Lait de loup

 

Promenons nous dans les bois pendant que le loup n’y est pas.
Absent Maître Ysengrin ? Pas sûr ! Parmi les branches mortes qui jonchent les sols humides, on peut remarquer des rameaux colonisés par des petites boules étranges à la couleur vive.

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Bergère, ne prend pas la peine de rentrer tes moutons. L’imagination populaire a baptisé ces curieuses manifestations de lait de loup. L’analogie peut paraître bien étrange, risquons une interprétation expliquant que la forme sphérique évoquerait des gouttes de lait tandis que le caractère carnassier du loup serait associé à la couleur rouge? Un peu tarabiscoté, je le concède bien volontiers.
Quoi qu’il en soit, l’esthétique de ces « gouttelettes » ne peut qu’ éveiller la curiosité et nous allons voir que son étrangeté ne se limite pas à son aspect.

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Renseignements pris, ce petit « champignon » possède des caractéristiques bien particulières.
Premièrement, ce n’est pas un champignon puisqu’il ne possède pas de mycélium et la chose a été confirmée par l’étude de son ADN.
Est-ce un végétal ? Pas de chlorophylle ni racine donc, on va dire non.
Cet organisme est capable de se déplacer et même de contourner des obstacles pour se nourrir. (Débris végétaux, champignons, bactéries ). Animal donc ? Non plus, car la chose est unicellulaire.
Mi-animal, mi-végétal, ces petites gouttes de lait de loup sont finalement classées dans le règne des protozoaires dans la classe des Myxomycètes.
Dixit l’encyclopédie participative : Leur nom est formé de « myxo » qui signifie gélatineux, gluant, et de « mycète » dont la racine myc- signifie champignon, car les Myxomycètes sont traditionnellement étudiés par les mycologues, bien qu’il s’agisse en fait d’« amibes collectives »
Gros plan sur le Lycogala epidendrum.

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Il arrive que l’enveloppe laisse échapper une matière visqueuse (Plasmode).

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En vieillissant, il noircit et sa chair devient pulvérulente.

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J’ai rencontré une autre forme, assez étrange elle aussi, pourvu qu’on l’observe de près. Peut être un tubifère rouillé ?

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Est-il utile de préciser que ces myxomycètes, bien que non toxiques, ne sont pas comestibles ?

 

Un site spécialisé sur les myxomycètes hand-cursor
Et un autre sur les champignons hand-cursor

 

Licorne

 

Surprise!
Nous sommes bien loin de la forêt de Brocéliande, pourtant les frondaisons humides se sont écartées doucement ce matin pour livrer passage à cette belle licorne.

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Chut ! Profitons du spectacle.

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Je vous vois venir, pourfendeurs d’incertitudes et approximations, vous allez argumenter que le front de cette belle apparition n’est pas dotée de corne, mais de bois!
Laissez moi rêver. Son front n’est paré que d’un seul appendice, donc c’est bien une licorne !

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Le chevreuil perd ses bois à l’automne. Ceux-ci repoussent rapidement et sont débarrassés de leurs velours en Avril- Mai (fraye).
(Remarquons au passage que les animaux porteurs de bois sont qualifiés de cervicornes histoire de mettre un peu de confusion.)
Pourquoi notre licorne ne possède qu’un « bois » ? Anomalie génétique, bagarre? Ce bois dépourvu d’andouiller semblerait indiquer un individu relativement âgé (7/8 ans).

Si je la croise, je demanderai à la fée Morgane.

 

Briqueteries normandes

 

Les grandes cheminées encore debout, par leurs érections, témoignent du passé industriel de nos régions.
Lors d’une errance vers la Normandie, cette imposante tour de briques n’a pas manqué d’attirer ma curiosité. Cet index dressé avait trop un air de « viens voir par ici » pour que j’ignore son signal d’autant que le contexte évoque davantage les activités rurales qu’industrielles. Je n’ai pas regretté le détour puisqu’il m’a permis de découvrir une ancienne carrière de lœss, riche en argile, qui fournissait la matière première pour une briqueterie édifiée sur place.
Quoi de plus banal qu’une brique ? Son usage remonte à l’Antiquité et on sait depuis des lustres que le Grand Méchant Loup s’époumona en vain contre les murs montés par le troisième petit cochon.
Objet anodin donc? Peut être, mais rien n’empêche de s’interroger sur sa fabrication et plus particulièrement sur sa cuisson.
Sur le site que nous allons parcourir, l’activité a débuté en 1911 pour se terminer vers 1950.
Nous commençons la visite avec cette vue aérienne gracieusement proposée par ce blog. Prise à l’aide d’un cerf-volant, elle nous montre l’importance des séchoirs qui pointent vers le four.

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Sur cette vue ancienne on voit parfaitement la proximité de la carrière et de la briqueterie. Les séchoirs sont bien remplis. On remarquera l’empilement alterné des briques permettant la ventilation.

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Les séchoirs sont maintenant reconvertis en remises agricoles.

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Le bâtiment chargé de la cuisson des briques est de taille respectable. Il a été construit sur les bases du principe des fours Hoffmann dits à « feu continu »où la cuisson est effectuée par un foyer de coke qui progresse au long de couloirs.

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Cette construction est constituée de deux longs couloirs voûtés . On y accède de chaque coté par six ouvertures latérales. Celles-ci étaient desservies à l’aide de rails de type Decauville. Bien entendu, pendant la cuisson, ces ouvertures étaient obturées.

