Champagne

 

Le printemps est là et l’envie de coincer la bulle plus forte que jamais. Nous allons voir que ce n’est pas toujours simple. Si le champagne est synonyme de jouissance, les préliminaires ne sont pas une partie de plaisir !

 

Généralités:
La spécificité du vin de Champagne est due au fait que les vignes poussent sur des bancs de craie. Cette roche alluvionnaire est fragmentée ce qui favorise l’absorption de l’eau l’hiver. Sa porosité fait que l’eau de la nappe phréatique remonte par capillarité pendant les périodes sèches. En outre (à vin), elle est d’une cohérence faible, caractéristique qui facilite grandement le creusement de caves.
Si sept cépages sont utilisés pour l’AOC Champagne, le Pinot noir, le Chardonnay et le Pinot Meunier représentent à eux trois 99 % de l’encépagement répartis en parts à peu près égales.
Élaboré dès le Moyen-Age, le vin de Champagne est d’abord consommé non pétillant, sa mise en bouteille étant effectuée après la prise d’alcool.
A partir du XVIIe, il est exporté en tonneaux. L’Angleterre vient de mettre au point des bouteilles résistantes à la pression. A l’intérieur de celles-ci, la fermentation naturelle continue et provoque une effervescence très prisée des Anglais. Ils ajoutent du sucre de canne issu de leurs colonies ce qui amplifie la prise de mousse. Et oui, on peut dire que c’est grâce aux Anglais que la mode champenoise est née.
Au XVIIIe, le vin pétillant acquiert une renommée mondiale malgré les difficultés inhérentes à la maîtrise de l’effervescence. (De nombreuses bouteilles explosaient.) En 1821, la légende de Dom Pérignon fut créée afin de ramener sur les terres champenoise l’origine du champagne. Il semblerait que ce dernier était davantage à l’origine des assemblages des crus plutôt qu’inventeur de l’effervescence du vin champenois. Grace à ses travaux, le vin de Chaampagne acquière une qualité qui assoit sa réputation.

 

1861, patatras ! Venu des Etats-Unis, un puceron s’attaque goulûment aux racines de nos cépages. Le phylloxéra détruit rapidement les vignes malgré les tentatives de traitement. L’injection le sulfure de carbone au pied des ceps à l’aide de pal d’injection s’avère totalement inefficace.

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Le mildiou fait également partie du paquet cadeau. Il est combattu avec plus de succès grâce à la pulvérisation de sulfate de cuivre à l’aide de… sulfateuses.

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Le sauvetage viendra de l’usage des greffes. En effet, les racines des vignes américaines cicatrisent rapidement et la plante survit à l’agression du phylloxera. Les vignes champenoises seraient donc américaines ? Pas de panique ! Si le porte-greffe est bien d’origine outre-Atlantique, le greffon qui produira les grappes est bien de cheu nous ! Les bourgeons produits par le porte greffe sont systématiquement éliminés !

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A l’aide de l’impressionnante collection rassemblée au fil des ans par Monsieur Caillet à Faverolles et Coëmy, nous allons passer en revue les étapes de l’élaboration du précieux breuvage au cours du début du XIXe siècle.

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Le ramassage est toujours entièrement et obligatoirement manuel, seules les grappes arrivées à maturité sont récoltées. La forme des hottes varie en fonction des époques. Chaque porteur transporte entre 3 et 4 tonnes de raisin par jour.

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Les grappes sont ensuite pressées rapidement afin d’éviter que les peaux macèrent dans le jus ce qui colorerait ce dernier. Cette opération s’effectue en deux fois : 1ere pression = cuvée, 2eme pression après brassage du marc = taille.
Les jus récoltés sont stockés séparément. Leurs propriétés différentes interviendront dans l’assemblage.
Actuellement, 4000 kgs de raisins doivent produire 2552 litres de jus et pas un de plus, on ne rigole pas avec ça, AOC oblige.

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Le moût est ensuite mis en cuve (belon) où se produira la première fermentation qui transformera le sucre en alcool.
Afin de clarifier le jus, on procède au collage qui consiste à introduire des protéines qui en se coagulant vont emprisonner les particules en suspension. La lie se dépose au fond de la cuve par gravitation.

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Après environ un mois, le jus clair est tiré à l’aide d’une pompe pour séparer celui-ci du dépôt situé en fond de cuve. Le vin obtenu non effervescent est qualifié de tranquille.

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L’assemblage.
Voici venir le moment où l’artiste prend le pas sur le chimiste. Nous abordons ici une autre spécificité du vin de Champagne où l’homme fait preuve de créativité et de savoir: l’étape magique de l’assemblage. Effectué par le maître de cave, l’assemblage est la recherche d’une harmonie en mariant les cépages, cuvées et années de récolte. Cela consiste à marier différent vins tranquilles afin d’obtenir un caractère homogène au fil des ans qui caractérisera la marque de l’exploitation. Certaines années exceptionnelles, l’assemblage est effectué uniquement avec la récolte de l’année. Dans ce cas, le champagne est millésimé.(Et cher!)

assemblage_champagnePhoto empruntée sur ce site.

 

Le tirage
Au printemps, le vin est mis en bouteilles. A l’aide d’une doseuse, sont ajoutés 24 grammes de sucres par litre ainsi que des levures. Ces dernières dégraderont le sucre en alcool et dégageront du gaz carbonique responsable des fameuses bulles.
C’est la deuxième fermentation.

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Les bouteilles sont fermées à l’aide d’un bouchon maintenu par une agrafe ou plus tard d’une capsule.
Au cours de cette étape, la pression à l’intérieur des bouteilles monte à six kg au cm 2.

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La prise de mousse
Pendant 15 mois minimum, les bouteilles sont entreposées à une température de 10-12 degrés. Afin que le vin soit au contact du dépôt, les bouteilles sont couchées sur lattes.
Il faut ensuite enlever le dépôt formé par les levures mortes.
Le remuage
Les bouteilles sont disposées inclinées sur des pupitres le goulot dirigé vers le bas. Pendant quatre à cinq semaines, les bouteilles sont journellement pivotées d’un huitième de tour et régulièrement relevées afin d’amener le dépôt contre la capsule. Cette opération est très progressive afin que les particules fines en suspensions puissent s’agglomérer avec le dépôt plus lourd. Le coup de poignet nécessaire demande du savoir faire, la rotation devant s’accompagner d’une légère secousse pour décoller la lie de la paroi de la bouteille. Un bon remueur pouvait manutentionner plus de 70 000 bouteilles par jour. Ils devaient être redoutables au baby foot !

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Le dégorgement
Cette opération consiste à retirer le dépôt qui s’est déposé dans le goulot de la bouteille. L’opération n’est pas simple. La pression à l’intérieur de la bouteille est, je vous le rappelle, de six bar. Il faut déboucher la bouteille, le goulot incliné vers le bas, et la relever rapidement dès que la pression éjecte le dépôt en laissant échapper le moins de vin possible. Le bouchon et le liquide évacués sont réceptionnés dans un récipient appelé guérite souvent bricolé à partir d’un tonnelet.

