La rencontre de cette imposante cheminée située en pleine forêt de Fontainebleau a de quoi étonner. En effet, aucune trace de vestige industriel à proximité ne vient justifier sa présence. Renseignements pris, nous apprenons que nous sommes en présence d’une cheminée géodésique. Allons bon, comme dirait Dario Moreno :
A partir des années 1750, Cassini entreprend de cartographier la France.
Il dessine la première carte homogène grâce à une triangulation s’appuyant sur des points dont les coordonnées sont connus .
Les points culminants, tours, clochers ont servi de repères visuels pour les visées.
Fin XIXe, début XXe, le climat géopolitique est plus que tendu et l’état-major a besoin de cartes les plus précises possibles. Pour compléter le maillage des points Cassini , des cheminées ont été érigées, principalement vers le Nord-Est, région où les relations avec les voisins sont pour le moins empreintes de méfiances.
Pourquoi des cheminées ? Deux raisons: la hauteur, ainsi que leurs sommets effilés, présentent des repères précis visible de loin.
Deuxièmement, pour être le plus précis possible, l’instrument de visée (théodolite ou mire) doit être placé à l’aplomb du point géodésique connu. Qui dit aplomb, dit fil à plomb. Pour que celui-ci ne soit pas perturbé par les courants d’air, ont donc été érigées ces cheminées. Le géomètre , grâce à un échafaudage en bois monte au sommet de la cheminée, place son fil à plomb pile poil à l’aplomb du repère au sol. Une fois la verticale établie, il aligne son théodolite au dessus pour effectuer la visée, ou une mire qui sera la cible d’une visée provenant d’un autre point géodésique.
Au dessus, l’intérieur de la cheminée est impressionnant. Je ne connais pas la hauteur de cette tour mais cela doit dépasser les 20 mètres.
J’entends bien le petit malin qui chuchote dans mon dos: à marée basse ou marée haute ? A cela, je rétorque que le point étalon 0 a été calculé sur une moyenne des observations effectuées au marégraphe de Marseille du 1er février 1885 au 1er janvier 1897. NGF/IGN69. (France métropolitaine sauf Corse). Chaque pays possède son propre point 0 et pour compliquer la chose, les GPS utilisent un autre référencement (WGS84). Heureusement, ils savent s’adapter pour nous indiquer une altitude correspondant à nos cartes.
Elle a été restaurée en 2000. La matrice cylindrique qui matérialisait le point au sol n’est plus en place. Le fait qu’elle était en cuivre n’y est sans doute pas pour rien.
Sa silhouette a été étêtée par une tempête tant et si bien qu’elle nous salue maintenant sans son chapeau de pierre dont on trouve des vestiges à son pied. Pied qui a également perdu la fenêtre de contrôle de l’aplomb du fil celle-ci étant vraisemblablement enfouie sous la terre.
On peut noter que le bloc à proximité est pourvu d’un repère géodésique.
Le parement en brique d’une de ses arêtes a subi la visite de la foudre.
Au sol, une pierre indique l’ancien repère sous la forme d’un petit trou foré où le poids du fil à plomb doit venir se loger.
De l’extérieur, on retrouve les lumières permettant de visualiser la position du fil.
La recherche de ces cheminées peut faire un motif de promenades agréables dans la nature, mais n’y laissez pas vos souliers fin Décembre, il y a peu de chances que le Père Noël les visite.
Vous trouverez la liste des cheminées géodésiques avec leurs emplacements ! .
!vous en verrez un grand nombre photographiées. Bien qu’ayant toutes le même usage, on peut constater une grande disparité concernant leurs formes.
Concernant les repères géodésiques, je vous invite à visiter le site de’l’ami Jeanpoule !
C’est pas sorcier la cartographie !
Et voilà, j’apprends encore quelque chose ! j’ai un très ancien théodolite à te passer si tu veux…
Ah oui, je suis preneur 🙂 Merci d’avance !
J’ignorais tout de ce sujet. Tiens, ça me donne une idée d’énigme lol
Qu’est ce qui sort de la cheminée ? Laurel et Hardy l’ont déja fait 🙂
J’ai la même à 2 pas…..disons 3 pas de chez moi, en si bel état qu’on la croirait construite de « la veille au soir »
Il y a encore à proximité qques ferrailles plantées dans la terre qui devaient servir à l’arrimage de l’échafaudage
Cet échafaudage est visible sur une carte postale où il est dit que c’est un poste d’observation de la télégraphie sans fil ?????
Nous la mentionnons dans notre blog avec qques photos sur cette page: http://asepa89.eklablog.com/un-village-tuilier-du-gatinais-saint-serotin-2-a114574488
Il en existe une autre à 4kms de celle ci, au format carré et en mauvais état, sur la commune de Chaumont
Oui, j’ai pour projet d’aller faire un tour à l’ombre de ces cheminées. Votre région est riche en vestiges fort intéressants. Si c’est possible, je suis preneur d’un scan de votre carte postale.
Merci pour votre message.
Je ne savais même pas que ça existait!!!! MERCI!!!!
Il n’ y a pas longtemps, moi non plus 🙂