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A l’extrémité de la construction, on trouve l’imposante cheminée qui a capté notre attention.

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Le principe de fonctionnement consiste à remplir les couloir de briques placées en quinconce afin que les gaz chauds puissent circuler entre elles. Le foyer, allumé à une extrémité, se déplace dans le couloir.
Le coke est versé par le haut au fur et à mesure de l’avancée du foyer à l’aide de trappes qui percent la voûte. L’empilement des briques à cuire est réalisé de façon à ce que des espaces verticaux soient réservés pour accueillir le coke.

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Au cours de la cuisson, les briques se rétractent ce qui agrandit les interstices entre les briques et favorise le tirage. Des cloisons en papier délimitent des « chambres »permettant de contrôler l’avancement du feu en maîtrisant les courants d’air.

Briquetterie du Nord

Briquetterie du Nord

 

Au ras du sol, des évents récoltaient les fumées dans une conduite souterraine qui rejoint la cheminée. Le tirage par aspiration est assuré par la hauteur de la cheminée grâce à la forte dépression occasionnée par la différence de densité entre l’air chaud (plus léger) et l’atmosphère extérieure.

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Au fur et à mesure de l’avancée du foyer, les portes latérales sont démontées afin de défourner les briques cuites et enfourner celles à cuire.
Voici sommairement la coupe d’un couloir de cuisson.briqueterie-6

 

La température nécessaire à la cuisson est d’environ 1000 degrés. Le temps de cuisson et la température influent sur la couleur finale des briques. Les parois du tunnel portent les traces de « vitrification » dues à la chaleur.

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La cuisson durait en moyenne 12 heures et les deux couloirs étaient approvisionnés et déchargés en alternance au fur et à mesure de l’avance du feu. Ainsi, le cycle était ininterrompu. Subissant la chaleur et dans la pénombre les employés rencontraient des conditions de travail très éprouvantes.
Rien ne se perdait, en effet, les briques défectueuses étaient réduites en poudre utilisée notamment pour la terre battue des terrains de tennis.
Pour construire cet édifice, il a fallu un bon nombre de briques et on peut voir à l’entrée de la propriété les vestiges de l’installation où celles-ci ont été façonnées.

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J’ai eu la chance de visiter ces lieux guidé très gentiment par le fils de la propriétaire. Ce fut un réel plaisir d’écouter ses explications en parcourant ces beaux vestiges du patrimoine industriel du début du siècle dernier. C’est pour ménager sa tranquillité que je n’indique pas l’emplacement.

 

Dans la proche périphérie d’Argentan, une autre cheminée émerge d’une friche bien défendue par un roncier redoutable. Les deux lettres qui décorent le conduit correspondent à Leduc et Aubry, créateurs de l’entreprise en 1913.

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Ici aussi, nous retrouvons le principe du four Hoffmann à feu continu avec son four en tunnel accessible par les ouvertures latérales et les collecteurs de fumées au ras du sol.

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La voûte, en partie effondrée, nous permet d’accéder au collecteur des fumées au niveau inférieur de la cheminée.

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Vu de l’intérieur, on peut découvrir un petit bout de ciel bleu.

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J’ignore l’usage de cette « gamelle »métallique, peut être servait-elle à obturer un des accès d’admission du coke au travers de la voute.

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A proximité du four, on trouve les ruines de bâtiments n’offrant guère d’intérêts esthétiques excepté pour les amateurs de tags. L’état général des lieux n’incite guère à faire preuve d’optimisme quant à sa pérennité.

 

A la fin de mon article sur les cigognes., je vous avais parlé d’un drôle de bâtiment dont la silhouette évoque les chörtens tibétains. Eh bien oui, il s’agit également d’un ancien four à briques.
La production s’est déroulée de 1850 à 1875 au lieu dit Le Porribet. La proximité de la Vire offrait une intéressante possibilité d’écoulement de la production par halage.
Ici la cuisson est verticale. On remarque que la construction possède cinq jambes de force destinées à renforcer la voûte intérieure du four, partie fragile de l’édifice.

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Les briques sont empilées à l’intérieur du four circulaire en ménageant des petits interstices pour le passage des fumées et de la chaleur. La méthode d’empilage est assez complexe puisqu’en prolongement des gueules d’ alandiersAlandier, il faut ménager des chambres de chauffe pour l’alimentation des foyers. (Charbon de Littry)
Pour cela, des briques sont disposées en encorbellement de façon à former des sortes de couloirs au dessus desquels les briques sont empilées à l’intérieur du four circulaire en ménageant des petits interstices pour le passage des fumées et de la chaleur

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Vue de la porte d’accès et de la gueule de deux alandiers débouchant dans le four. On distingue la barre en fer chargée de soutenir la grille du foyer.

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L’enfournage doit donc être effectué avec beaucoup de soin sachant qu’ il faut prendre en compte de la diminution du volume des briques au cours du séchage.

 

La voûte du four est percée de petites ouvertures qui collectent la fumée (carnaux) vers la cheminée chargée d’augmenter le tirage.

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Un deuxième four, de section carrée cette fois, se trouve à coté. Si le principe reste le même, il n’est pas pourvu de cheminée et la structure en brique est doublée de parements en schistes qui devaient assurer une meilleure isolation thermique.

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Nous allons conclure avec un autre type de four. La Chauffetière est une briqueterie exceptionnelle dont l’implantation remonte à 1760 ! Depuis 1890, elle est exploitée par la famille Fontaine qui perpétue toujours la tradition. Façonnées à la main, les briques encore produites sont utilisées pour la restauration de monuments.