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L’opération est spectaculaire !


Origine de la vidéo.

 

La perte de volume est compensée par l’ajout d’une liqueur souvent à base de sucre de canne. Suivant le dosage, on obtient un vin considéré de doux (50gr/l) à extra brut (>7gr/l.)

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Il ne reste plus que le bouchage.
Là aussi, ce n’est pas simple. Toutes les étapes nécessaires à l’élaboration du précieux liquide s’effectuent dans des bouteilles de 0,75 litres ou magnum (1.5 l.). Les contenances différentes ne manquent pas, allant du 8eme de litre (maintenant inusité) jusqu’au Melchisedech (30l.), voire plus. Seules les bouteilles de 0.75cl. et magnums vieillissent en cave. Les autres formats sont transvasés à la demande avant la vente.

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Pour résister à la pression, les bouchons étaient ficelés. Nous voyons ici un cheval de bois dont le levier décuplait la force à exercer sur les nœuds.

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Avant la mise en bouteille, le bouchon est cylindrique. La partie destinée à rester à l’extérieure du goulot est composée d’un liège moins compact. La partie insérée dans le goulot est écrasée par la machine à embouteiller ce qui lui donne cette forme particulière de champignon.
Afin de résister à la pression, petit à petit, le fil de fer remplace la ficelle et nous arrivons au muselet torsadé avec sa capsule recherchée par les placomusophiles.

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Appareil à museler un Nabuchodonosor.

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Je ne sais pas pour vous, mais moi cet article commence à me donner soif !
Le champagne se déguste à une température de 8-10 degrés.
Pour la faire prout-prout, sachez que le champagne se verse en tenant la bouteille avec le pouce dans le cul et les autres doigts en dessous.

A ce propos, à l’origine, le cul des bouteilles est creux pour faciliter le travail des souffleurs de verre qui avaient du mal à réaliser des fonds parfaitement plats. Cette concavité, appelée piqûre, possède également l’avantage d’abaisser le centre de gravité de la bouteille et d’assurer ainsi une meilleure stabilité.
Reste la dernière interrogation existentielle, à savoir coupe ou flûte ? La coupe a eu son heure de gloire quand la forme de ce verre a été, nous dit-on, moulée sur le sein de Marie Antoinette. (Si c’est le cas, la reine devait avoir de bien menu). La coupe présente surtout le grand inconvénient d’offrir une grande surface de contact entre l’air et le vin ce qui provoque une rapide déperdition des bulles. Après toute la peine que le vigneron s’est donnée pour les obtenir, c’est un comble. Donc disons flûte au téton de l’étêtée et préférons le verre tulipe qui concentre le bouquet tout en dévoilant la progression des bulles!

Ah oui, ces fameuses petites bulles ! On les doit à la nucléation hétérogène. (C’est le genre de phrase qui vous pose un article !)
Le torchon qu’on utilise pour essuyer le verre dépose de minuscules fibres de cellulose. Citons cet article qui explique le phénomène :
D’où viennent les bulles du champagne ?
Ces fibres sont initialement creuses, et emprisonnent donc une petite poche d’air. Lorsque le champagne entoure la fibre, le gaz carbonique est attiré par la poche d’air et y pénètre en la faisant grossir.
Pour preuve, regardez, dans la bouteille, pas de petites bulles qui montent à la surface.

Il ne nous reste plus qu’à passer aux travaux pratiques en trinquant avec ou sans modération !

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Pour retrouver tous ces beaux objets:
La ferme de Flancourt.

Vidéoothèque virtuelle:
Explications sur les petites bulles:


C’est pas sorcier:


Rocailles sacralisées

 

Depuis les temps les plus reculés les grottes, considérées plus ou moins consciemment comme un symbole utérin, ont été fréquemment associées au mysticisme. Les croyances modernes n’ont pas manqué de perpétuer cette tradition et les exemples ne manquent pas quel que soit le contexte géographique par exemple: l’étable de Bethléem située dans une cavité, la caverne de Hira où Mahomet reçut le premier verset du Coran, les grottes des mille Bouddhas de Bezeklik, etc. En France, les grottes baptisées de noms de saintes sont légion sans parler du millier de fac-similé de la grotte de Lourdes.
Nous ne parlerons pas ici des célèbres grottes préhistoriques ornées, mais beaucoup plus modestement de petits sites contemporains à portée de mes sabots qui, par leurs aménagements, ont un caractère disons, insolite.

La géologie n’est pas toujours propice aux formations de cavité karstique. Qu’importe ! Si la foi soulève des montagnes, elle peut bien créer des cavernes.
Je vous propose de commencer par la rencontre, en plein milieu des bois, d’un édifice ô combien étonnant juché au point culminant d’une grande propriété !

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Cet imposant Christ (dit du Sacré-Cœur) d’environ trois mètres de haut est campé sur un faux rocher fabriqué en mâchefer enduit de stuc.
L’édification de ce site en 1875 fut peut-être influencée par la réaction catholique à la commune de Paris*. Il fait immanquablement penser au jardin des Buttes Chaumont avec son imitation, très prisée à cette époque, d’une nature exubérante. (style « rocaille » impulsé par l’invention du ciment Portland.)
* 1875 pose de la première pierre de la Basilique du Sacré-Cœur à Montmartre.

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Bien que les années passant, la patine et la végétation lui confèrent une allure un peu plus naturelle, la rencontre de cet édifice au détour d’un chemin est plus qu’intrigante !
Le côté insolite ne s’arrête pas là, en effet la structure est creuse formant ainsi une grotte pour le moins improbable.

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La cavité a été aménagée en lieu de culte où l’on distingue encore les emplacements de l’autel et du tabernacle. L’environnement est décoré de faux stalactites d’un romantisme très kitsch destinés à renforcer « l’effet grotte ».

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A l’extérieur, un chemin en colimaçon élève le pèlerin jusqu’au pied de la statue.

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Frotter le gros orteil est censé favoriser une maternité proche. (Légende de Saint Greluchon). L’absence de rouille sur ce doigt de pied nickelé montre que le rite païen perdure alors que la procession catholique n’a plus lieu depuis des lustres.
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Autre lieu, autre cavité.
Dans la région de Rambouillet, si l’environnement sableux Stampien n’est pas une zone calcaire propice à la formation de grotte, la solifluxion du sable sous la dalle de grès peut dégager des surplombs qui peuvent s’apparenter à des grottes. Nous allons visiter une de ces cavités où le phénomène a été accentué artificiellement afin de dégager une caverne aux dimensions respectables grâce à un important travail d’excavation.
Dès l’entrée, la volonté de sublimer l’endroit est omniprésente.
Un agencement de pierres maçonnées ouvre sur deux boyaux mystérieux.

