’avoir fait languir en publiant trois photos sur un compte facebook https://www.facebook.com/groups/193338167532 » pour ceux qui aiment » la machine a vapeur » .
Je suis un passionné de machines a vapeur et chauffeur d’une collection.
ces moteurs et leur bâtiment sont le Graal des amateurs comme nous.
La publication de Benjamin a eu l’effet d’une bombe sur le net, et jusqu’en Amérique.
je reste a votre disposition, au cas ou.
Encore Merci
Bien cordialement
Guy Plantier .
Bonjour,
Je découvre votre site par hasard et avec beaucoup de joie.
Entre 1969 et 1975 j’ai travaillé aux AUMD pour une entreprise électrique lyonnaise la CGEE .
J’ai vu fonctionner cette soufflante et j’en étais tétanisé , pourquoi ?
J’avais 21 ans et voir haleter cette masse de fonte et de fer nous collait contre les murs de brique de la centrale de la soufflante: le bruit se sa respiration , les pièces mécaniques énorme en mouvement alors que nous nous trouvions à moins de 1 mètre .
Un ancien mineur recasé en fin de carrière au service électrique (le musé actuellement ) m’a dit que le capot de fonte que l’on voit sur la photo intitulée Carrelage , avait explosé entrainant la mort de plusieurs ouvriers. Ce capot avait été re-soudé comme on peut facilement les cordons de soudures et remis en service.
Votre publication me fait remonter , avec beaucoup d’émotions ,des souvenirs de cette époque .
A mon dernier passage à Decazeville , j’ai aussi photographié ce local et la merveille qu’il abrite, en espérant que le département ou la région s’y intéresse .
Merci pour ce reportage.
Jean-Paul Bouvard