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Le foyer est ici placé sous le four et séparé de celui-ci par une sole Joli casque ! formée d’une succession d’arches formant une plateforme sur laquelle sont empilées les briques crues. Ces arches, situées derrière le foyer, forment deux couloirs de chauffe.
Montées à l’aplomb des arches, les briques ménagent des canaux verticaux qui assurent le tirage de la chaleur et les gaz.

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Le four contient 10 000 briques et nécessite une semaine de travail pour le remplissage. Comme dans tous les types de four , les briques sont légèrement espacées entre-elles afin qu’elles ne se collent entre elles. Une fine couche terre poudreuse isole chaque lit de briques.
Ce type de four n’a pas de cheminée ni de voûte sommitale. C’est le dernier lit de brique qui remplit cet office.Four

La cuisson comprend trois cycles: deux jours à petit feu, trois jours à grand feu. Ensuite, le foyer éteint, la porte de celui-ci est obturée par un tampon d’argile et le four recouvert de terre afin que la cuisson se déroule à l’étouffée jusqu’au refroidissement. (8 jours).

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Nous voici au terme des différents fours de cuisson que j’ai pu observer, les deux premiers étant le fruit du hasard. Si ces observations comportent des erreurs, n’hésitez pas à en faire part, rectifications et précisions seront les bienvenues.

 

L’arrivée du printemps

 

Pour le plaisir des yeux, je vous présente quelques photos qui annoncent le retour du soleil.

Revenons au Château de la Rivière où les eaux se sont retirées des bocages. La migration estivale a garni les murailles de locataires bruyants où la moindre éminence est occupée par de nouveaux guetteurs. Le spectacle son et lumière offert gracieusement par ces cigognes blanches est assez impressionnant.


Wikipédia

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Tout ce joli monde est employé à la confection du nid qui au fil des ans peut atteindre 1.50m. de diamètre et un poids de 60 à 200 kgs !

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L’attitude du spécimen au second plan peut être interprété comme un salut ou comme une menace.

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Pour faire savant, on peut placer dans la conversation que contrairement à beaucoup de volatiles, Monsieur Cigogne possède un pénis vestigial..
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Si la cigogne hiverne, ce n’est pas le cas du lézard vert qui lui hiberne.
J’ai eu la chance d’observer ce joli mâle profitant des premières chaleurs pour sortir de sa léthargie.

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Allez, on termine ce petit bestiaire printanier avec ce joli passereau qui passait par là. L’est-y pas mimi ce pinson comme dirait Alfred ?.

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Champagne

 

Le printemps est là et l’envie de coincer la bulle plus forte que jamais. Nous allons voir que ce n’est pas toujours simple. Si le champagne est synonyme de jouissance, les préliminaires ne sont pas une partie de plaisir !

 

Généralités:
La spécificité du vin de Champagne est due au fait que les vignes poussent sur des bancs de craie. Cette roche alluvionnaire est fragmentée ce qui favorise l’absorption de l’eau l’hiver. Sa porosité fait que l’eau de la nappe phréatique remonte par capillarité pendant les périodes sèches. En outre (à vin), elle est d’une cohérence faible, caractéristique qui facilite grandement le creusement de caves.
Si sept cépages sont utilisés pour l’AOC Champagne, le Pinot noir, le Chardonnay et le Pinot Meunier représentent à eux trois 99 % de l’encépagement répartis en parts à peu près égales.
Élaboré dès le Moyen-Age, le vin de Champagne est d’abord consommé non pétillant, sa mise en bouteille étant effectuée après la prise d’alcool.
A partir du XVIIe, il est exporté en tonneaux. L’Angleterre vient de mettre au point des bouteilles résistantes à la pression. A l’intérieur de celles-ci, la fermentation naturelle continue et provoque une effervescence très prisée des Anglais. Ils ajoutent du sucre de canne issu de leurs colonies ce qui amplifie la prise de mousse. Et oui, on peut dire que c’est grâce aux Anglais que la mode champenoise est née.
Au XVIIIe, le vin pétillant acquiert une renommée mondiale malgré les difficultés inhérentes à la maîtrise de l’effervescence. (De nombreuses bouteilles explosaient.) En 1821, la légende de Dom Pérignon fut créée afin de ramener sur les terres champenoise l’origine du champagne. Il semblerait que ce dernier était davantage à l’origine des assemblages des crus plutôt qu’inventeur de l’effervescence du vin champenois. Grace à ses travaux, le vin de Chaampagne acquière une qualité qui assoit sa réputation.

 

1861, patatras ! Venu des Etats-Unis, un puceron s’attaque goulûment aux racines de nos cépages. Le phylloxéra détruit rapidement les vignes malgré les tentatives de traitement. L’injection le sulfure de carbone au pied des ceps à l’aide de pal d’injection s’avère totalement inefficace.

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Le mildiou fait également partie du paquet cadeau. Il est combattu avec plus de succès grâce à la pulvérisation de sulfate de cuivre à l’aide de… sulfateuses.

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Le sauvetage viendra de l’usage des greffes. En effet, les racines des vignes américaines cicatrisent rapidement et la plante survit à l’agression du phylloxera. Les vignes champenoises seraient donc américaines ? Pas de panique ! Si le porte-greffe est bien d’origine outre-Atlantique, le greffon qui produira les grappes est bien de cheu nous ! Les bourgeons produits par le porte greffe sont systématiquement éliminés !