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L’intérieur n’a rien à lui envier. Une fois dans les lieux, des cloisons ajourées partagent l’espace dans une ambiance pour le moins étonnante.

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Manifestement, un tel effort d’aménagement souterrain a été dicté par une volonté d’abriter un lieu de culte comme le montrent ces arcatures à claire-voie décorées de croix latines.

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Saillant du mur, une langue de grès a été laissée en place pour former une sorte de table (autel ?) soutenue par une maçonnerie en voûte.
On peut y lire quelques graffitis. Parmi eux, probablement, un patronyme d’un soldat américain, le choix de la date correspondant à la libération du village. Cela tend à prouver que cette cavité jouissait d’une certaine renommée à l’époque, ce qui n’est manifestement plus le cas.

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Voci un autre endroit où le surplomb formé par la platière de grès a été mis à profit. Ici, l’adret est aménagé de manière spectaculaire à l’aide de terrasses et escaliers.

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Partant du talweg, ce cheminement qui louvoie entre les affleurements rocheux, atteint le sommet de la pente où se trouvait une chapelle abritée par la dalle de grès. Ce n’est manifestement pas pour bénéficier d’une économie de main d’œuvre quand on constate les moyens employés pour exploiter la pente en espaliers. Bien que l’aspect souterrain soit ici davantage suggéré que spectaculaire, l’endroit s’appelle néanmoins : Les grottes de …*

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Changeons de secteur, mais pas de région. En voulant montrer à un ami un ancien tunnel creusé par les carriers, quelle ne fut pas ma surprise en constatant que depuis ma dernière visite, le lieu avait été aménagé, là aussi, en lieu de culte. Comme quoi, si le goût pour le style rocaille est passé de mode, l’association grotte-religion est toujours bien ancrée dans les traditions.

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Nous allons conclure ces petites observations où le sacré « estampille » des anfractuosités par le massif de Fontainebleau. Ses rochers, aux formes tourmentées, contiennent souvent des géodes aux dimensions variables qui peuvent être apparentés à des cavités. Celles-ci sont parfois ornées de gravure linéaires majoritairement abstraites qui font couler beaucoup d’encre chez les amateurs de paranormal.
Plus sérieusement, les archéologues s’interrogent sur la (ou les) intentions des civilisations qui ont laissé ces nombreuses gravures toujours associées à des alvéoles plus ou moins prononcées.
Contrairement au cas précédemment visités, cette volonté de « sacraliser » des cavités prend ici un aspect beaucoup plus confidentiel. Il n’est pas rare d’être obligé de ramper pour les observer.

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Si on peut comprendre que les grottes dégagent une atmosphère mystérieuse par la modification de notre perception habituelle de l’environnement, ce n’est pas le cas pour ce modeste rocher que rien ne distingue de ses voisins si ce n’est une modeste encoignure.

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Une profusion (21) de croix latines sont gravées sur les parois de cette petite enfonçure. Pourquoi ce rocher et pas un autre ? Mystère !

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Les tailles et formes différentes tendent à montrer qu’elles ont été gravées par différentes « mains » attestant un rite inscrit dans la durée. On peut noter le jambage vertical de la lettre L transformée en croix .

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*J’ai pu visiter ces lieux fragiles grâce à l’amabilité des propriétaires. Compte tenu de leur fragilité , il est inutile de me demander où ils se cachent.

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collection Jean-Michel Chesné.fr

 

Cheminée Géodésique

Décidément, on en trouve des choses bizarres en forêt !

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La rencontre de cette imposante cheminée située en pleine forêt de Fontainebleau a de quoi étonner. En effet, aucune trace de vestige industriel à proximité ne vient justifier sa présence. Renseignements pris, nous apprenons que nous sommes en présence d’une cheminée géodésique. Allons bon, comme dirait Dario Moreno :

A partir des années 1750, Cassini entreprend de cartographier la France.
Il dessine la première carte homogène grâce à une triangulation s’appuyant sur des points dont les coordonnées sont connus .
Les points culminants, tours, clochers ont servi de repères visuels pour les visées.
Fin XIXe, début XXe, le climat géopolitique est plus que tendu et l’état-major a besoin de cartes les plus précises possibles. Pour compléter le maillage des points Cassini , des cheminées ont été érigées, principalement vers le Nord-Est, région où les relations avec les voisins sont pour le moins empreintes de méfiances.
Pourquoi des cheminées ? Deux raisons: la hauteur, ainsi que leurs sommets effilés, présentent des repères précis visible de loin.
Deuxièmement, pour être le plus précis possible, l’instrument de visée (théodolite ou mire) doit être placé à l’aplomb du point géodésique connu. Qui dit aplomb, dit fil à plomb. Pour que celui-ci ne soit pas perturbé par les courants d’air, ont donc été érigées ces cheminées. Le géomètre , grâce à un échafaudage en bois monte au sommet de la cheminée, place son fil à plomb pile poil à l’aplomb du repère au sol. Une fois la verticale établie, il aligne son théodolite au dessus pour effectuer la visée, ou une mire qui sera la cible d’une visée provenant d’un autre point géodésique.

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Près du sommet on peut voir le reste de la structure métallique qui donnait accès au sommet de la tour.

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Cela devait ressembler à ceci:
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Le pied de la cheminée est pourvu d’ouvertures qui permettent de vérifier l’aplomb du fil.

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Au sol, le point géodésique est ici matérialisé par une pastille en bronze de la taille d’une pièce de monnaie.

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Au dessus, l’intérieur de la cheminée est impressionnant. Je ne connais pas la hauteur de cette tour mais cela doit dépasser les 20 mètres.

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Au pied de cette cheminée on peut voir également un point de nivellement qui, renseignements pris, nous indique que nous sommes à une altitude de 146.313 mètres au dessus du niveau de la mer.

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J’entends bien le petit malin qui chuchote dans mon dos: à marée basse ou marée haute ? A cela, je rétorque que le point  étalon 0 a été calculé sur une moyenne des observations effectuées au marégraphe de Marseille du 1er février 1885 au 1er janvier 1897. NGF/IGN69. (France métropolitaine sauf Corse). Chaque pays possède son propre point 0 et pour compliquer la chose, les GPS utilisent un autre référencement (WGS84). Heureusement, ils savent s’adapter pour nous indiquer une altitude correspondant à nos cartes.

 

Revenons à nos cheminées. Celle-ci est beaucoup plus petite. Peut être est-ce dû à sa situation sur le point le plus élevé du Sud de la Seine et Marne (Rumont) dans un secteur où la végétation qui dépasse rarement la hauteur d’un épi de blé ne risque pas d’entraver la visibilité lointaine du repaire.

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Elle a été restaurée en 2000. La matrice cylindrique qui matérialisait le point au sol n’est plus en place. Le fait qu’elle était en cuivre n’y est sans doute pas pour rien.

