Source de la poix

La renommée de cette curiosité géologique était grande dans le passé, A partir de la fin du 19 ème siècle cette source  est tombée dans l’oubli jusqu’à disparaitre des cartes. Pourtant ce  site est unique en Europe et fut visitée par de nombreux naturalistes. Petit à petit il est devenu un dépotoir sauvage, heureusement une prise de conscience récente a permis un aménagement des lieux.Son emplacement est tout proche de l’aérodrome de Clermont-Ferrand, coincé entre celui-ci et l’autoroute.

 

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Ne vous attendez pas à  découvrir quelque chose de spectaculaire et d’un esthétisme renversant . En effet le ruisseau de poix ne fait qu’une vingtaine de mètres  de long avant de disparaitre sous un chemin et évoque certaines pollutions de nos côtes. Cependant, la rareté de ce phénomène naturel mérite notre attention.

 

Mais qu’est donc cette poix ? C’est du bitume. La plaine de Limagne,  il y a quelques années (27 millions) était un grand lac dont les rives étaient habitées de nombreux animaux et plantes diverses. Au fil du temps, les dépôts organiques résultant de cette fréquentation  ont été emprisonnés  par les dépôts calcaires. Privées d’oxygène, les bactéries n’ont pu consumer complètement ces masses organiques qui sont ainsi devenu une bouillie épaisse et gluante.

 

Cette bouillie, plus légère que l’eau, remonte lentement en empruntant les fissures du calcaire.Dans la banlieue de Clermont-Ferrand, une cheminée volcanique formant mèche favorise cette remontée. Le bitume affleure par une cavité d’1 mètre de diamètre et profonde de  40 cm. Son débit d’un litre journalier alimente ce petit ruisseau d’une vingtaine de mètres de long.  En même temps, suinte une eau  fortement salée.  Les réactions chimiques avec les bactéries forment une croute blanchâtre soufrée qui dégage une odeur nauséabonde.

 

Des bulles de méthane viennent crever en surface.

 

Avec la chaleur estivale, le bitume devient visqueux et extrêmement collant. Oiseaux et autres animaux finissent leur existence dans ce piège mortel. Essayer de décoller une branche engluée demande un réel effort tant le bitume est  poisseux.

 

Ce site  géologique est donc un peu beurk pour ne pas dire pouah, mais vaut vraiment le coup que l’on s’y penche. (Enfin, pas de trop près !). Il constitue un bon motif pour faire une halte car situé à la sortie 16 de l’A71.

 

La poix a été utilisée très tôt par les hommes. Colle pour réparer les poteries, embaumement des momies, marquage des brebis, calfatage des bateaux sans oublier quelques potions magiques censées guérir quelques maux, les exemples ne manquent pas et cela depuis la plus haute antiquité. Le bitume servit de ciment l’élaboration de la tour de Babel, d’ailleurs, béton vient du latin bitumen.Sur le site on peut voir une grosse pierre de granit couchée. Il s’agit d’un menhir renversé. Les ancêtres ont ils voulu marquer à leur manière ce gisement particulier ? Qui sait..?

 

Pour pallier à la demande croissante, le bitume d’origine naturelle est maintenant remplacé par du bitume obtenu par distillation du pétrole.Pour s’y retrouver :

Asphalte: Bitume prisonnier de sables ou de roche calcaire. Réduit en poudre il est souvent utilisé pour son pouvoir d’étanchéité.

Goudron : Poix obtenue à partir de la distillation de résineux (principalement de pin)

Enrobé : Gravillons et sable liés par  du bitume. C’est le revêtement des routes.

Macadam: Pierres concassées et liées par de la glaise et du sable. Aucun liant de bitume.

 

A bientôt pour de nouvelles observations.

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