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A l’aide de l’impressionnante collection rassemblée au fil des ans par Monsieur Caillet à Faverolles et Coëmy, nous allons passer en revue les étapes de l’élaboration du précieux breuvage au cours du début du XIXe siècle.

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Le ramassage est toujours entièrement et obligatoirement manuel, seules les grappes arrivées à maturité sont récoltées. La forme des hottes varie en fonction des époques. Chaque porteur transporte entre 3 et 4 tonnes de raisin par jour.

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Les grappes sont ensuite pressées rapidement afin d’éviter que les peaux macèrent dans le jus ce qui colorerait ce dernier. Cette opération s’effectue en deux fois : 1ere pression = cuvée, 2eme pression après brassage du marc = taille.
Les jus récoltés sont stockés séparément. Leurs propriétés différentes interviendront dans l’assemblage.
Actuellement, 4000 kgs de raisins doivent produire 2552 litres de jus et pas un de plus, on ne rigole pas avec ça, AOC oblige.

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Le moût est ensuite mis en cuve (belon) où se produira la première fermentation qui transformera le sucre en alcool.
Afin de clarifier le jus, on procède au collage qui consiste à introduire des protéines qui en se coagulant vont emprisonner les particules en suspension. La lie se dépose au fond de la cuve par gravitation.

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Après environ un mois, le jus clair est tiré à l’aide d’une pompe pour séparer celui-ci du dépôt situé en fond de cuve. Le vin obtenu non effervescent est qualifié de tranquille.

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L’assemblage.
Voici venir le moment où l’artiste prend le pas sur le chimiste. Nous abordons ici une autre spécificité du vin de Champagne où l’homme fait preuve de créativité et de savoir: l’étape magique de l’assemblage. Effectué par le maître de cave, l’assemblage est la recherche d’une harmonie en mariant les cépages, cuvées et années de récolte. Cela consiste à marier différent vins tranquilles afin d’obtenir un caractère homogène au fil des ans qui caractérisera la marque de l’exploitation. Certaines années exceptionnelles, l’assemblage est effectué uniquement avec la récolte de l’année. Dans ce cas, le champagne est millésimé.(Et cher!)

assemblage_champagnePhoto empruntée sur ce site.

 

Le tirage
Au printemps, le vin est mis en bouteilles. A l’aide d’une doseuse, sont ajoutés 24 grammes de sucres par litre ainsi que des levures. Ces dernières dégraderont le sucre en alcool et dégageront du gaz carbonique responsable des fameuses bulles.
C’est la deuxième fermentation.

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Les bouteilles sont fermées à l’aide d’un bouchon maintenu par une agrafe ou plus tard d’une capsule.
Au cours de cette étape, la pression à l’intérieur des bouteilles monte à six kg au cm 2.

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La prise de mousse
Pendant 15 mois minimum, les bouteilles sont entreposées à une température de 10-12 degrés. Afin que le vin soit au contact du dépôt, les bouteilles sont couchées sur lattes.
Il faut ensuite enlever le dépôt formé par les levures mortes.
Le remuage
Les bouteilles sont disposées inclinées sur des pupitres le goulot dirigé vers le bas. Pendant quatre à cinq semaines, les bouteilles sont journellement pivotées d’un huitième de tour et régulièrement relevées afin d’amener le dépôt contre la capsule. Cette opération est très progressive afin que les particules fines en suspensions puissent s’agglomérer avec le dépôt plus lourd. Le coup de poignet nécessaire demande du savoir faire, la rotation devant s’accompagner d’une légère secousse pour décoller la lie de la paroi de la bouteille. Un bon remueur pouvait manutentionner plus de 70 000 bouteilles par jour. Ils devaient être redoutables au baby foot !

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Le dégorgement
Cette opération consiste à retirer le dépôt qui s’est déposé dans le goulot de la bouteille. L’opération n’est pas simple. La pression à l’intérieur de la bouteille est, je vous le rappelle, de six bar. Il faut déboucher la bouteille, le goulot incliné vers le bas, et la relever rapidement dès que la pression éjecte le dépôt en laissant échapper le moins de vin possible. Le bouchon et le liquide évacués sont réceptionnés dans un récipient appelé guérite souvent bricolé à partir d’un tonnelet.

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L’opération est spectaculaire !


Origine de la vidéo.

 

La perte de volume est compensée par l’ajout d’une liqueur souvent à base de sucre de canne. Suivant le dosage, on obtient un vin considéré de doux (50gr/l) à extra brut (>7gr/l.)

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Il ne reste plus que le bouchage.
Là aussi, ce n’est pas simple. Toutes les étapes nécessaires à l’élaboration du précieux liquide s’effectuent dans des bouteilles de 0,75 litres ou magnum (1.5 l.). Les contenances différentes ne manquent pas, allant du 8eme de litre (maintenant inusité) jusqu’au Melchisedech (30l.), voire plus. Seules les bouteilles de 0.75cl. et magnums vieillissent en cave. Les autres formats sont transvasés à la demande avant la vente.

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Pour résister à la pression, les bouchons étaient ficelés. Nous voyons ici un cheval de bois dont le levier décuplait la force à exercer sur les nœuds.