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Autre plaine, autre cheminée. La suivante, haute de 9,15m., placée sur le point culminant du plateau de Champcueil, se voit également de loin. Son édification en béton la rend moins esthétique, mais bon ce n’est pas le but non plus !
Sa silhouette a été étêtée par une tempête tant et si bien qu’elle nous salue maintenant sans son chapeau de pierre dont on trouve des vestiges à son pied. Pied qui a également perdu la fenêtre de contrôle de l’aplomb du fil celle-ci étant vraisemblablement enfouie sous la terre.

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On peut noter que le bloc à proximité est pourvu d’un repère géodésique.

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La dernière que nous visitons ne fait plus partie du maillage IGN. Elle est pourtant bien jolie, toute de briques vêtue. On la trouve, abandonnée sur une butte au milieu d’un bois bien touffu. Ce jour-là, à La Grande Paroisse, Phébus m’a fait faux bond aussi les photos manquent un peu de peps.

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Le parement en brique d’une de ses arêtes a subi la visite de la foudre.

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Les nombreuses toiles d’araignées qui tapissent l’intérieur de l’édifice n’ont pas été dérangées depuis belle lurette par un fil à plomb.

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Au sol, une pierre indique l’ancien repère sous la forme d’un petit trou foré où le poids du fil à plomb doit venir se loger.

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De l’extérieur, on retrouve les lumières permettant de visualiser la position du fil.

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La recherche de ces cheminées peut faire un motif de promenades agréables dans la nature, mais n’y laissez pas vos souliers fin Décembre, il y a peu de chances que le Père Noël les visite.

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Vous trouverez la liste des cheminées géodésiques avec leurs emplacements !hand-cursor .
!hand-cursorvous en verrez un grand nombre photographiées. Bien qu’ayant toutes le même usage, on peut constater une grande disparité concernant leurs formes.
Concernant les repères géodésiques, je vous invite à visiter le site de’l’ami Jeanpoule !hand-cursor
C’est pas sorcier la cartographie !hand-cursor

Clochers rouergats tome 2

 

Poursuivons la visite de quelques clochers romans du Nord Aveyron.
Bien entendu, depuis le XIIe, les églises ont été bien souvent transformées, perdant ainsi un peu de leur caractère, malgré cela, elles nous offrent fréquemment dans les petits villages, en plus de leur beauté dépouillée, une anecdote ou une curiosité qui les singularise.
Il nous faut cette fois-ci emprunter un joli sentier qui dévale le long d’un vallon perdu sur les contreforts des monts d’Aubrac afin de découvrir un petit édifice.aurelle-Verlac (19)

 

On a du mal à imaginer qu’un hameau dominé par un château était niché dans ce lieu sauvage uniquement desservi par un sentier et on se prend à douter que la sente mène à une église. Pourtant, au détour d’un virage, sur un petit replat du terrain, le bâtiment se devine au travers de la végétation.

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L’église d’Aurelle, avec ses deux travées, est considérée comme la plus petite église romane de France. Son histoire n’est pas banale. En 1383, le baron Canilhac la fit détruire pour éviter que les routiers (ou les Anglais, les versions différent) ne s’en emparent. Excommunié, il dut la reconstruire à l’identique avec les éléments anciens. Nous avons donc une église du XIe… érigée au XIVe !

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L’intérieur est vide de mobilier mais l’église est occupée par de nombreuses ouailles ailées. Une belle colonie de grands rhinolophes justifie les bâches pour protéger le sol des déjections. L’odeur suffit à  protéger les lieux de toute incursion .

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Le clocher est privé de tintinnabules cependant, nous retrouverons une de ses deux cloches plus tard. En attendant vous pouvez constater qu’il n’y a pas qu’à Pâques que les cloches voyagent: !hand-cursor

 

Dans ce cadre sylvain, seules 2 maisons échappent aux ruines qui cernent l’église comme des poussins autour d’une poule. Cependant, on peut encore voir parmi la verdure envahissante un joli four à pain toujours en bon état.aurelle-Verlac (10)

 

Une ondée orageuse nous fera quitter cet endroit ô combien isolé. Nous nous rendons à Verlac, petit village voisin accroché aux contreforts des monts d’Aubrac.
Construit en schiste et basalte, l’édifice roman s’est vu doté d’un beau clocher tour du XVIIIe.aurelle-Verlac (20)

 

Le chevet non modifié avec sa facture typiquement romane comporte des modillons parés de motifs géométriques.

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L’abside est surmontée d’une belle coupole en cul de four.

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Nous avons la chance de pouvoir accéder aux cloches.

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Joséphine, Thérèse et Hellène ne sont pas électrifiées comme en témoignent les nombreuses cordes en place.

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Gros plan sur Thérèse, la cloche des enfants. (C’est marqué dessus).

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Au dessus des trois principales, nous retrouvons, solidement ligotée à la charpente, la cloche itinérante de l’église d’Aurelle. Peu de chances qu’elle retrouve son nid originel.

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Page complète sur les cloches de l’église de Verlac .hand-cursor

 

En sortant, intéressons-nous au porche d’entrée décoré de trois arcs de décharge soutenus par des colonnes adossées.

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A gauche , on peut voir un chapiteau décoré d’ entrelacs floral de belle facture.

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Mais, à mon sens, la grande particularité de cette église se rencontre sur la droite du portail où les entrelacements sont d’une tout autre nature.

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La scène représentée est pour le moins scabreuse. On ne peut que s’interroger sur la motivation des sculpteurs et de leurs commanditaires. Sommes-nous en présence d’une illustration de pratiques condamnées par l’église ou d’une gauloiserie populaire? Je vous invite à consulter ce site où vous retrouverez d’ailleurs notre chapiteau en bas de page.

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En redescendant vers Espalion nous continuons la visite de ces monuments historiques en faisant une halte au Cambon, mais ce sera dans un prochain article.

 


 

Rouquayrols. Sauvetage en mine.

 

Voici un article, mine de rien, qui ne manque pas d’air et qui vous détendra j’espère, vous allez vite comprendre pourquoi !

 

En flânant dans le Nord Aveyron, on peut être interloqué par la présence d’une grosse boîte de conserve d’un orange bien flashy devant l’ancienne église d’Espalion.

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Pas de doute, il s’agit bien d’une tourelle de plongée dont l’échouage au pied des monts d’Aubrac, en plein cœur de la campagne, a de quoi étonner le pèlerin se dirigeant vers Compostelle.

 

Pourtant sa présence est des plus légitimes et, cerise sur le gâteau pour moi, nous allons voir le rapport avec d’autres centres d’intérêts qui me sont chers, c’est-à-dire l’activité minière et l’Aveyron.

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Benoît Rouquayrol a vu le jour dans la bonne ville d’ Espalion le 13 Juin 1826. Ingénieur de l’école des mines de Saint Etienne, il est employé à la Compagnie des houillères et fonderies de l’Aveyron, dont il devient le directeur en 1865 à Decazeville.
Préoccupé par la sécurité dans les mines, il met au point un appareil de sauvetage qui permet d’intervenir dans un milieu infesté de « vapeurs délétères » ou inondé, conséquences des nombreux accidents qui entravaient l’activité.

