Nous ne parlerons pas ici des célèbres grottes préhistoriques ornées, mais beaucoup plus modestement de petits sites contemporains à portée de mes sabots qui, par leurs aménagements, ont un caractère disons, insolite.
La géologie n’est pas toujours propice aux formations de cavité karstique. Qu’importe ! Si la foi soulève des montagnes, elle peut bien créer des cavernes.
Je vous propose de commencer par la rencontre, en plein milieu des bois, d’un édifice ô combien étonnant juché au point culminant d’une grande propriété !
Cet imposant Christ (dit du Sacré-Cœur) d’environ trois mètres de haut est campé sur un faux rocher fabriqué en mâchefer enduit de stuc.
L’édification de ce site en 1875 fut peut-être influencée par la réaction catholique à la commune de Paris*. Il fait immanquablement penser au jardin des Buttes Chaumont avec son imitation, très prisée à cette époque, d’une nature exubérante. (style « rocaille » impulsé par l’invention du ciment Portland.)
* 1875 pose de la première pierre de la Basilique du Sacré-Cœur à Montmartre.
Le côté insolite ne s’arrête pas là, en effet la structure est creuse formant ainsi une grotte pour le moins improbable.
La cavité a été aménagée en lieu de culte où l’on distingue encore les emplacements de l’autel et du tabernacle. L’environnement est décoré de faux stalactites d’un romantisme très kitsch destinés à renforcer « l’effet grotte ».
A l’extérieur, un chemin en colimaçon élève le pèlerin jusqu’au pied de la statue.
Frotter le gros orteil est censé favoriser une maternité proche. (Légende de Saint Greluchon). L’absence de rouille sur ce doigt de pied nickelé montre que le rite païen perdure alors que la procession catholique n’a plus lieu depuis des lustres.
Dans la région de Rambouillet, si l’environnement sableux Stampien n’est pas une zone calcaire propice à la formation de grotte, la solifluxion du sable sous la dalle de grès peut dégager des surplombs qui peuvent s’apparenter à des grottes. Nous allons visiter une de ces cavités où le phénomène a été accentué artificiellement afin de dégager une caverne aux dimensions respectables grâce à un important travail d’excavation.
Dès l’entrée, la volonté de sublimer l’endroit est omniprésente.
Un agencement de pierres maçonnées ouvre sur deux boyaux mystérieux.
L’intérieur n’a rien à lui envier. Une fois dans les lieux, des cloisons ajourées partagent l’espace dans une ambiance pour le moins étonnante.
Manifestement, un tel effort d’aménagement souterrain a été dicté par une volonté d’abriter un lieu de culte comme le montrent ces arcatures à claire-voie décorées de croix latines.
On peut y lire quelques graffitis. Parmi eux, probablement, un patronyme d’un soldat américain, le choix de la date correspondant à la libération du village. Cela tend à prouver que cette cavité jouissait d’une certaine renommée à l’époque, ce qui n’est manifestement plus le cas.
Plus sérieusement, les archéologues s’interrogent sur la (ou les) intentions des civilisations qui ont laissé ces nombreuses gravures toujours associées à des alvéoles plus ou moins prononcées.
Contrairement au cas précédemment visités, cette volonté de « sacraliser » des cavités prend ici un aspect beaucoup plus confidentiel. Il n’est pas rare d’être obligé de ramper pour les observer.
Une profusion (21) de croix latines sont gravées sur les parois de cette petite enfonçure. Pourquoi ce rocher et pas un autre ? Mystère !
Les tailles et formes différentes tendent à montrer qu’elles ont été gravées par différentes « mains » attestant un rite inscrit dans la durée. On peut noter le jambage vertical de la lettre L transformée en croix .
*J’ai pu visiter ces lieux fragiles grâce à l’amabilité des propriétaires. Compte tenu de leur fragilité , il est inutile de me demander où ils se cachent.
encore un sujet intéressant et j’ai découvert Saint Greluchon :o)))
Merci. St Greluchon, ou comment prendre son pied ici 🙂
Outre le vocabulaire toujours aussi riche, j’admire les photos que tu as prises et qui ne peuvent que donner à réfléchir sur ce qui n’a visiblement pas été consigné par écrit. Merci de baguenauder autant dans de si beaux endroits!
Merci baucoup, mais cela ne mérite pas tant de dithyrambes, ce sont juste des cailloux !
belles photos et comme toujours j’adore…ça change des selfies que l’on fait avec les portables…(c’est affreux)
une crise de foi gadjo ?
anouk de l’ASEPA
🙂