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Avant la mise en bouteille, le bouchon est cylindrique. La partie destinée à rester à l’extérieure du goulot est composée d’un liège moins compact. La partie insérée dans le goulot est écrasée par la machine à embouteiller ce qui lui donne cette forme particulière de champignon.
Afin de résister à la pression, petit à petit, le fil de fer remplace la ficelle et nous arrivons au muselet torsadé avec sa capsule recherchée par les placomusophiles.

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Appareil à museler un Nabuchodonosor.

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Je ne sais pas pour vous, mais moi cet article commence à me donner soif !
Le champagne se déguste à une température de 8-10 degrés.
Pour la faire prout-prout, sachez que le champagne se verse en tenant la bouteille avec le pouce dans le cul et les autres doigts en dessous.

A ce propos, à l’origine, le cul des bouteilles est creux pour faciliter le travail des souffleurs de verre qui avaient du mal à réaliser des fonds parfaitement plats. Cette concavité, appelée piqûre, possède également l’avantage d’abaisser le centre de gravité de la bouteille et d’assurer ainsi une meilleure stabilité.
Reste la dernière interrogation existentielle, à savoir coupe ou flûte ? La coupe a eu son heure de gloire quand la forme de ce verre a été, nous dit-on, moulée sur le sein de Marie Antoinette. (Si c’est le cas, la reine devait avoir de bien menu). La coupe présente surtout le grand inconvénient d’offrir une grande surface de contact entre l’air et le vin ce qui provoque une rapide déperdition des bulles. Après toute la peine que le vigneron s’est donnée pour les obtenir, c’est un comble. Donc disons flûte au téton de l’étêtée et préférons le verre tulipe qui concentre le bouquet tout en dévoilant la progression des bulles!

Ah oui, ces fameuses petites bulles ! On les doit à la nucléation hétérogène. (C’est le genre de phrase qui vous pose un article !)
Le torchon qu’on utilise pour essuyer le verre dépose de minuscules fibres de cellulose. Citons cet article qui explique le phénomène :
D’où viennent les bulles du champagne ?
Ces fibres sont initialement creuses, et emprisonnent donc une petite poche d’air. Lorsque le champagne entoure la fibre, le gaz carbonique est attiré par la poche d’air et y pénètre en la faisant grossir.
Pour preuve, regardez, dans la bouteille, pas de petites bulles qui montent à la surface.

Il ne nous reste plus qu’à passer aux travaux pratiques en trinquant avec ou sans modération !

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Pour retrouver tous ces beaux objets:
La ferme de Flancourt.

Vidéoothèque virtuelle:
Explications sur les petites bulles:


C’est pas sorcier:


Rocailles sacralisées

 

Depuis les temps les plus reculés les grottes, considérées plus ou moins consciemment comme un symbole utérin, ont été fréquemment associées au mysticisme. Les croyances modernes n’ont pas manqué de perpétuer cette tradition et les exemples ne manquent pas quel que soit le contexte géographique par exemple: l’étable de Bethléem située dans une cavité, la caverne de Hira où Mahomet reçut le premier verset du Coran, les grottes des mille Bouddhas de Bezeklik, etc. En France, les grottes baptisées de noms de saintes sont légion sans parler du millier de fac-similé de la grotte de Lourdes.
Nous ne parlerons pas ici des célèbres grottes préhistoriques ornées, mais beaucoup plus modestement de petits sites contemporains à portée de mes sabots qui, par leurs aménagements, ont un caractère disons, insolite.

La géologie n’est pas toujours propice aux formations de cavité karstique. Qu’importe ! Si la foi soulève des montagnes, elle peut bien créer des cavernes.
Je vous propose de commencer par la rencontre, en plein milieu des bois, d’un édifice ô combien étonnant juché au point culminant d’une grande propriété !

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Cet imposant Christ (dit du Sacré-Cœur) d’environ trois mètres de haut est campé sur un faux rocher fabriqué en mâchefer enduit de stuc.
L’édification de ce site en 1875 fut peut-être influencée par la réaction catholique à la commune de Paris*. Il fait immanquablement penser au jardin des Buttes Chaumont avec son imitation, très prisée à cette époque, d’une nature exubérante. (style « rocaille » impulsé par l’invention du ciment Portland.)
* 1875 pose de la première pierre de la Basilique du Sacré-Cœur à Montmartre.

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Bien que les années passant, la patine et la végétation lui confèrent une allure un peu plus naturelle, la rencontre de cet édifice au détour d’un chemin est plus qu’intrigante !
Le côté insolite ne s’arrête pas là, en effet la structure est creuse formant ainsi une grotte pour le moins improbable.

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La cavité a été aménagée en lieu de culte où l’on distingue encore les emplacements de l’autel et du tabernacle. L’environnement est décoré de faux stalactites d’un romantisme très kitsch destinés à renforcer « l’effet grotte ».

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A l’extérieur, un chemin en colimaçon élève le pèlerin jusqu’au pied de la statue.

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Frotter le gros orteil est censé favoriser une maternité proche. (Légende de Saint Greluchon). L’absence de rouille sur ce doigt de pied nickelé montre que le rite païen perdure alors que la procession catholique n’a plus lieu depuis des lustres.
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Autre lieu, autre cavité.
Dans la région de Rambouillet, si l’environnement sableux Stampien n’est pas une zone calcaire propice à la formation de grotte, la solifluxion du sable sous la dalle de grès peut dégager des surplombs qui peuvent s’apparenter à des grottes. Nous allons visiter une de ces cavités où le phénomène a été accentué artificiellement afin de dégager une caverne aux dimensions respectables grâce à un important travail d’excavation.
Dès l’entrée, la volonté de sublimer l’endroit est omniprésente.
Un agencement de pierres maçonnées ouvre sur deux boyaux mystérieux.