Petit rappel :
Le bon air de l’Aveyron (et d’ailleurs) contient une proportion de 21% d’oxygène.
Dans les milieux confinés, cette proportion peut diminuer au profit d’autres gaz jusqu’à devenir létale en dessous de 17%.
Les gaz le plus tristement célèbres sont :
Le grisou (Méthane).
Issu de l’houillification des débris végétaux, ce gaz incolore et inodore est très souvent présent dans les mines de charbon. Toxique au plus haut point, il devient en plus explosif mélangé à l’air dans une proportion de 6 à 12% .
La prévention consistait, une fois le personnel évacué, à envoyer un mineur protégé par une carapace en cuir brûler les émanations de ce gaz avant que son accumulation ne devienne dangereuse. Le grisou étant plus léger que l’air, le mineur avançait en rampant en brandissant une perche terminée par une mèche enflammée. Ce travailleur courageux était qualifié de…pénitent. Suite aux nombreux accidents, cette pratique fût interdite en 1835..

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Dioxyde de carbone (CO2).
D’origines diverses, il provient principalement lui aussi de la décomposition des matières organiques, voir de la respiration des mineurs. Egalement inodore et incolore, il est plus lourd que l’air et s’accumule dans les parties basses.
Il est parfois évoqué la présence d’animaux de petite tailles dans les mines afin de détecter ce gaz. Est ce la raison de la présence  de ces empreintes de pattes de chien croisées au fin fond d’une mine ? Il est parfois mentionné la descente de canaris en cage car cet oiseau est particulièrement sensible au CO2. Les rats étaient également de bons déclencheurs d’alerte.

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Seule l’amélioration de la ventilation dans les galeries diminue grandement les risques.

Pour plus de précisions concernant les « gaz délétères, je vous invite à consulter cet article :.hand-cursor

 
Bien, revenons à Espalion.
En cas d’accident, le sauveteur doit:
1/ Pouvoir pénétrer rapidement sur les lieux.
2/ Pouvoir séjourner dans un environnement vicié ou inondé.
3/ Pouvoir s’éclairer*.
4/ Agir librement d’un point de vue ergonomique.

Pour répondre à ces paramètres, Rouquayrol, directeur des mines à Decazeville invente un appareil respiratoire qui fournit l’air à la demande: le détendeur dont le principe est toujours utilisé de nos jours.

*L’éclairage éléctrique n’est pas encore inventé aussi, la lumière provient de lampes dont la flamme à besoin d’un taux minimum d’oxygène. (17%).

 

Appareil portatif de Rouquayrol

IMG_4786_DxOSeul modèle connu en état de fonctionnement.
Classé Monument Historique en 1960.

 

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Le principe est de bénéficier d une réserve d’air sain afin de pouvoir intervenir  pendant un laps de temps suffisant. L’air peut être comprimé dans un réservoir, seulement, pour être inhalé sans danger, l’air inspiré doit être d’une pression atmosphérique égale à celle exercée sur les poumons.(Principe « d’équi-pression »).
Une faible surpression de l’air inhalé fera éclater les tissus des poumons.
Voyons comment Rouquayrol contourna ce problème.
Le sauveteur emporte sur son dos une réserve d’air comprimé (R1). Ce réservoir, baptisé « casserole » en raison de sa forme, peut être relié à une pompe par un tuyau pour une plus grande autonomie. Cet air comprimé passe dans un deuxième réservoir (R2) en ce détendant à la pression ambiante grâce à une membrane. En effet, une soupape (rouge) séparant R1 de R2 est solidaire de celle ci. La modification de la pression atmosphérique agit sur la membrane qui entraîne l’ouverture ou la fermeture de la soupape permettant la communication entre R2 et R1.

La souplesse de la membrane fait que la pression ambiante (donc celle exercée sur les poumons) et celle du réservoir R2 est identique. L’utilisateur bénéficie ainsi d’un apport d’air détendu égal à ses besoins.
Suis -je clair ? Non ? Bon, un petit dessin:

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Un pince nez complète l’équipement. Sur cette photo, on voit le clapet dit « bec de canard » qui évacue l’air expiré. Il est tout simplement formé de 2 feuilles de caoutchouc. La pression extérieure suffit à le rendre étanche. Le souffle de l’expiration décolle les deux feuilles. On ne peut plus simple et efficace !

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Grace à sa réserve d’air, l’usager est complètement autonome.

 

Le fonctionnement de l’appareil est tout aussi efficace en milieu sub-aquatique.

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Version en tôle d’acier dite « à haute pression » permettant une autonomie d’environ 20 minutes à 10 mètres de profondeur sans être relié à une pompe.

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Les photos ont été prises au Musée du scaphandre d’Espalion où Roquayrols testait son appareil dans les eaux du Lot.

 

Confronté à ses occupations de directeur à Decazeville, Rouquayrol s’associe avec Auguste Denayrouze également natif proche d’Espalion. Denayrouze avec son frère Louis perfectionnent et industrialisent le système.  En 1872 Louis dépose le brevet de l‘aérophore, appareil destiné au  sauvetage pour les mines.

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Conscient que le renouvellement de l’air apporté par un long tuyau peut poser des problèmes dans des galeries sinueuses et encombrées, il conçoit une réserve d’air amovible sur chariot que le sauveteur peut amener avec lui. Ce chariot comporte plusieurs réservoirs qui peuvent être changés individuellement offrant ainsi une possibilité d’intervention d’une durée illimitée. Comme on peut le voir sur le dessin, l’éclairage est également rendu possible par une lampe qui bénéficie de l’alimentation en air du système.

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Version portative. Remarquez la lampe alimentée elle aussi par un détendeur.

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Photo tirée du livre de jacques Michel Trois inventeurs méconnus. Ed Musée Joseph Vaylet. Merci à eux.

Vous pouvez consulter la description détaillée de l’appareil par les frères Denayrouze hand-cursor

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Illustration d’une intervention en mine.

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Compte rendu d’une application de l’appareil ROUQUAYROL-DENAYROUZE.(1873) dans une mine..hand-cursor

 

L’association des trois hommes fonctionne  à merveille et de nombreux brevets sont déposés. Le système est tout naturellement développé pour les applications sub-aquatiques. Amélioration de la pompe à air comprimé, casque à hublots et vêtements en toile caoutchoutée, cornet acoustique pour communiquer avec la surface complètent l’équipement.

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L’équipement présenté à l’exposition universelle de paris de 1867 provoque l’enthousiasme de Jules Verne qui lui réserve une bonne place dans son roman Vingt mille lieues sous les mers.
Extrait chapitre XVI.
Le capitaine Nemo introduisit sa tête dans la calotte sphérique. Conseil et moi, nous en fîmes autant, non sans avoir entendu le Canadien nous lancer un « bonne chasse » ironique. Le haut de notre vêtement était terminé par un collet de cuivre taraudé, sur lequel se vissait ce casque de métal. Trois trous, protégés par des verres épais, permettaient de voir suivant toutes les directions, rien qu’en tournant la tête à l’intérieur de cette sphère. Dès qu’elle fut en place, les appareils Rouquayrol, placés sur notre dos, commencèrent à fonctionner, et, pour mon compte, je respirai à l’aise.

