Dans l’article précédent, je vous ai parlé d’un site unique en Europe, et bien Baguenaudes frappe encore plus fort car le sujet suivant est UNIQUE AU MONDE tout en étant aussi peu connu.
C’est parti pour l’église Sainte barbe de Crusnes en Meurthe et Moselle.
Située en plein bassin Lorrain, elle fut commandée pour les ouvriers par la famille De Wendel. Maîtres de forges depuis de 1704, cette famille a eu la main mise sur la sidérurgie lorraine et y a instauré une politique sociale paternaliste. L’ouvrier était logé De Wendel, mangeait De Wendel, utilisait les transports De Wendel, bref, le salaire gagné chez De Wendell était dépensé chez De Wendel. Il pouvait dorénavant prier De Wendel .
Philanthropie ? Cette église est en réalité un prototype. L’idée de De Wendel était de concevoir des églises préfabriquées nécessitant une main d’œuvre non qualifiée pour son édification et exportables facilement dans les colonies, voir dans le monde. Ce qui profitait à Dieu pouvait bien profiter aussi à De Wendel.
Le dernier conflit mondial a mis fin à ce projet et notre église est restée unique.
Ce monument en kit a été conçu par l’architecte Claude Robbe et érigée par les ouvriers des mines de fer de Crusnes en 1938-39.
Dans les années 1970 son état de délabrement est bien avancé, subissant même un affaissement de 70 cm en 1977.
En 1990 elle est classée Monument historique.
Elle fut restaurée à partir de 1997 mais il faut bien reconnaître que la rouille lui donnait un cachet plus qu’original comme le témoigne cette photo prise en 2003 (Merci François)
Les contraintes techniques, mais aussi l’influence possible de l’Art Déco font que les lignes courbes sont complètement étrangères à ce meccano géant.
L’église est fermée mais la verrière et ses vitraux doivent distiller une belle lumière à l’intérieur de l’édifice comme on peut le deviner sur cette ancienne photo..
Hélas, bien que rénovée, sur les façades exposées aux intempéries, des signes de dégradations du revêtement font leur apparition.
Rachetée par l’évêché, le coût de l’entretien de cet édifice rend son avenir problématique au point qu’un acheteur serait bienvenu mais les prétendants ne se bousculent pas au bénitier.
Cette église continue ainsi d’être un symbole de la sidérurgie lorraine et de ses vicissitudes.
Pour donner une idée de la puissance passée de l’empire Wendel, voici un des frontons qui ornent la façade des anciens bureaux édifiés en 1906 à Hayange. Pour le moment, ils sont à l’abandon, mais restent impressionnants par leur taille
Intéressant ! C’était la période du paternalisme. L’idée d’une église exportable ! il fallait y penser. Ce serait dommage que cette église tombe en ruine.
Je viens d’apprendre qu’elle a été rachetée:
http://france3-regions.francetvinfo.fr/lorraine/2015/05/07/l-eglise-en-fer-de-crusnes-est-vendue-720373.html
Merci de votre visite 🙂
Merci pour ce remarquable document, surtout celui concernant l’histoire de la conception, construction, puis abandon et sauvetage de cet édifice !
Le mémoire d’architecture est très explicite…malgré de grhosses phôtes d’aurtograf’ dans un texte qui a dû pourtant être relu…
Bonne semaine, le 22 juin 2015
Merci pour votre commentaire. Espérons que l’aménagement du site ne porte pas préjudice au souvenir de l’épopée minière.
Enseignant le dessin de construction dans le bâtiment et maintenant en retraite, titulaire d’un brevet supérieur de collaborateur d’architecte et passionné d’architecture,
c’est avec une grande curiosité et avec beaucoup d’ émotion que je découvre un homonyme célèbre dans ce secteur pour lequel j’ai beaucoup d’intérêts.
Cette construction d’ avant-garde du point de vue de sa construction et des matériaux employés est digne de la construction navale et bien en avance sur celle-ci à cette époque.
La volonté des industriels de l’époque de mettre en avant l’ acier dans la construction de bâtiment et ceci en parois extérieures était une grande première pour l’ époque et prémonitoire de la préfabrication à grande échelle.
Merci pour votre commentaire 🙂