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L’intérieur n’a rien à lui envier. Une fois dans les lieux, des cloisons ajourées partagent l’espace dans une ambiance pour le moins étonnante.

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Manifestement, un tel effort d’aménagement souterrain a été dicté par une volonté d’abriter un lieu de culte comme le montrent ces arcatures à claire-voie décorées de croix latines.

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Saillant du mur, une langue de grès a été laissée en place pour former une sorte de table (autel ?) soutenue par une maçonnerie en voûte.
On peut y lire quelques graffitis. Parmi eux, probablement, un patronyme d’un soldat américain, le choix de la date correspondant à la libération du village. Cela tend à prouver que cette cavité jouissait d’une certaine renommée à l’époque, ce qui n’est manifestement plus le cas.

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Voci un autre endroit où le surplomb formé par la platière de grès a été mis à profit. Ici, l’adret est aménagé de manière spectaculaire à l’aide de terrasses et escaliers.

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Partant du talweg, ce cheminement qui louvoie entre les affleurements rocheux, atteint le sommet de la pente où se trouvait une chapelle abritée par la dalle de grès. Ce n’est manifestement pas pour bénéficier d’une économie de main d’œuvre quand on constate les moyens employés pour exploiter la pente en espaliers. Bien que l’aspect souterrain soit ici davantage suggéré que spectaculaire, l’endroit s’appelle néanmoins : Les grottes de …*

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Changeons de secteur, mais pas de région. En voulant montrer à un ami un ancien tunnel creusé par les carriers, quelle ne fut pas ma surprise en constatant que depuis ma dernière visite, le lieu avait été aménagé, là aussi, en lieu de culte. Comme quoi, si le goût pour le style rocaille est passé de mode, l’association grotte-religion est toujours bien ancrée dans les traditions.

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Nous allons conclure ces petites observations où le sacré « estampille » des anfractuosités par le massif de Fontainebleau. Ses rochers, aux formes tourmentées, contiennent souvent des géodes aux dimensions variables qui peuvent être apparentés à des cavités. Celles-ci sont parfois ornées de gravure linéaires majoritairement abstraites qui font couler beaucoup d’encre chez les amateurs de paranormal.
Plus sérieusement, les archéologues s’interrogent sur la (ou les) intentions des civilisations qui ont laissé ces nombreuses gravures toujours associées à des alvéoles plus ou moins prononcées.
Contrairement au cas précédemment visités, cette volonté de « sacraliser » des cavités prend ici un aspect beaucoup plus confidentiel. Il n’est pas rare d’être obligé de ramper pour les observer.

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Si on peut comprendre que les grottes dégagent une atmosphère mystérieuse par la modification de notre perception habituelle de l’environnement, ce n’est pas le cas pour ce modeste rocher que rien ne distingue de ses voisins si ce n’est une modeste encoignure.

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Une profusion (21) de croix latines sont gravées sur les parois de cette petite enfonçure. Pourquoi ce rocher et pas un autre ? Mystère !

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Les tailles et formes différentes tendent à montrer qu’elles ont été gravées par différentes « mains » attestant un rite inscrit dans la durée. On peut noter le jambage vertical de la lettre L transformée en croix .

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*J’ai pu visiter ces lieux fragiles grâce à l’amabilité des propriétaires. Compte tenu de leur fragilité , il est inutile de me demander où ils se cachent.

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collection Jean-Michel Chesné.fr

 

Cigognes

 

Nous sommes en Normandie. Si, si, vous ne rêvez pas, le ciel est bleu et ce n’est pas un trucage. (Normands, pardonnez-moi, mais je viens de subir 10 jours de pluie avec des gouttes d’eau d’un litre, faut bien que je me défoule).

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Au milieu du bocage envahi par l’eau se découpent les murailles romantiques du Château de la Rivière. Sa ruine a été bien accélérée par l’armée allemande lors de son repli en 1944, mais c’est une autre histoire et nous allons parler d’autres occupants.

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Nous sommes vraiment en Normandie bien que les points culminants des murailles soient occupés par des nids imposants dignes des paysages alsaciens. En effet, les lieux sont progressivement investis par les cigognes blanches depuis les années 1970.
La magie Baguenaudes sort donc des cigognes de la Manche.

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La cigogne est carnivore et se nourrit de tout ce qui bouge et qui tient dans son bec. Escargots, mulots, poissons etc… Elle peut se servir également de son redoutable bec pour empaler sa proie. Elle trouve en Normandie de nombreuses prairies humides favorables à son alimentation au point que certains individus deviennent sédentaires. Son ramage est particulier puisque la communication s’effectue à l’aide de claquements produits par le long bec. (A-t-il inspiré F.Raynaud et sa célèbre Mademoiselle ?)
Comme son nom l’indique, les plumes la cigogne blanche sont…blanches hormis ses rémiges dont le noir profond renforce la majesté de son vol spectaculaire.

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Comble de l’élégance, certains individus portent des bagues. Grâce à la traçabilité et au travail impressionnant des ornithologues, nous savons que ce mâle est né sur le site de la Colombière situé à 11 kilomètres en 2009 et que depuis 2011 il niche au Château de la Rivière. La longévité est en moyenne une quinzaine d’années.
La cure thermale doit lui plaire, son plumage indiquant qu’il sort du bain.