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Exercice de guerre souterraine du 3e Régiment du Génie à Arras (France, 1876).

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© Jérôme et Laurent Triolet / mondesouterrain.fr

 

Présenté devant les marines française et étrangères, cet équipement rencontre un grand succès.
Cette photo de 1890 illustre une plongée effectuée par la marine russe. L’appareil alimenté par une pompe est dit « à basse pression ».5f23b4817dDenayrouzehttp://bashny.net/t/en/127019

 

Les contraintes technologiques de l’époque firent que  les améliorations se concentrèrent sur l’équipement des « pieds lourds ». Autre preuve de notoriété, Hergé équipera Tintin du casque à crochet Denayrouze modèle 1884 pour aller à la recherche du trésor de Rackham le rouge.

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Il faudra attendre 50 ans pour que le détendeur redevienne d’actualité avec les développements apportés par E.Gagnan.

 

Notons que l’inventivité de ces inventeurs locaux ne se borne pas au détendeur et ses développements puisque Rouquayrol mis au point une méthode d‘exploitation de la houille réduisant fortement les risques d’incendies et que Louis Denayrouze, quand il ne taquinait pas la muse, inventa entre autres, une lampe  alimentée par un dérivé du goudron de houille: le lusol. Cette lampe a rencontré un vif succès dans les endroits pas encore alimentés par le gaz ou l’électricité.

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En 1987, pour les besoins d’un documentaire de la BBC, l’ appareil Rouquayrol Denayrouze  a démontré sa fiabilité  en replongeant dans les eaux du Lot au pied du Vieux Pont d’ Espalion.  (Photo Jean Roux.)

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Ne soyez donc pas surpris si , le long du Lot, en remontant la berge du ravin, vous croisez le capitaine Némo, le regard tourné vers la source du fleuve où fut mis au point son appareil respiratoire.

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Les appareils de sauvetage en milieu vicié  furent remplacés petit à petit par les systèmes Draeger et Fenzy qui recyclent l’air expiré.

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Ayant prouvé leur efficacité,  les appareils respiratoires font partie de l’équipement du sauveteur minier. Voici deux modèles plus récents photographiés au musée de Blye les mines et Brassac les mines.

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Si l’invention du scaphandre autonome est abusivement attribuée à l’homme au bonnet rouge et sa Calypso, l’hommage rendu par la ville d’Espalion, grâce au musée, rétablit la vérité historique.



 

Le Havre. Eglise Saint Joseph

 

Rasé pendant la dernière guerre, le centre-ville a vu sa reconstruction confiée à l’architecte Auguste Perret. Ce dernier a utilisé au maximum les caractéristiques novatrices du béton. Il en résulte un ensemble homogène basé sur des carrés de 6.24mètres, portée maximal d’une poutre en béton. Perret, avec R. Audigier dessine la nouvelle église qui sera terminée en 1959.
Vu de l’extérieur, l’ensemble me parait quelque peu « massif » malgré son impressionnant clocher qui culmine à 110m.

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Une fois la porte franchie, on est surpris par l’originalité de l’édifice avec son chœur placé au centre de la nef. L’espace est dégagé de toute colonne. Le volume fait que l’on est à l’opposé de l’ambiance souvent oppressante qui peut régner dans ce genre de monument.

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D’habitude, je ne suis pas fan du béton, mais ici, il faut bien admettre que l’ensemble est de toute beauté. Pas de fioriture ni de décoration, l’esthétique émane uniquement de la structure.

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Au-dessus du chœur, le regard est littéralement « aspiré » par la flèche octogonale qui domine l’autel. Je vous laisse juge.

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Cette flèche monumentale serait un cierge érigé pour remercier Dieu du retour de la paix.

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L’agencement des vitraux de Marguerite Hédé, aux couleurs du plus sombre au plus clair, renforce l’effet de verticalité.

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Un impressionnant escalier en colimaçon permet d’accéder au sommet, mais il est hélas inaccessible aux touristes.

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Le style géométrique et anguleux peu courant dans les églises est bien mis en valeur par l’éclairage électrique des piliers ainsi que par la forme verticale des vitraux.

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Le Havre by night, le « cierge » éclairé se découpe devant les nuages venus du large.

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Allez, pour finir cet intermède touristique, une petite vue du port de plaisance avec bien sûr, vue sur l’église.

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Bonne rentrée à vous.

Vestiges miniers à Carmaux

 

Un soleil de plomb domine ce paysage tarnais. Il règne un grand calme, la chaleur semble même étouffer les sons, mais ce ne fut pas toujours le cas .

carmaux (12)Cette impressionnante cuvette n’a rien de naturel ! Plus d’un kilomètre de diamètre pour une profondeur de 300 mètres, c’est le résultat de ce qui est encore à ce jour, la plus importante excavation houillère d’Europe.

En 1752, l’exploitation industrielle et souterraine du charbon commence sous l’impulsion du marquis de Solages.
Fin XIXe, la mine emploie plus de 2000 personnes. Des grèves sévères ont lieu. Jean Jaurès est élu député de Carmaux en 1895. La ville devient un symbole du socialisme.
En 1945, les mines sont nationalisées.
A partir des années 1950, la concurrence du pétrole entame une période de déclin irréversible.
En 1980 F. Mitterrand s’engage à soutenir l’activité minière sur le site.
Suite à des mouvements de grève, une tentative d’exploitation à ciel ouvert est lancée pour tenter de sauver la filière. L’aventure de durera qu’une dizaine d’année.
1985 : début de l’exploitation à découvert.
1987 : fermeture du dernier puits.
1997 Fin de l’exploitation du charbon.
La réhabilitation du site se fait non sans mal en transformant celui-ci en un parc familial de loisirs et d’aventure.
Voici un petit aperçu de l’évolution du site.

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Place aux images.
Moi qui suis toujours à la recherche des témoignages de l’ activité des fouisseurs de terrain et qui m’ ébaubis à la vue d’un reste de berline perdue dans la forêt de Fontainebleau, moi qui trouve que la rouille n’est pas dénuée de poésie et pas que grâce  aux possibilités de rimes qu’elle offre, ici, je suis comblé !
Sur les gradins qui flanquent le cratère sont exposés quelques monstres responsables de l’excavation. La taille de ces petites usines ambulantes est on ne peut plus spectaculaire !
Une pelle LIEBHER qui accuse 160 tonnes sur la bascule.carmaux (10)
Ce dumper possède des roues d’un diamètre de deux mètres.carmaux (9)carmaux (11)

 

Cette excavatrice aux chenilles surdimensionnées semble sortie d’un décor de Stars war !
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Elle alimentait un tapis roulant amovible.

