Saut de mouton à Corbeil

Sur les rives de l’Essonne, se dressaient il n’y a pas si longtemps les vestiges imposants de la papeterie Darblay qui employa jusqu’à 2000 ouvriers.
Toute l’activité cessa en 1996 laissant derrière elle une importante friche industrielle.
La visite des lieux devait être passionnante. Hélas, le réaménagement méthode Bouygues à fait table rase du romantisme qui devait se dégager de ces ruines !
Arrivé sur place, je ne peux m’empêcher de verser une larme de dépit, goutte d’eau salée essuyée tristement avec un Sopalin.
Sopalin ! Mais dites moi ne suis-je pas justement à l’endroit où, après guerre, Stanislas Darblay importa des Etats-Unis une application nouvelle du papier et créa La SOciété des PApiers LINges ?
Mais si ! C’est bien là qu’est né le fameux SOPALIN !

Bon, revenons à nos moutons ou plutôt à nos sauts de moutons. (Je vois bien à vos fronts plissés que vous vous interrogez sur ces sauts de moutons mais l’explication viendra plus loin. )

Cette papèterie, bâtie sur les rives de l’Essonne, avait un grand besoin d’eau. Celui-ci grandissant au fil des ans, une conduite traversant la colline a été aménagée pour pomper l’eau de la Seine.
Voici ce qui reste des bâtiments qui abritaient les pompes:

 

Corbeil-0776.jpg salle-des-pompes.jpg

 

Profitant du percement de la galerie, un tunnel ferroviaire long de 800 mètres a été réalisé afin de desservir le Port Darblay. La papeterie était ainsi reliée à 2 voies de communication. Le chemin de fer à l’Ouest et voie fluviale à l’Est avec la Seine . Les innombrables billes de bois nécessaires à la fabrication de la pâte à papier transitaient par ce tunnel.

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A l’Ouest on se rend bien compte de la surface occupée jadis par l’usine ainsi que de l’importance du développement interne de son réseau ferré.
C’est bien joli tout ça mais quid des sauts de moutons ?
Patience, j’y viens.
Un ami est en train d’établir l’inventaire de tous les tunnels ferroviaires (anciens et actifs) de France.
Son projet remarquable (ITFF) est pratiquement complet à 99% . Il a fait appel à moi pour lui fournir quelques photos concernant ce tunnel.
Comme c’était ma première commande en tant que photographe je n’ ai pas demandé de rétribution. Je me suis donc rendu sac en bandoulière sur les lieux, accompagné d’un assistant éclairagiste
débroussailleur.
La visite, au calme bien que passant sous l’autoroute et les voies ferrées, est pittoresque. Ça et là, la nature nous offre quelques concrétions bien jolies.

Voici les photos de ce fameux tunnel oublié aux entrées enfouies dans la végétation.

corbeil561-copie-1.jpg

 

 

Saut de mouton ! Saut de mouton ! Scande la foule impatiente!
J’arrive!
De retour à la maison, par curiosité j’ai parcouru plus attentivement l’ancienne photo aérienne du site et j’ai constaté qu’à proximité de la sortie Ouest du tunnel, les voies ferrées passaient
l’une au dessus de l’autre grâce à un petit tunnel appelé, nous y voilà : saut de mouton dans le jargon SNCF.
L’usine était érigée en bas du coteau et la ligne SNCF en haut, il a donc fallu aménager la descente pour gérer le dénivelé. Un rebroussement, un viaduc et un saut de mouton furent nécéssaires.

reseau-copie-1.jpg

Détail du saut de mouton:

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Surprise ! Ce saut de mouton qui n’était pas recensé par ITFF est encore visible au milieu des constructions modernes.

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Les entrées:

SMEst.jpg SMOuest.jpg

 

Ce petit tunnel, bien conservé et long de 23 mètres est complètement vide. Il a été curieusement curieusement épargné par l’urbanisation.

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Une nouvelle fiche est donc ajoutée pour ITFF.

Complétons le sujet avec une vue du viaduc qui permettait à la voie ferrée d’enjamber la route avant d’emprunter le saut de mouton. L’ombre des arches est visible sur la photo aérienne.

 

Corbeil-0773-copie-1.jpg

 

Pour clore mon papier, j’ajoute que bien sûr le site était pollué et le terrain a de la valeur mais comment ne pas regretter qu’il ne reste pratiquement plus aucun témoignage de cette architecture industrielle fin XIXème ? Regardez ce que l’on pouvait découvrir il n’y a pas si longtemps:
Derelicta

 

ITFF est maintenant complet à 99,1%. Si par chez vous il traîne un tunnel qui ne serait pas répertorié n’hésitez pas à contacter ITFF, vous ferez un heureux.
Ecoutons Philippe nous présenter son projet:

 

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A bientôt en espérant que ces sauts de moutons ne vous ont pas trop endormi mais ces vestiges ignorés en pleine ville méritaient bien une petite baguenaude.

 

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