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Fin janvier, cette cigogne a été observée sur le site alors que les migrations s’effectuent généralement fin février. Faut-il y voir un effet du réchauffement du climat ?

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A vol d’oiseau (expression plus qu’inappropriée quand on songe aux milliers de kilomètres parcourus par les cigognes pour parvenir ici,) sur les rives de la Vire, un vieux bâtiment possède également une cheminée couronnée par un nid occupé par un couple.

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Ce curieux bâtiment n’a pas manqué de titiller ma curiosité et ne manquera pas de provoquer de futures investigations baguenaudesques.

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Soufflantes à Decazeville

En 1826, dans une petite vallée de l’Aveyron commençait une aventure qui allait aboutir à un grand centre sidérurgique . Très succinctement, voici en guise de préambule un petit résumé de l’épopée:
Au début du XIXè siècle, la fonte du minerai de fer se fait à l’aide de charbon de bois. Les Anglais, confrontés à une grande pénurie de bois, commencèrent à utiliser le charbon de terre en épurant celui-ci par grillage. (Coke). Profitant des innovations anglaises, le duc Decazes, épaulé par l’ingénieur Cabrol, a mis à profit la proximité des mines de fer et de charbon du bassin Nord Aveyronnais. Il implante des hauts fourneaux, forges etc. L’essor de ce complexe sidérurgique fut à l’origine de la création d’une ville qui fut baptisée … Decazeville. Un siècle plus tard, la ville comportait 15000 habitants.
Les deux conflits mondiaux ont permis de maintenir l’activité marquée par des conflits sociaux violents. A partir des années 1950 le déclin définitif commence.

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1987, la dernière coulée de fonte était produite . Avec l’arrêt des fumées, du bruit et de la fureur des ouvriers, la vallée du Lot retrouve un calme amer au prix d’une diminution régulière de la population. (6000 habitants au dernier recensement).

 

Que reste-t-il de l’héritage de cette épopée sidérurgique ? Rien !
Une comparaison aérienne entre 1947 et aujourd’hui montre que l’on a fait table rase du passé industriel.

1947IGN2014IGNAllez, vous vous doutez bien que Baguenaudes vous a déniché quelque chose. Regardez bien en bas à droite, dans le cercle rouge, un bâtiment est toujours debout.

 

soufflantes (2)Ce bâtiment en triste état et fortement menacé par l’aménagement du site semble bien anodin, pourtant, il contient un témoignage de l’aventure industrielle de Decazeville. A l’intérieur, on peut découvrir les derniers exemplaires en Europe de soufflantes Corliss.
Késako ?
En gros, les soufflantes étaient des machines chargées de pulser de l’air pour activer la combustion dans les hauts-fourneaux. Des bouffadous en quelque sorte comme on dit avec l’accent régional.
Mues par une machine à vapeur, les soufflantes compriment l’air, un peu comme une pompe à vélo, pour l’envoyer dans de gros réservoirs. A l’intérieur de ces derniers (Cowpers), l’air est chauffé grâce à l’apport des gaz de combustion des hauts fourneaux (CO). Cet air chaud est injecté ensuite dans le haut fourneau pour attiser la combustion.

cowpers

 

Bien entendu, c’est beaucoup plus complexe que cela et je n’ai pas les compétences pour vous détailler le processus.
Gardons notre souffle et revenons… à nos soufflantes.
Si dans l’industrie, on connait une évolution vers le mini, le micro, et maintenant le nano, au début XXe siècle, les machines affichaient leurs puissances avec ostentation. Ici, souffler n’est pas jouer !

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Le personnage n’est pas là pour faire le charlot mais pour donner une idée des dimensions de ces volants d’inertie.
Cela ne vous rappelle rien ?

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Voici donc quelques vues de ces anciens « temps modernes ». Bien qu’il ait rendu son dernier souffle, cet assemblage de bielles et pistons énormes dégage avec leurs habillages de rouille un esthétisme digne de sculptures modernes. Ne mérite-t-il pas de passer de statut de déchet industriel à celui de monument témoin?

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Au cœur du dispositif, la machine à vapeur de type Corliss qui entraîne la bielle du volant d’inertie et les pistons du compresseur.

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Le régulateur qui assure le débit constant de la vapeur.

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A l’opposé du volant, se trouve le compresseur.

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Admission d’air pour le compresseur ?

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Chose étonnante, vous pourrez constater que ce bâtiment industriel était dallé d’un joli carrelage.

carrelage

 

Quelques détails pris au hasard.

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Ci-dessous, les biellettes du tiroir d’admission ?

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En 1912, le dispositif est renforcé par l’apport d’une turbo soufflante Sauter-Harlé d’une capacité supérieure aux deux Corliss. Ces dernières resteront néanmoins actives pour parer à une éventuelle panne de la turbo soufflante. Il est impératif que le cycle de fonctionnement du haut fourneau ne soit jamais interrompu sous peine de détériorations très importantes.

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Après l’examen du cœur, des poumons et des membres de cette belle machine, passons au sous-sol pour découvrir les entrailles. Elles sont parcourues de tuyaux et conduites qui distribuent les fluides. (eau, vapeur, air)

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A partir de 1939, il ne reste qu’un haut fourneau en activité et nos belles soufflantes de type Corliss ne sont plus utilisées qu’en dépannage.