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Le paysage ne pouvait pas lutter face à de tels engins et on comprend rapidement qu’une dizaine d’années suffirent à modifier complètement sa physionomie.

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Ces grosses bébêtes sont conçues pour faire des trous, mais en 1985, leurs puissances fut employées à un autre usage :


 

Nous allons voir maintenant que si la force industrielle de ses engins est colossale, la puissance destructive de la bêtise humaine n’a rien à lui envier.
Une fois extrait, le charbon doit être débarrassé de ses impuretés. Au Tronquié, une usine de lavage est installée. Depuis sa fermeture aux alentours de fin 1990 elle est la proie de visiteurs malveillants dont l’acharnement laisse pantois.
carmaux (20)Tout est tagué, cassé, brulé, au grand découragement du propriétaire actuel. Certes, le photographe y trouvera toujours un intérêt puisque cet imposant édifice à la structure ajourée réserve malgré tout des possibilités photogéniques mais quel gâchis !
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Une double rampe d’accès  amenait le charbon aux lavoirs.

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Voici ce qui reste des sanitaires ! Quelle constance dans la destruction.

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Ainsi finit le patrimoine industriel…
Ce site, pollué et dangereux, est à éviter. Heureusement, on peut se consoler à Cagnac les mines. Le musée de la mine, que l’on doit à l’initiative d’anciens mineurs soucieux de conserver un témoignage de ce qui fut la richesse de Carmaux, nous replonge dans les conditions de travail de l’époque.
Par exemple, on peut voir à gauche des piliers hydrauliques, au milieu le convoyeur blindé et à droite la haveuse à tambour.

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Le village fantôme

 

Le département de la manche est renommé entre autres pour ses magnifiques plages de sable.

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Au plaisir des yeux s’ajoute celui de la bouche. Le faible dénivelé des rivages, associé à un marnage des plus important au monde sont favorables à l’ activité conchylicole et à la pêche à pied.

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Quand plusieurs fois par jour le beau temps s’installe, tout est en place pour profiter pleinement de la nature.

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Rien de bien fantomatique dans cette introduction ne manquera pas de noter le lecteur perspicace et pourtant… Baguenaudes a plus d’un tour dans son sac pour essayer de vous titiller la rétine.
Si l’eau peut paraître fraîche, flâner sur le rivage est un grand plaisir visuel aussi la surprise est de taille quand, une fois la dune franchie, on découvre ce spectacle improbable.

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Il ne s’agit pas là d’une ou deux constructions sauvages mais, bien d’un hameau dont  l’histoire est heureusement peu courante.

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Nous sommes à Pirou petite station balnéaire. L’emplacement au bord de la plage est idyllique. Dans les années 90, un promoteur lance le projet d’un lotissement d’environ 80 maisons. L’édification des maisons est faite alors qu’aucun réseau de viabilité n’existe. Pas de voirie ni égouts, encore moins d’eau et électricité. Les maisons sont posées sur le sable sans aucun branchement ! Bien que de nombreuses habitations soient terminées, le permis de construire est finalement refusé. Privé du soutien des banques, le promoteur fait faillite entraînant celles de nombreuses entreprises ayant participé aux constructions. Les propriétaires des maisons se retrouvent le bec dans l’eau salée. Les entrepreneurs sont venus récupérer ce qui pouvait l’être, imités par des « indélicats ». Le village, construit en béton cellulaire, s’est rapidement retrouvé à l’état de ruine malgré la surveillance de la gendarmerie chargée d’éviter le pillage;
Depuis, la mairie a racheté les parcelles mais, réhabiliter le site n’est pas une mince affaire et la situation perdure.
En attendant, le site est devenu un lieu de promenade où les graffeurs s’en donnent à cœur joie et j’avoue que contrairement aux carrières souterraines, ces manifestations rupestres ici s’accordent bien avec les lieux.
Finalement, cet ensemble complètement déstructuré et livré aux expressions artistiques non codifiées possède une allure homogène qui contribue à l’extravagance de cet endroit improbable au milieu des dunes.

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Ce village concentre une bonne partie de tout ce que je déteste habituellement: béton cellulaire au milieu de la nature, tags à tout va, déblais et pourtant, cette concentration bien circonscrite balayée par le vent du large possède une ambiance très particulière qui ne manque pas de poésie.
Soumis aux attaques des intempéries et aux plans de réhabilitation, le site est naturellement destiné à disparaître dans un avenir proche. Le Village Fantôme ainsi baptisé par les Pirouais ne sera plus qu’un souvenir illustré par quelques photos.

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La vue aérienne montre l’étendue du site. Le grand bâtiment gris en bas à gauche était un hôtel avec piscine hexagonale.

 

L’église baroque d’Asfeld

 

Nous avons déjà admiré les architectures austères d’églises romanes, été fort surpris par l’église de Crusnes toute de fer vêtue, ici, c’est la brique qui habille ce lieu du culte. Ériger le tout en briques, pourquoi ce choix ? Volonté d’économie ou rapidité d’exécution ? Je ne sais pas, mais l’aspect est spectaculaire et inattendu.
Mais la caractéristique la plus étonnante de cette église vient de sa forme où la croix, modèle habituel, a été abandonné. La ligne droite n’existe pas et pour cause, le plan de cette église serait tracé sur la forme d’une viole de Gambe, ancêtre du violoncelle, instrument fort prisé par la musique baroque.Le style baroque est né en Italie à la fin du XVIe siècle. En réponse à la réforme protestante, l’église catholique décide que l’art doit être une vitrine de la religion. L’architecture se doit alors d’impressionner par sa magnificence.
Il se dit que le terme baroque vient du portugais barroco qui désigne une perle naturelle dont les protubérances affectent la perfection. D’autres étymologies sont proposées, quoi qu’il en soit, le style baroque est souvent employé péjorativement pour désigner une opulence de détails et de surcharges décoratives.Point n’est le cas avec cette église unique située à Asfeld. Si les protubérances sont effectivement nombreuses, les courbes et volumes forment un ensemble équilibré fort surprenant.
On doit cet édifice érigé de 1681 à 1683 à Jean Jacques de Mesmes Comte d’Avaux. Il a fait appel à deux architectes : Fleury et surtout le Frère François Romain à qui on doit également le Pont Royal à Paris.
Comme d’habitude, vous pouvez vous référer à Wikipédia ( bible des sources ) pour en savoir un peu plus.

 

Place aux images. Avouez que cette église  pourvue de vieilles lucarnes et nombreuses briques n’est pas banale !

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Une vue aérienne montre bien la forme curviligne de l’édifice qui en fait un exemplaire unique en France.

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On a beau faire le tour, aucune perspective rectiligne n’est visible.

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Comme bien souvent dans l’architecture baroque, l’entrée est précédée d’un péristyle. Celui-ci est chapeauté d’une coupole oblongue soutenue par des colonnes. Ces dernières, à l’instar des colonnes grecques, sont galbées et façonnées de briques au profil convexe.