 

Un plan très succinct pour tenter d’expliquer le principe.Plan1

Steam_engine_in_action Illustration Wikipédia

 

Association de Sauvegarde du Patrimoine Industriel du Bassin de Decazeville se bat pour que le bâtiment soit conservé et rénové, mais l’ avenir n’est pas encore assuré, la ville ne donnant pas l’impression de revendiquer et mettre en valeur son passé industriel. Heureusement un chevalement  a été sauvé par l’ASPIBD, pourvu qu’il en soit de même pour ces soufflantes exceptionnelles.

Puits_Decazeville

ASPIBD

 

Bonne année ?

 

L’année dernière, plein d’optimisme, je vous ai souhaité une excellente année 2015 tout en me gaussant des aruspices pessimistes qui farfouillent en continu les entrailles de nos médias.. Las, je dois bien avouer que je me suis bien fourvoyé. Les fées, marchant sur des voeux nous ont rapidement concocté une année bien pourrie pour ne pas dire une année de m…de. Le Grand Duduche s’en est allé alors que le Duce renait de ses cendres et il est bien difficile d’imaginer l’avenir en rose.
Néanmoins, Baguenaudes continuera d’essayer de vous faire partager quelques visites d’endroits qui me paraissent insolites, décalés ou simplement jolis, histoire de mettre un peu le quotidien entre parenthèses.

Alors, pour 2016, je ne serai pas trop gourmand: Mesdames les fées, s’il-vous-plait, faites-vous plus légères !

 

Ce petit oisillon est trop mignon pour se transformer en oiseau de mauvais augure.

2016

 

Allez, souhaitons que le fumier de 2015 fertilise un nouvel an prolifique en bulles de Champagne et cultivons les bons moments quand ils se présentent. N’hésitons pas entre le verre à moitié vide ou à moitié plein, vidons le !

 

Carrière de craie

 

Dans le département de l’Yonne, les bancs  de craie sont très présents et ont été naturellement employés pour l’architecture locale. Le paysage, si on fouine un peu, a conservé les stigmates de l’activité des carriers.
Inutile de s’étendre en phrases interminables dignes d’un cuistre dont la logorrhée verbale provoquerait un inéluctable sauve-qui-peut bien compréhensible de la part du lecteur altruiste venu consacrer un peu de son temps à la lecture de cet article, bref, lecteur avide de savoir, vous trouverez une description très complète de cette activité icaunaise disparue ici et .. Merci ASEPA qui propose des articles fort intéressants.

Bien dissimulée dans la forêt, nous allons visiter une petite carrière souterraine qui n’a pas été vandalisée. La chose est suffisamment rare pour être mentionnée. Sensibles à l’aspect esthétique et insolite, nous essayons également de comprendre l’évolution de ce lieu singulier.

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Le plafond percé d’un puits nous fait supposer que l’extraction a commencé par le fonçage de celui-ci afin d’une part atteindre la strate exploitable, d’autre part pour ménager l’exploitation agricole du terrain en surface. Cet accès vertical est appelé « essort » dans la région rémoise.

PuitsMerci à exxplore pour le prêt de la photo.

 

Au fur et à mesure de l’avancement de l’extraction, la configuration de la carrière a évolué, excavant un volume de plus en plus grand. En plusieurs endroits, les vides engendrés ont fini par déboucher au jour. Nous voyons ici une « fenêtre » obturée plus tard par une palissade afin de contenir les déchets de taille déversés à l’extérieur.

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Des patronymes datés nous donnent une indication sur l’ancienneté de l’exploitation.

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Les pierres taillées avaient à peu près la dimension d’un parpaing actuel.
Les secteurs abandonnés en cours de taille nous indiquent bien les différentes phases d’extraction des pierres taillées.
Le front de taille est arasé. Au pic ou à l’herminette ? Les traces laissées ici montrent l’emploi de deux outils différents pour arriver au résultat souhaité.

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A l’aide d’une lance ou aiguille, deux saignées horizontales et parallèles  sont pratiquées dans la masse et délimitent le format des futurs parpaings..

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L’étape suivante consiste à creuser les saignées verticales..

Dans ces entailles seront insérés en force des coins de bois. Sous la pression, le moellon se détache de la masse. On distingue bien l’aspect irrégulier du nouveau front de taille contrastant avec les zones taillées.
Les blocs extraits seront stockés à l’abri afin d’éliminer leur teneur en eau (20%).

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Les plans de taille ne sont pas orthogonaux. L’angle d’attaque est d’une dizaine de degrés sans doute afin de ménager la place nécessaire à la manutention des outils.

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Il en résulte des parois au profil en dents de scie du plus bel effet…et signées par l’artiste !

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Concurrencée par le ciment, cette activité pénible a cessé petit à petit. Comme bien souvent, ces cavités anthropiques ont été réutilisées comme champignonnières à partir de la fin du19 e. On peut distinguer sur la gauche des traces de meules .

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Plus récemment hélas, elles peuvent servir de dépotoirs. Consolons-nous en pensant que, dans deux ou trois mille ans, cela fera le bonheur d’archéologues s’interrogeant sur les dieux à qui ces offrandes étaient destinées …

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Fermons cette parenthèse peu ragoutante et profitons de notre belle petite carrière épargnée. Voici quelques photos qui donnent une idée des espaces dégagés par l’extraction de la craie.  Ces successions d’escaliers et d’étages suspendus évoquent un univers sorti de l’imagination de Escher.

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Attention, on peut croiser dans ces souterrains d’étranges chauves-souris !

Dracula Tod Browning