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L’intérieur de la rotonde qui domine le chœur circulaire est parcouru d’un couloir aérien muni de colonnes éclairées à contre-jour par des persiennes en demi-lune.

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Les fresques ont été rénovées en 2008 et 2009 et l’ensemble dégage une sobriété bien mise en valeur par la profusion de lumières distillées par les nombreux vitraux.

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Ce ne fut pas toujours le cas comme le montre cette ancienne carte postale !

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On termine la visite de ce surprenant édifice en regardant ce panneau sculpté où le Christ se trouve dans un cartouche reproduisant le plan de l’église.

PlanAh oui, j’oubliais, tous les deux ans , un festival de viole de gambe se déroule à Asfeld. Pas vraiment une gambille où les filles frétillent des gambettes mais plutôt des récitals de musique baroque bien entendu.


 

Clochers rouergats

 

De clochers en clochers, continuons notre périple autour d’Espalion.
Cloches et clochers n’ont pas toujours été associés. En effet, les cloches employées pour convoquer les fidèles dès le VIIIe étaient trop petites pour justifier l’édification d’une tour importante.

Néanmoins, des tours de grande taille furent érigées au dessus de la porte des églises bien avant la fonte des grosses cloches. ( Celles-ci firent leur apparition à partir du XIIe. ) On peut penser que ces tours servaient de signe de ralliement et de repère. L’orgueil aidant, les villages se mirent à jouer à savoir qui aura la plus grosse.
( Érection architecturale en guise de démonstration de puissance.)

A cela , il faut ajouter que les invasions barbares à cette époque s’en donnaient à cœur joie. Du coup, les églises se sont protégées en érigeant des tours accolées à la nef qui permettaient de distinguer si l’herbe qui verdoie n’était pas foulée par des socques mal intentionnées. ( Nous visiterons peut être quelques églises fortifiées plus tard. )
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C’est ainsi qu’au fil du temps, le savoir-faire des fondeurs augmentant, ces tours ont tout naturellement accueilli des cloches de plus en plus imposantes.
Pour résumer, je dirais donc que chronologiquement, le clocher a précédé la cloche.

Bien, revenons à nos moutons qui sont, je le rappelle, les contrepoids situés au-dessus de la cloche.
Voici une vue du mouton surmontant une des cloches de l’église de Lassouts.
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Article détaillé sur ces cloches

 

Cette église n’a conservé de sa période romane qu’un tympan et nous ne restons pas sourds à l’appel de sa beauté.
Clochers aveyron (7)Dans le haut du clocher, une belle pièce d’horlogerie nous attend, mais pas de précipitations, tout se mérite.

Petit encart culturohistoricobarbant:

Les cloches sonnaient pour appeler les fidèles à la prière.
• matines
• prime (lever du soleil)
• tierce
• sexte (6ième heure, c’est-à-dire midi)
• none
• vêpres (coucher du soleil),
• complies
• vigile
C’est tout naturellement que l’organisation sociale du temps s’est calquée sur cette découpe temporelle.
Probablement au cours du XIIe les premières horloges en partie mécaniques font leur apparition. Mues généralement par l’eau, (clepsydre) elles actionnaient une petite cloche et prévenaient ainsi frère Jacques qu’ il est temps d’aller sonner les mâtines .
Accrochez vous maintenant .
Au moyen âge, le temps est divisé en 12 pour la journée de lumière et en 12 pour la nuit. Donc, en fonction des saisons les 12ème n’avaient pas la même durée. (Heures Temporelles).
Cela ne posait pas de problème jusqu’à l’apparition des horloges entièrement mécaniques .
Parallèlement le XVe, voit la généralisation des cadrans solaires qui permettent de se caler sur le midi.

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A la longue, on devient raisonnable, pour éviter les difficiles réglages jour/nuit , le temps entre deux midis solaires fut divisé en 24 heures égales. Plus fastoche pour les horlogers.
Pas de bol, les horloges deviennent de plus en plus précises, or, la durée entre les deux midis varie de +/- 15 minutes suivant les saisons. (Faute à la terre qui , on le sait bien , ne tourne pas rond ).
Qu’à cela ne tienne, au XVIIIe on finit par adapter un Temps Solaire Moyen. Ouf ! Dirent les horlogers.
Oui mais le train fait son apparition. Et alors ? Et bien jusque là, les horloges étaient calées sur le midi du cadran solaire. Il existait donc un décalage d’environ une heure entre Brest et Strasbourg. Qui dit train, dit l’affichage d’horaires. Reprise de tête!
Les compagnies ferroviaires affichaient les horaires en fonction de l’heure locale du siège de la compagnie et qui était donc différente de l’heure locale des gares. Certaines horloges affichaient les deux heures.Vous suivez ? Bon, je continue.
Assez ri ! En 1891, l’heure de Paris devient la référence nationale pour mettre tout le monde d’accord.
C’est fini ? Non ! En 1911, la France s’aligne sur le méridien international de Greenwich.
Dernier épisode, 1917-1945 instauration de l’heure d’été/hiver reprise en 1976 histoire de compliquer ce qui avait été simplifié.
C’est bon? Je vous ai assez fait perdre de votre temps.

 

Tout ça pour dire que dans le clocher de l’église de Lassouts, j’ai la chance de découvrir dans une sorte de guérite une magnifique horloge dite d’édifice.
On doit cette belle pièce aux établissements Pager et Cie. Espérons qu’elle ne subira pas des affres du temps après l’avoir tant égrené.horloge Pages
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Le décor floral  typique des Ets. Pagès sur le balancier. (PF = Pagès Francis).
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Complètement abandonné dans un coin des combles se trouve ce restant de mécanisme d’horloge à cage, à moins qu’il ne s’agisse d’un piège à souris très sophistiqué !

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Autre lieu, autre découverte. Le clocher de Sébrazac possède lui aussi une belle horloge reléguée dans la soupente.
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Je n’ai  pas trouvé trace de l’horloger Belmon mais Tchorky, en bon fouineur compétant, a déniché Belmon Antoine, horloger à Laguiole.

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Au passage, jetons un œil sur une des quatre cloches de l’église. Celle-ci fit fondue par les établissements Triadou à Rodez.
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Bouclons ce parcours qui ne s’est pas déroulé à cloche-pied avec un retour à Coubisou où nous retrouvons notre belle horloge. Je pense qu’il s’agit d’un système à cage datant à peu près de la fin 18e.

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J’ai toujours un peu de mal à finir mes articles, aussi, comme y’a pas le feu au lac, vous avez droit à un court extrait:
Ô temps ! Suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
Et toc !
Sans aucune vergogne, j’ai tout pompé sur ces 3 sites où vous pourrez étancher votre soif de savoir:
Horloge d’édifice
Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Clocher
Tchorski
A bientôt pour d’autres découvertes.